Le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp) sonne une nouvelle fois l’alerte. Dans un communiqué publié hier, l’organisation dirigée par le parlementaire Guy Marius Sagna dénonce avec vigueur les récents cas de violences policières qui ont coûté la vie à plusieurs jeunes Sénégalais. Dernier nom ajouté à cette liste tragique : Talla Keita, 18 ans, mort à Rosso après une altercation avec deux agents des forces de l’ordre. Selon le certificat de genre de mort établi par un médecin, le jeune homme aurait succombé à de graves violences physiques.
À cette mort brutale s’ajoute la disparition non élucidée de deux jeunes de Cambérène, dans des circonstances jugées suspectes par les proches et les observateurs. Le Frapp exige l’ouverture immédiate d’enquêtes judiciaires pour faire toute la lumière sur ces faits qu’il qualifie de « graves » et « révélateurs d’un système violent profondément enraciné ».
Dans son communiqué, le Frapp ne se contente pas de dénoncer des faits récents. Il dresse une longue liste de victimes passées, de Mamadou Diop à Pape Sarr, en passant par Bassirou Faye, Dominique Lopy ou encore Cheikh Niass. Pour l’organisation, ces cas ne sont pas des bavures isolées, mais bien l’expression récurrente d’un « ordre policier colonial » maintenu intact malgré les alternances politiques.
« Beaucoup pensaient que ces pratiques disparaîtraient avec les changements de régime. Il n’en est rien. La brutalité reste la norme dans certains corps policiers, l’impunité aussi », déplore le Frapp. L'organisation accuse ainsi l’État de ne pas rompre avec les structures répressives héritées de la colonisation, perpétuant un modèle sécuritaire qui cible particulièrement les quartiers populaires.
Le Frapp rappelle qu’il a cofondé en 2021, avec des familles de victimes, le collectif pour la justice et contre les violences policières. Malgré plusieurs manifestations organisées pour alerter l’opinion publique, les réponses institutionnelles restent insuffisantes. Pire encore, certaines mobilisations ont été interdites ou violemment réprimées. Une situation jugée intolérable par les membres du mouvement.
Dans ce contexte, le Frapp formule deux principales revendications : l’ouverture immédiate d’informations judiciaires contre les agents impliqués dans les récentes morts suspectes et une réforme en profondeur des doctrines de maintien de l’ordre. Le mouvement appelle le ministre de l’Intérieur à rompre de manière claire avec « l’ordre policier colonial » et à mettre en place une police républicaine, véritablement au service des citoyens. « Les forces de sécurité doivent protéger la population, non la terroriser », affirme le communiqué, en exprimant sa solidarité avec les familles endeuillées. Le Frapp pointe également du doigt la responsabilité des autorités politiques et judiciaires qui, en fermant les yeux ou en refusant de sanctionner les auteurs de violences, contribuent à entretenir ce cycle meurtrier.
Dans un pays où les jeunes paient souvent le prix fort de l’usage disproportionné de la force publique, la mobilisation pour la justice et contre l’impunité reste plus que jamais d’actualité. Le Frapp promet de continuer le combat, aux côtés des familles et des citoyens qui réclament une sécurité respectueuse des droits humains.
BMS