À travers une déclaration solennelle signée par plusieurs formations et personnalités indépendantes, un collectif de partis et de mouvements citoyens vient de lancer une initiative en vue de bâtir une force politique distincte, rompant avec les pratiques du passé comme avec les déceptions du présent. Leur ambition : créer un Parti de Grand Rassemblement, progressiste, éthique et citoyen, capable d’offrir au pays une gouvernance alternative.
Dix-huit mois après l’élection présidentielle de mars 2024, la troisième alternance politique du Sénégal peine à convaincre. Les promesses d’un nouveau souffle démocratique et social se sont heurtées à une réalité marquée par la crise, les fragilités institutionnelles et une démobilisation citoyenne perceptible. C’est dans ce contexte qu’un regroupement inédit de forces politiques et sociales a décidé de mettre sur pied une initiative destinée à « tracer une nouvelle perspective politique et citoyenne ».
La déclaration d’intention rendue publique à Dakar le 20 septembre 2025 et signée par la Ld Debout, le Parti pour l’action citoyenne (Pac), l’Alliance démocratique Pencoo, Galaxie Communautaire, le Parti pour l’équité et la justice sociale, ainsi que plusieurs personnalités indépendantes, pose les jalons d’une rupture assumée. Les initiateurs entendent s’affranchir non seulement des pratiques de gouvernement qui ont marqué les deux premières alternances, mais aussi des errements qu’ils attribuent à l’actuelle équipe au pouvoir.
Un projet qui s’inspire des assises nationales
Le texte insiste sur la volonté de bâtir une force « crédible et distincte », refusant aussi bien le culte de la personnalité que le système patrimonial qui, selon eux, a miné la démocratie sénégalaise. Dans la lignée des Assises nationales et des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri), les signataires affirment vouloir remettre au centre du jeu politique la compétition démocratique, l’unité et la primauté de l’intérêt général.
Concrètement, selon le texte, le futur Parti de Grand Rassemblement reposerait sur quatre piliers. Il s’agit d’abord de la démocratie et la participation citoyenne ; ensuite de l’éthique et le patriotisme ; ensuite de la justice sociale et la solidarité et enfin le respect des droits et libertés fondamentaux.
Un appel à l’unité et à l’ouverture
Se présentant comme une initiative progressiste et citoyenne, les promoteurs de ce mouvement en gestation tendent la main à toutes les sensibilités prêtes à œuvrer pour une gouvernance « autrement et mieux ». « Nous appelons les forces progressistes et patriotiques, les citoyens de tous horizons, engagés ou non, à rejoindre cette dynamique pour construire ensemble une alternative durable », lit-on dans la déclaration.
Au-delà de l’horizon électoral, c’est un message de mobilisation qui est lancé : il s’agit de créer une véritable dynamique populaire, susceptible de contrebalancer la démobilisation politique et de réenchanter le rapport entre citoyens et institutions.
Dialogue national et regard international
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Les signataires n’oublient pas de s’adresser directement au pouvoir en place. Ils rappellent que le Sénégal ne pourra sortir de la crise actuelle que par « le dialogue et la concertation avec les forces vives de la Nation ». Le texte s’élargit aussi à l’actualité internationale : il dénonce les massacres de civils à Gaza et exhorte la communauté internationale à agir pour une paix « juste et durable ».
La déclaration d’intention ne trace pas encore les contours précis de l’organisation future ni les modalités de sa structuration, mais elle ouvre la voie à un processus qui pourrait, à terme, recomposer une partie du paysage politique sénégalais. Reste à voir si cette initiative saura transformer l’appel à l’unité et aux valeurs citoyennes en une véritable force électorale et programmatique, capable de s’imposer dans un champ politique fragmenté et dominé par des logiques d’alliances circonstancielles.
Sidy Djimby NDAO