Pour des faits de trafic de cocaïne, Rokhaya Kanté et son fils Ibrahima Kader encourent respectivement 4 et 2 ans de prison ferme. Ils ont comparu hier devant le juge de la première chambre correctionnelle de Dakar. Délibéré le 1er juillet prochain.
Rokhaya Kanté, 50 ans, son fils de 29 ans Ibrahima Kader et l’ami de celui-ci ont comparu hier devant la première chambre correctionnelle de Dakar pour des faits d’offre et de cession de drogue. Selon les observations du procureur, Rokhaya Kanté est connue sous les appellations de «Rock» ou de la «baronne» dans le milieu de la drogue. Selon toujours le substitut du procureur, elle est intelligente et c'est pour cela qu'elle réussit à se soustraire à la justice chaque fois que les agents font une descente pour l’appréhender. Et selon l’accusation, lui et son fils ne sont pas les seuls à tenir les rênes de cette mafia, car sa sœur aussi y est mêlée. Sur les faits, les éléments enquêteurs de la Sureté urbaine ont reçu une information selon laquelle il y avait un vaste réseau de trafic de drogue entre Ngor, Ouakam et Yoff, qui était entretenu par Rokhaya Kanté et sa sœur. Ce faisant, les agents interpellateurs qui soupçonnaient aussi Ibrahima Kader de s’être associé avec sa mère ont établi une planque pour le piéger. Ainsi, le jeune garçon a été interpelé au lieu de rendez-vous alors qu’il était en compagnie de son ami Serigne Alioune Cissé. Cependant, lorsqu’ils ont aperçu les flics, ils se sont débarrassés de la drogue qu’ils détenaient. Mais, ils ont été appréhendés.
Pour connaître l’ampleur du trafic, les limiers ont conduit les deux garçons dans le domicile qu’ils partageaient pour une fouille mais ils n’ont rien trouvé. Rokhaya Kanté qui se trouvait dans la même maison, s’est enfuie dès qu’elle a senti la présence des agents.
Mais elle finira par être arrêtée et placée sous mandat de dépôt le 29 janvier 2020, après son fils placé le 20 mai 2019. Celui-ci avait confié lors de son audition que sa mère s’activait dans le trafic de drogue, même s’il a nié être mêlé à cela. Ce sont les mêmes contestations qu’il a réitérées hier devant la barre. «On ne m'a pas arrêté avec de la drogue», s’est-il défendu. Ce à quoi le procureur a rétorqué : «c'est toi le livreur. Ta mère a fait plusieurs fois la prison pour des affaires de cocaïne. Vous la voyez, elle n'a pas de vie de famille. Et tu as vu comment elle a fini. Il faut arrêter cela».
Son co-prévenu, Alioune Cissé, de donner sa version : «lui et moi, nous partageons le même domicile. Ce jour-là, vers 01h du matin, il m'a demandé de l'accompagner auprès de son ami, Baïlo», avait-t-il confessé.
Rokhaya Kanté : «Je consomme de la drogue depuis mes 8 ans, parce que je suis possédée par des "djinns"
Même si la mère de Ibrahima Kader, Rokhaya Kanté a reconnu qu’elle est une adepte de la drogue, elle cependant a réfuté les faits de trafic tout en disculpant aussi les garçons. «Ces garçons n'y sont pour rien. Les policiers sont venus chez moi, mais ils n'ont rien trouvé et je le sais. La quantité que j'avais par-devers moi était réservée à ma consommation personnelle. Je ne voulais même pas que mon fils sache que je suis adepte de la cocaïne. J’avoue que c’est ma seconde comparution devant les tribunaux pour une affaire de drogue. Je consomme et ce, depuis mes 8 ans, parce que je suis possédée par des "djinns". C’est eux qui me poussent à me droguer et ils m’interdisent de voir la couleur rouge, le feu etc. Et c'est pour cela que je n'ai jamais cuisiné pour mon mari», a-t-elle indiqué.
Mais, le ministère public lui a fait savoir que seuls les gens du milieu pouvaient se procurer de la cocaïne. Et à la question de savoir l’endroit où elle l’avait trouvée ainsi que son fournisseur, elle répond: «on me l'a offerte. C'est le fils d'une haute personnalité de ce pays qui m'offre ça à chaque fois. Il est rentré à l'étranger depuis longtemps, mais je ne peux pas vous révéler son identité puisque durant toute l'enquête, je n'ai pas divulgué son nom. Et je ne le ferai pas. Les gendarmes le connaissent bien», dit-elle avant d’assurer qu’elle compte arrêter de se droguer.
Malgré tout, le procureur convaincu de sa culpabilité et de celle de son fils a requis respectivement des peines de 4 ans et 2 ans de prison ferme pour Rokhaya Kanté et Ibrahima Kader. S’agissant de Serigne Alioune Cissé, il s’est rapporté à la décision du tribunal en précisant qu’il n'y avait pas d'éléments à charge contre lui.
Pour la défense des prévenus, Mes Abou Abdoul Daff et Iba Mar Diop ont simultanément souhaité le renvoi des fins de la poursuite sans peine, ni dépens et une application bienveillante de la loi pénale. Délibéré au 1er juillet prochain.
Fatou D. DIONE