Les coachs des trois derniers pays ayant gagné la Coupe d'Afrique des nations ont la particularité d'être des Africains. Un constat intrigant après le sacre de Emerse Faé avec les Eléphants avant hier. Avant que Aliou Cissé ne décroche une première étoile pour le Sénégal, Djamel Belmadi avait réussi le hold-up en 2019.
Belmadi, une philosophie de jeu
Nommé en août 2018, Djamel Belmadi a réussi à remporter la Can 2019, alors que l’Algérie n’était pas considérée comme un favori. Le fruit d’un gros chantier engagé dès son arrivée sur le banc des Verts. Belmadi a su redonner une âme à cette équipe qui accumulait les mauvais résultats depuis cinq ans.
Le jeune sélectionneur, qui construit un groupe capable, selon lui, « de réaliser le meilleur parcours possible lors de la Can » finira par gagner le trophée. Il fait de nouveau confiance à M’Bolhi et Feghouli, et n’hésite pas à se passer de Hanni, Slimani ou d’El Arabi, cantonnés au banc de touche respectivement au Spartak Moscou, au Fenerbahce Istanbul et Nottingham Forest. « Il a fait adhérer les joueurs à un discours, à un projet, à une méthode de travail. Il ne triche pas. Ses choix sont logiques. Par exemple, Brahimi, quand il était en état de jouer lors de la Can après s’être remis de sa blessure, n’est pas revenu au détriment de Belaïli, qui donnait satisfaction. Il y a une forme d’équité dans ses décisions, et c’est pour ça que les joueurs le suivent », intervient l’ancien international Ali Fergani.
Avant la finale Algérie-Sénégal, Sébastien Migné, le sélectionneur du Kenya, dont l’équipe avait affronté les deux formations au premier tour, s’était arrêté quelques instants sur la relation que Belmadi, de l’extérieur, semblait entretenir avec ses joueurs sur le terrain pendant la compétition. « Il bouge beaucoup, parle sans arrêt pour donner des consignes. On sent qu’il est dans l’émotion. Ses joueurs aussi. Je me demande si cela ne peut pas à un moment se retourner contre eux, car ils sont vraiment à bloc. En tout cas, on devine vraiment un groupe qui adhère complètement au projet de son entraîneur. »
Aliou Cissé...forge "ses champions" à son image
Le jeune entraîneur prend les rênes de la sélection en mars 2015 après une horrible Coupe d'Afrique des nations en Guinée Equatoriale où le Sénégal était l'un des favoris d'avant le tournoi, mais n'a pas passé le premier tour.
Après la brutale séparation avec Alain Giresse, la Fsf se tourne vers un technicien beaucoup moins expérimenté mais bien connu du football sénégalais : Aliou Cissé. Capitaine des Lions en 2002, l’ancien milieu de terrain a fort caractère et très pointilleux sur la discipline s’est notamment rôdé au métier de coach, en tant qu’adjoint de Karim Sega Diouf, lors des Jeux olympiques 2012. Des JO de Londres auxquels ont participé Sadio Mané, Idrissa Guèye, Cheikhou Kouyaté ou encore Saliou Ciss…
Après avoir perdu contre l'Algérie en finale de 2019 et être revenu soulever le trophée au Cameroun, Cissé a fait l'éloge de la mentalité de son équipe après avoir mis fin à l'attente du pays pour un trophée. Alors que les sorciers blancs avaient fini de défiler sur le banc sénégalais essuyant des défaites cuisantes.
Emerse Faé : "ce que le blanc peut faire, l'Africain peut aussi le faire"
C'est un journaliste ivoirien en zone mixte, submergé par la joie après la qualification des Eléphants aux tirs face aux Lions du Sénégal qui a crié haut et fort que le mythe du sorcier blanc est tombé. "Faé, c'est un fils de la Côte d'Ivoire" commentait-il en zone mixte avec ses confrères. Nommé intérim après un match catastrophique des Eléphants face à la Guinée Equatoriale et le limogeage du coach Jean Louis Gasset, Emerse Faé a très tôt dicté le ton pour arriver au bout de la compétition. Déjà face au Sénégal, en conférence de presse d'avant match, l'ancien pensionnaire de l'OGC Nice (Championnat de France) Faé donnait les prémices de ce qu'il voulait faire exactement avec ses joueurs. "Tu m'as connu en tant que joueur de football ?", demandait le coach à un journaliste qui l'avait interpellé sur la nouvelle attitude des joueurs de l'équipe nationale de la Côte d'Ivoire. Formé à Nantes, Faé a réussi à créer un groupe qui respecte à la lettre les consignes de son coach. "Je veux qu'ils se battent comme je le faisais en tant que joueur. Je fais des choses basiques, je ne suis pas un coach extraordinaire", confiait-il. Faé va s'appuyer sur les cadres comme Max Gradel, Serge Aurier et un Franck Kessié très précieux... Des soldats qui ont veillé à l'application de la discipline tactique voulue par le coach. Hervé Renard attendra...