Ayant passé 3 ans en détention préventive, le Tunisien Ismael Al Hamouri a été jugé hier jeudi devant la chambre criminelle de Dakar pour association de malfaiteurs et trafic international de drogue. Ce commerçant avait reçu, en 2020, un colis provenant du Maroc et qui contenait des produits alimentaires et des boîtes de conserve où du haschisch avait été soigneusement dissimulé.
Depuis l'enquête de police jusque devant le juge de la chambre criminelle de Dakar, Ismael Al Hamouri conteste les accusations portées sur sa personne. De nationalité syrienne, ce jeune homme âgé de 26 ans est poursuivi pour des faits d'association de malfaiteurs et de trafic international de drogue. Tout a commencé le 8 juillet 2020. Ce jour-là, la brigade des stupéfiants a été informée d'un camion provenant du Maroc et qui convoyait des produits alimentaires et un colis contenant du haschisch et qui devait débarquer à la Médina. L'exploitation de cette information avait ainsi conduit les agents enquêteurs à un hangar qui se situe vers la grande mosquée. Et sur les lieux, ils ont trouvé l'accusé Ismael Al Hamouri, sa copine Zeynab et Youssouf Bensallah, qui attendaient tranquillement pour réceptionner le colis incriminé. Toutefois, comme il était déchiré, Hamouri avait pris le soin de le remballer. Et c'est lorsqu'ils l'ont récupéré que les agents interpellateurs les ont arrêtés.
Lorsque le colis en question a été ouvert, les policiers ont trouvé 17kg de cannabis cachés dans des boîtes de conserve. Le principal concerné, Ismael Al Hamouri, révélait lors de son interrogatoire préliminaire avoir fait une commande de produits alimentaires auprès de Youssouf Bensallah depuis le Maroc. Ce dernier, dit-il lui avait communiqué le numéro 104 qui est le code du colis. Ce que l'enquête a confirmé après les réquisitions, parce que le colis portait non seulement le nom de Zeynab, mais le numéro 104 qui est conforme à celui envoyé par le fournisseur. Il soutenait par ailleurs qu'il ignorait que ledit colis contenait de la drogue. Concernant la présence de ses acolytes sur ce lieu, Al Hamouri soutenait que c'est sur sa demande qu'ils sont venus l'accompagner à cet endroit. Par ailleurs, les investigations ont révélé que Youssouf Bensallah, sous contrôle judiciaire dans une autre procédure de drogue pendante devant la justice, a réussi à se fondre dans la nature alors qu'il est recherché dans cette affaire.
Pour ce qui est de Zeynab, elle a bénéficié d'un non-lieu. Aussi, seul Ismael Al Hamouri a comparu hier jeudi devant la chambre criminelle de Dakar pour les crimes sus indiqués.
Ayant passé 3 ans sous mandat de dépôt, l’accusé a confié à la barre qu'il travaillait auparavant avec un fournisseur de nationalité tunisienne avant Ben Sallah. "C'est après que Zeynab m'a mis en rapport avec Youssouf Bensallah en 2020. C'est là qu'il est devenu mon fournisseur. Je le connaissais depuis 2016 mais il n'était qu'un client à l'époque. C'était la seule fois que je lui commandais des boîtes de conserve. Je commandais du maïs, du corn-beaf etc. auprès de Youssef via un intermédiaire. C'est le fournisseur qui choisit son transporteur. Après avoir commandé, le fournisseur envoie une vidéo du colis et le numéro du carton", dit-il. Il poursuit : « c'est une fois sur les lieux que le convoyeur a appelé Zeynab pour lui expliquer les caractéristiques du colis. À cet effet, il lui avait signifié que la boîte était déchirée. Ce qui fait qu'il n'était pas conforme par rapport à ce que j'avais commandé. C'est avant que je ne le récupère que les gendarmes me sont tombés dessus", s'est-il défendu en déclarant qu'il ignorait les antécédents judiciaires de Youssouf Bensallah.
Pour ce qui est du nom de Zeynab qui était écrit sur le colis, il explique l'avoir su lorsqu'il a été conduit devant les enquêteurs. Le procureur a requis 20 ans de réclusion criminelle contre Youssef Ben Sallah qui avait bénéficié d'une liberté provisoire et qui a profité de l'occasion pour quitter le pays. S'agissant d'Ismael Al Hamouri, le maître des poursuites s'en est rapporté à la sagesse du tribunal. À l'en croire, il est habité par un doute concernant sa culpabilité. L'avocat de celui-ci, Me Abdoulaye Tall, a expliqué que les noms les plus évoqués devant cette juridiction c'est Youssef Ben Sallah et Zeynab. Alors, selon lui, s'il y a quelqu'un qui a trompé le tribunal aujourd'hui, c'est Ben Sallah. La robe noire qui estime qu'il n'y a aucun lien entre son client et Ben Sallah a plaidé son acquittement. Son confrère Me Souleymane Soumaré a plaidé une demande de liberté provisoire pour l'accusé mais sa requête a été rejetée par la chambre qui a fixé le délibéré pour le 20 décembre prochain.
Fatou D. DIONE