Quand un Président et sa mouvance ne veulent pas lâcher du lest et font face à une opposition décidée à en découdre à mort avec eux, on ne peut que s’inquiéter pour le pays. Une inquiétude qui va habiter aujourd’hui les Sénégalais, avec les risques d’affrontements et de violences entre les détracteurs de la loi sur le parrainage.
C’est ce matin que le projet de loi n°13/2018, portant révision de la constitution et institution du parrainage, va être voté à l’Assemblée nationale. Et tout le pays va se réveiller aujourd’hui en retenant le souffle. Et pour cause, il y a une menace et un danger réels qui planent sur l’ordre public et la quiétude du pays. En effet, si aucune des deux parties, qui ont engagé un bras de fer verbal depuis un bon moment, ne renonce au bras de fer physique prévu ce jour, il y a fort à craindre pour le pays.
Initiateur du projet de loi très contesté, le régime n’entend pas céder d’un iota. Sourd aux critiques acerbes et aux menaces de l’opposition, le chef de l’Etat, qui a le dernier mot, ne veut même pas entendre les voix des religieux qui l’appellent au dialogue et à sursoir au vote de la loi. Le dernier appel en date et celui lancé hier par l’Archevêque de Dakar, suite à une visite d’organisations de la société civile qui tentent depuis plusieurs jours de ramener les deux parties à la raison et au consensus, afin d’éviter au pays des affrontements, comme ceux connus le 23 juin 2011, quand Wade s’est entêté à vouloir faire voter le projet de loi portant quart bloquant et ticket président/vice-président. Cette volonté de Macky Sall de faire voter sa loi à tout prix est confortée par ses partisans, notamment les députés de la majorité présidentielle.
Le Préfet interdit la manifestation, l’opposition entend aller jusqu’au bout
Autant le pouvoir tient à faire passer la loi, autant l’opposition compte faire barrage à son vote par les députés. En effet, ayant fini d’avaler plusieurs couleuvres et coups tordus du régime, les opposants savent que laisser passer cette loi, qu’ils qualifient de forfaiture, serait plus qu’un signe de faiblesse et un feu vert donné à Macky et Cie pour continuer à faire ce que bon leur semble de la constitution et du processus électoral, dans le but de faciliter sa réélection en 2019. Dès lors, on voit mal Mamadou Diop Decroix et Cie renoncer à la manifestation de ce jour, à laquelle l’opposition se prépare depuis que le projet de loi a été annoncé. Et pour ne rien arranger, le préfet de Dakar, pour des motifs de risques de troubles à l’ordre public et en rapport avec l’arrêté Ousmane Ngom, a arrêté une interdiction qui ne fait ni chaud, ni froid aux concernés, prêts à en découdre.
Dès lors, on peut dire sans se tromper que ça va chauffer aujourd’hui en ville. Car les forces de l’ordre qui ne laisseront pas faire sont en alerte maximum. Déjà, l’Assemblée nationale est un véritable bunker, avec la présence massive de forces de l’ordre.
Mbaye THIANDOUM