UNE IMPORTANTE QUANTITÉ DE VIANDE DE CHEVAL AINSI QUE DEUX TÊTES RETROUVÉES DANS LEUR CONGÉLATEUR



 
L'éleveur et le boucher confient au juge que c’était destiné aux animaux du parc de Bandia
 
 
 
Les explications de l'éleveur Cheikh Ahmadou Tidiane Ndiaye et du boucher Pape Amadou Niang n’y ont rien fait. Pris en train de dépecer un cheval ainsi qu'une autre quantité de ladite viande qui a été trouvée dans leur congélateur, ils ont dit au juge que c’était destiné aux animaux du parc de Bandia. Malheureusement pour eux, le juge ne les a pas crus. Ils ont été condamnés, vendredi dernier, par le tribunal des flagrants délits de Dakar, à 2 mois de prison assortis du sursis et une amende de 100.000 F Cfa chacun.
 
 
L'éleveur Cheikh Amadou Tidiane Ndiaye et le boucher Pape Amadou Niang, surpris à Yarakh par les gendarmes en train de dépecer un cheval mort, ont atterri, vendredi dernier 14 août, devant le juge des flagrants délits de Dakar, pour des faits d'abattage clandestin et de fraude sur la marchandise. Les éléments enquêteurs ont été informés que les deux individus s'affairaient autour de cette bête morte qu'ils dépeçaient. Après une fouille rondement menée, une très grande quantité de viande de cheval ainsi que 2 autres têtes de chevaux ont été retrouvés dans le réfrigérateur de Cheikh Ahmadou Tidiane Ndiaye. Lui et le boucher Niang ont été alors arrêtés et inculpés. Mais à la barre, ils ont nié ces faits qui leur sont reprochés. Résidant à Darou Salam, marié et père de 4 enfants, Cheikh Amadou Tidiane Ndiaye a soutenu : «c'est dans ma ferme à Yarakh qu'on m'a interpellé. J'y élève des vaches, moutons et des canards. Et à chaque fois qu'on a un animal mort, j'envoie ça au parc de Hann pour les lions», précise-t-il. Avant de poursuivre. «Je reconnais que j'étais en train de m'affairer autour d'un cheval mort. C’est vrai que je n'avais pas d'autorisation administrative me permettant de le dépecer, mais cette viande de cheval, je voulais l'envoyer au parc de Bandia». Des explications que le juge n'a pas gobées. «Qu'est-ce qui nous le prouve ?», lui demande-t-il. Cheikh Amadou Tidiane Ndiaye de répondre : «c'est la manière dont il a été dépecé, parce que tout a été coupé et séparé, la viande de la carcasse, des intestins etc. Elle n'était pas destinée à être vendue», dit-il. Mais, le juge qui ne l'a pas lâché de rétorquer: «les photos du congélateur qui contenait la viande de cheval ne nous disent pas cela. Elles montrent que la viande,  les intestins et autres étaient séparés». Mais, le mis en cause s'est défendu en confirmant que c'était la première fois qu'il dépeçait un cheval parce que, assure-t-il, ledit animal d'environ 150 kg était mort à 14h et qu'il ne pouvait pas le jeter dans la nature puisqu'il risquait de pourrir sous le soleil chaud. Mais, cela ne l'a pas tiré d'affaire, parce le juge lui a révélé que deux autres têtes de chevaux ont été retrouvées dans le réfrigérateur de sa maison. «Je ne sais pas comment ces têtes ont atterri là-bas. Je n'ai jamais vendu de la viande de cheval au parc de Bandia. C’est Pape Amadou Niang qui m'en a parlé. Et lorsque j'ai eu ce cas de cheval mort, je l'ai informé. Ainsi, lors du dépeçage, je lui ai demandé de me laisser 5 kilos pour mes chiens», a-t-il affirmé.
 
 
 
Pape Amadou Niang nie
 
 
Né en 1979, le boucher Pape Amadou Niang, a à son tour nié les accusations qui pesaient sur lui. Ce père de 5 enfants qui se dit employé au parc de Bandia de soutenir : «je travaille au parc de Bandia et j'ai des papiers qui le prouvent. C'est moi qui dépeçais le cheval mort. C'est Cheikh Amadou Tidiane Ndiaye qui m'a demandé de le faire. Je confirme qu'il y avait 2 têtes de chevaux dans son congélateur. Et c'est moi qui les ai rapportés de Bandia et mis là-bas pour éviter qu'ils pourrissent. Ces chevaux ont été abattus au parc de Bandia».
 
 
La parquetière : «Cette viande était destinée à être vendue à la population. Cette affaire n’est pas banale»
 
 
Faisant ses réquisitions, la parquetière a requis 6 mois de prison ferme assortis d'une amende de 100.000F Cfa contre chacun. «Cette viande était destinée à être vendue à la population. Même si la viande de cheval est consommée par certains, dans notre société, beaucoup ne le consomment pas. Il ne faut pas prendre cette affaire comme banale», a-t-elle expliqué.
La défense a, pour sa part, sollicité au principal la relaxe sur la tromperie sur la marchandise et à défaut une application bienveillante de la loi. «Cette affaire a certes fait les choux gras de la presse, mais elle est simple. L'abattage clandestin suppose que la bête soit vivante. Mais la particularité de cette affaire, c'est que la bête était déjà morte. Aussi, culturellement, cet animal n'est pas consommé ici. En plus, Pape Amadou Niang qui travaille à Bandia a été appelé par mon client. Ce dernier faisait œuvre de bienfaisance pour nourrir les animaux de Bandia», a fait observer la robe noire. Au final, le tribunal a suivi l'avocat dans sa requête en les relaxant purement et simplement pour la fraude sur la marchandise, tout en les condamnant à 2 mois assortis du sursis pour abattage et à une amende de 100.000F chacun. 
 
Fatou D. DIONE
 
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