VOULANT UN TOIT POUR SES 6 ENFANTS, ELLE SE RETROUVE EN PRISON: L’histoire pathétique de Fatimata Ndiaye, vendeuse de poissons, mère de 6 enfants, qui a ému le juge, le procureur et toute l’assistance



 
 
Des bailleurs lui refusant la location d'une chambre, Fatimata Ndiaye, qui ne savait plus à quel saint se vouer, avait entamé des constructions sur une parcelle. En bravant ainsi l'interdit de l'autorité, elle a été condamnée hier à payer une amende de 100.000 F Cfa par le juge des flagrants délits de Dakar pour défaut d’autorisation de construire et violation de sommation de ne pas construire.
 
 
 
À cause de sa famille «nombreuse», Fatimata Ndiaye ne savait plus où donner la tête. Vendeuse de poisson de son état, cette bonne dame s'est vu refuser la location d'une chambre par des bailleurs à cause de ses 6 enfants. Sur ce, elle a outrepassé l'interdiction de la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (Dscos), en érigeant des constructions sur une parcelle. Ce qui lui a valu hier sa comparution devant le juge des flagrants délits de Dakar pour défaut d’autorisation de construire et violation de sommation. Mais, lorsqu'elle a été invitée à s'expliquer sur ce qu'elle a fait, cette mère de famille a plongé le public dans l'émoi total à cause de la situation précaire dans laquelle elle se trouve avec sa progéniture. «Je n’avais plus où habiter. J’ai été expulsée parce j’avais des arriérés de loyer. Je voulais louer une chambre. Mais aucun bailleur n’a voulu me donner sa chambre avec mes six enfants. À chaque fois que je leur dis que j’ai six enfants, ils se désistent. C'est pour cela que j'ai bravé l’interdit de l'autorité pour bâtir un toit pour mes enfants», a-t-elle raconté.
Le procureur a expliqué à la mère de famille qu'il était sensible à ce qui lui arrivait mais, il a requis l’application de la loi contre elle.  «C’est moi qui t’ai placée sous mandat de dépôt parce que je n’avais pas le choix. Tu as défié l’autorité et il fallait que la loi soit appliquée. Quand tu m’as expliqué ta situation, j’avais de la peine pour toi. Même quand je suis rentré chez moi, je ne cessais de penser à toi», a-t-il confié.
Avocat de la prévenue, Me Bamar Faye a évoqué l'état de «nécessité» de sa cliente. «Elle n'a pas poursuivi les travaux pour défier l’autorité, mais elle était dans le besoin. Depuis la période de la pandémie, elle n’a plus aucune nouvelle de son mari. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle est restée des mois sans payer le loyer», a relevé la robe noire qui a sollicité la clémence du tribunal pour elle. Au final, Fatimata Ndiaye a été reconnue coupable mais dispensée de peine de prison. Toutefois, elle est condamnée à payer une amende de 100.000 F Cfa.
 
Fatou D. DIONE
 
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