L'ex major de la gendarmerie, Alioune Badara Kandji et ses co-prévenus seront fixés sur leur sort le 25 septembre prochain. Ce prévenu qui a été le seul qui a comparu hier, lundi 10 juillet 2024, devant le tribunal correctionnel de Dakar, a traité le colonel à la retraite, Cheikh Tidiane Mbodj de nullard après avoir assumé ces propos. Il a été jugé pour des faits de diffamation et d'injures publiques.
Après de nombreux renvois, le procès qui oppose le colonel à la retraite Cheikh Tidiane Mbodj à l'ancien major de la gendarmerie, Alioune Badara Kandji, a été plaidé hier, mercredi 10 juillet, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Il n'y avait pas seulement le sieur Kandji qui a été traduit devant cette barre pour des faits de diffamation et d'injures publiques. Il y avait aussi le Groupe Gsl, Yankhoba Sané et Pape Ousmane Cissé, que l'ex-colonel poursuit aussi pour des faits de complicité. Sauf que ces derniers n'ont pas comparu à l'audience, ni commis conseil pour leur défense.
Dans cette affaire, il a résulté de l'audience que le colonel Mbodj avait fait une sortie dans laquelle il parlait du maniement des armes à feu, des perquisitions effectuées par les forces de défense et de sécurité du pays, entre autres. Mais Alioune Badara Kandji lui a porté la réplique, dans l'émission "Tribune d'actualité". C'est ainsi que Cheikh Tidiane Mbodj a servi une citation directe à Alioune Badara Kandji et aux journalistes. Et devant le tribunal hier, le major a contesté ces incriminations. "Lors des événements préélectoraux, le colonel Mbodj avait tendance à parler des forces de l'ordre et du maniement des armes. Il est aussi allé sur un site de la place où il a fait ses déclarations sur les armes et la responsabilité des forces de l'ordre sur certains décès. Et moi, quand on m'a invité, j'ai fait un démenti sur ça. J'ai dit que c'est extrêmement grave qu'un militaire retraité puisse tenir de tels propos(...). Il n'a pas appris ça et il ne doit pas dire ça", a confié Alioune Badara Kandji. Allant plus loin, il a assumé tous ses propos en traitant ainsi le colonel Mbodj de "nullard’’. «Quand il a fait ces affirmations, ils ne devaient pas le laisser partir. Il devait être arrêté sur le coup. Et j'assume ce que je lui ai dit. Il devait être arrêté. Le colonel ne connaît pas le maniement des armes. Si vous l'amenez ici à la barre, il ne démontera pas une arme. C'est lui qui a insinué que ce sont les forces de l'ordre qui ont tiré sur ces jeunes. C'est le journaliste qui m'a rapporté ces déclarations et il devait porter plainte contre lui et non contre moi. S'il n'était pas fautif, il n'allait pas être viré de l'Ecole de guerre, ni arrêté. Il fragilise les institutions. J'ai dit que c'est un nullard, qu'il ne connaît rien et je suis plus compétent que lui. Son erreur, c'est de s'inviter sur l'usage des armes, de la manière dont les perquisitions sont faites au Sénégal. C'est un militaire. Il ne peut pas faire le maintien de l'ordre, ni manier les armes. J'assume tout ce que j'ai dit parce que le colonel Mbodj a raconté des mensonges sur les perquisitions en mettant en cause l'intégrité des forces de défense et de sécurité. Il est en train de compromettre l'autorité judiciaire du Sénégal. Il porte atteinte à la sécurité nationale".
Le colonel à la retraite réclame 150 millions F Cfa pour le préjudice
Avocat de la partie civile, Cheikh Tidiane Mbodj, Me Emmanuel Padonou a signifié au tribunal que Alioune Badara Kandji qui se dit expert en tout, est totalement un ignorant. La robe noire qui n'a cessé de crier lors de sa plaidoirie, a déclaré que tout ce qu'il a dit à la barre n'est que du bavardage puisqu'il n'a pas apporté de preuves. Selon l’avocat, major Kandji a un ego surdimensionné en plus d'être coupable jusqu'aux bout des ongles. Son confrère, Me Youssoupha Camara qui a réclamé le montant de 150 millions F Cfa à Alioune Badara Kandji et aux autres pour le préjudice subi par son client, Cheikh Tidiane Mbodj, a révélé : "dire que le colonel ne sait pas manier une arme et qu'il était un nullard, c'est insulter toute l'armée Sénégalaise". En plus de la condamnation de Alioune Badara Kandji qu'il a sollicitée, Me Camara a demandé au tribunal de déclarer comme civilement responsable le groupe Gsl et d'ordonner la publication de la décision à intervenir sous astreinte de retard de 1 million F Cfa par jour.
Me Abdou Dialy Kane : «ces faits sont amnistiés et n'existent plus»
Le procureur a juste requis l'application de la loi pénale contre les prévenus. Pour sa part, Me Abdou Dialy Kane avocat de Alioune Badara Kandji a donné un cours à ses confrères de la partie civile: "je me demande pourquoi les conseils du plaignant demandent de fixer la contrainte par corps alors qu'ils savent que la diffamation et l'injure sont des infractions politiques qui excluent la contrainte par corps. La jurisprudence est claire dessus". Me Kane poursuit en soutenant que ces faits dont il est question dans la procédure sont amnistiés. "Quand le major a dit que nous sommes en période préélectorale et que ceux qui cherchent à se faire élire ont des habitudes graves, ils ont tiré sur des gosses dans des manifestations et accusé des gendarmes pour dire que c'est eux qui ont tiré, ces faits sont amnistiés et n'existent plus. Les faits de l'espèce rentrent dans les prévisions de cette loi", a-t-il relevé en demandant que son client soit renvoyé des fins de la poursuite sans peine, ni dépens. Délibéré au 25 septembre prochain.
Fatou D. DIONE