Victime de propos racistes: Kalidou soutenu par la planète foot




 
Victime de cris racistes pendant Inter-Naples, Kalidou Koulibaly voit l'Italie et le monde du football se ranger à ses côtés.
 
 
Mercredi soir, au stade San Siro, l’Inter Milan a battu Naples. Une soirée cauchemardesque pour le défenseur franco-sénégalais Kalidou Koulibaly, pas uniquement en raison du score final. Exclu à la 85e minute, le joueur a été la cible de cris de singe et d’insultes racistes par des supporteurs de l'équipe adverse. 
 
Koulibaly : «je suis fier de ma peau noire»
 
Sorti après avoir applaudi ironiquement l’arbitre pour son inaction, le joueur s'est dit «fier de la couleur de sa peau». Dès le coup de sifflet final, son coach Carlo Ancelotti se scandalisait de voir que les autorités avaient laissé la rencontre aller à son terme dans ces circonstances. «Nous avons demandé à trois reprises au superviseur fédéral de suspendre le match. Koulibaly est devenu nerveux. C’est normal, il est généralement poli et professionnel. Ils ont fait trois annonces à San Siro, mais rien de plus n’a été fait. Nous voulons justesavoir quand ce sera réglé. La prochaine fois, nous quitterons le terrain et à la limite nous perdrons la partie. Ce n’est pas une excuse, ce n’est pas que le Napoli, mais tout le football italien», a-t-il regretté en conférence de presse d’après-match. Le défenseur sénégalais de Naples Kalidou Koulibaly s'est dit fier de la couleur de sa peau. «Déçu de la défaite et surtout d'avoir abandonné mes frères. Mais je suis fier de la couleur de ma peau. D'être Français, Sénégalais, Napolitain. D'être un homme», a tweeté Koulibaly. 
 
 
Sadio Mané : «je suis meurtri et consterné»
 
 Hier jeudi, les réactions se sont multipliées pour défendre le roc sénégalais. À commencer par ses partenaires en équipe nationale. «Frère, Je suis amer pour ne pas dire meurtri et consterné par ce que tu as vécu. Mais, je te connais suffisamment pour t’avoir pratiqué pendant des années. Ces actes abominables ne vont nullement t’atteindre. Par rapport à notre race, nous en sommes fiers. Et, au-delà, nous allons continuer à la défendre comme nous défendrons les couleurs de notre Patrie. Tu as rappelé à la face du monde que l’identité ne se compartimente pas», écrit Sadio Mané sur Twitter. Ismaïla Sarr, qui le côtoie en sélection du Sénégal, lui a assuré son soutien. «Soutien total à mon frère et coéquipier en équipe nationale Kalidou Koulibaly».
 
 
La Fsf dénonce et condamne ces actes
 
 
Demba Ba a servi un verset du Coran : «Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez», Moussa Sow de lui emboiter le pas : «nous sommes ensemble mon frère». La Fédération sénégalaise de football s’est dit choquée, condamne avec la grande fermeté ces actes et attend de la part de son homologue italienne des mesures appropriées pour bannir de tels actes. Khalilou Fadiga a écrit : «les chiens aboient Et Koulibaly passe !» Mamadou Niang, les rappeurs Dip Doundou Guiss, Nit Doff, et les joueurs Kara Mbodj et Mohamed Salah ont aussi tous manifesté leurs soutiens. 
 
 
Cristiano Ronaldo : «non au racisme et à toute forme de discrimination»
 
En outre, ses partenaires de club dont Faouzi Ghoulam est monté au créneau. «Cela fait mal d’entendre des chants racistes envers mon frère, le reste n’est que secondaire. Il ne reste seulement que de la tristesse», a tweeté Ghoulam. Plus largement, la Serie A s’émeut de ce nouvel incident regrettable. Cristiano Ronaldo, photo d’un duel avec l’ancien Messin à l’appui, a également pris fait et cause pour le défenseur central via un post Instagram. «Dans le monde et dans le football, il faut de l’éducation et du respect. Non au racisme et à toute discrimination», a-t-il publié sur ses réseaux.
 
 
Prince Boateng, Batshuayi, Tommasi indignés aussi
 
 
La star de Sassuolo Kevin-Prince Boateng, elle aussi victime de comportements similaires lors de son passage à l’AC Milan, n’a pas manqué de rendre hommage au Napolitain. «Je suis, vous êtes, nous sommes tous Kalidou Koulibaly», a-t-il lancé sur Twitter, reprenant à son compte la déclaration d’après-match de l’intéressé sur Twitter : «Je suis fier de la couleur de ma peau. Je suis fier d’être Français, Sénégalais, Napolitain : d’être un homme». «C’est du racisme et c’est un problème qui ne concerne pas que le football, mais qui, dans les stades, prend un écho encore plus grand. Des comportements de ce type ne sont pas tolérables et les mécanismes qui se développent sont préoccupants. Si nous voulons améliorer la situation, nous ne pouvons plus tolérer ce qui s’est passé hier», a pour sa part confié Damiano Tommasi, ancien joueur de l’AS Roma et de la Squadra Azzurra désormais président de l’association des footballeurs italiens au micro de TG24.
 
 
Icardi : «je suis déçu de ce qui est arrivé à San Siro»
 
Même son de cloche pour l’ancien de l’OM Michy Batshuayi : «#blackandproud» en légende d’une photo du Napolitain. Le Belge a été suivi quelques instants plus tard par le buteur de l’OGC Nice Mario Balotelli, souvent ciblé par les chants racistes par le passé lui aussi : «#saynotoracism #jesuisavectoimonfrère». Idem pour Blaise Matuidi, milieu de terrain de l’équipe de France et la Juventus Turin : «peace and love. Fier de nos couleurs». Kwadwo Asamoah, international ghanéen de l’Inter Milan, a lui aussi envoyé un message de paix, d’amour et d’ouverture : «aimons-nous les uns les autres, blancs ou noirs #notoracism». Message semblable de la part du capitaine nerazzurro Mauro Icardi : «je suis déçu de ce qui est arrivé hier à San Siro. Disons stop au racisme et à la discrimination».
 
 
Le maire de Milan demande pardon à Koulibaly
 
L’affaire prend même déjà un tournant politique. Le maire de Milan Beppe Sala a lui défendu le défenseur sénégalais sur sa page Facebook. «J’ai honte. Je demande à l’Inter de s’excuser. Je continuerai à aller à San Siro, mais, aux prochains cris de singe, je quitterai le stade. J’espère qu’à Empoli, l’Inter donnera le brassard de capitaine à Asamoah. En attendant, je demande pardon à Kalidou Koulibaly, en mon nom et en celui du Milan sain, qui veut témoigner du fait que l'on peut se sentir frères même dans les temps difficiles dans lesquels nous vivons», a-t-il lancé, comme un message symbolique fort. Le maire de Naples Luigi de Magistris a lui profité de ce triste événement pour tacler le gouvernement en place. «Le match Inter-Naples n’aurait-il pas pu être interrompu dans un pays qui vit toujours plus du racisme d’État et qui compte, dans son gouvernement, un ministre de l’Intérieur, garant de la sécurité dans les stades, mais qui chantait il y a quelques années des chants racistes contre les Napolitains ?», a-t-il posté. 
Et si l’affaire Kalidou Koulibaly sonnait enfin le réveil des consciences en Serie A et plus largement dans le monde du football ?
 

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