L’Office national anti-fraude et l'Office français de la biodiversité ont démantelé un réseau de trafic de civelles de grande ampleur et de dimension internationale qui opérait de Nantes à Hong Kong en passant par la banlieue sud de Paris et le Sénégal.
13 personnes au total ont été arrêtées. Elles sont soupçonnées d'avoir pêché les alevins d'anguilles qui alimentaient le réseau. C’est en février 2023 que tout commence par la surveillance d'une camionnette qui part de la région nantaise, direction la banlieue sud de Paris. Les enquêteurs découvrent, là où elle est déchargée, cinq piscines oxygénées dans un entrepôt clandestin à Villeneuve-Saint-Georges. Trois Chinois sont interpellés. 303 kilos de civelles sont saisis, ce qui représente approximativement 818.000 alevins, pour une valeur comprise entre 1,7 et 2,1 millions d'euros.
Une piscine clandestine découverte
L’enquête permet de mettre au jour une nouvelle route de transfert depuis la France vers l'Asie via l'Afrique, en particulier le Sénégal. Les civelles partaient pour Dakar, et c’est par avion, depuis Roissy, qu’elles étaient cachées dans les valises de voyageurs malaisiens. D’ailleurs, trois d'entre eux ont été interpellés à Roissy depuis février 2024 avec 55 kilos de civelles répartis dans neuf valises.
Au Sénégal, c'est un entrepôt clandestin avec une vingtaine de piscines destinées à l'élevage des alevins d'anguilles qui est découvert. C’est là-bas que les trafiquants chinois changeaient le nom de l'espèce et exportaient facilement les petits poissons. Les "Anguilla Anguilla", dont l'exportation hors Union européenne est interdite, devenaient des "Anguilla Mossambica", qu'on trouve dans beaucoup d’eaux africaines et qui ne sont pas protégées. C'est ce qui permettait d'envoyer une tonne d'alevins, chaque mois, par avion, vers Hong Kong.
Khadidjatou D. GAYE