Face à l’impasse qui paralyse les universités publiques sénégalaises, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) hausse le ton. Dans un communiqué au vitriol, le syndicat alerte sur l’effondrement progressif du système, dénonce dix années d’accumulation de problèmes et appelle l’État à un dialogue réel avant que la crise ne devienne irréversible.
Le Saes n’a pas mâché ses mots. Dans un communiqué d’une rare fermeté, le syndicat met en garde contre la dégradation inquiétante du fonctionnement des universités publiques, minées par une décennie de perturbations. Pandémie, crises socio-politiques, fermetures répétées, autant de secousses qui, selon les enseignants-chercheurs, ont laissé le sous-secteur exsangue.
À cela s’ajoutent des maux structurels que le Saes ne cesse de dénoncer le déficit chronique d’infrastructures pédagogiques et sociales, saturation des campus, et surtout l’orientation massive de bacheliers «au-delà des quotas fixés par les instances académiques», sans aucune mesure d’accompagnement. Pour le syndicat, ces choix improvisés ont ouvert la voie à un chaos devenu difficile à contenir.
L’année académique 2024-2025 accuse un retard alarmant, tandis que les nouveaux bacheliers de 2025 n’ont toujours pas commencé leurs enseignements. Une situation que le Saes juge «intenable» et révélatrice d’un système à bout de souffle. Le syndicat pointe également du doigt la non-application des mesures promises à l’issue du séminaire sur la stabilisation du calendrier académique, tenu en juin 2024. À cela s’ajoute l’absence totale d’évaluation de la réforme LMD, pourtant indispensable pour corriger ses dérives actuelles. «Ce défaut de suivi contribue largement à l’instabilité chronique que traverse l’enseignement supérieur», déplore le Saes.
Tout en appelant les étudiants «au calme et à l’apaisement», le syndicat invite les forces de l’ordre à faire preuve de retenue, dénonçant tout usage disproportionné de la force sur les campus. Il demande à l’État de garantir les libertés académiques, conformément à la loi 94-79 du 7 novembre 1994, et d’assurer la sécurité de tous les acteurs universitaires.
En réaffirmant sa disponibilité à participer aux solutions, le syndicat laisse cependant entendre qu’il est temps que l’État prenne ses responsabilités. Car, prévient-il, sans un sursaut immédiat, l’université sénégalaise risque d’atteindre un point de rupture.
Baye Modou SARR