10 ans de réclusion criminelle, c'est ce que risque Malick Ba. Maître-coranique demeurant à Tivaouane Peul, il comparaissait hier, mardi 17 décembre, devant la chambre criminelle de Dakar pour viol, pédophilie et détournement de mineures. Il est accusé par ses trois élèves.
Placé sous mandat de dépôt depuis 3 ans, le maître-coranique Malick Ba dit Ousmane, 51 ans, a été jugé hier, mardi 17 décembre, devant la chambre criminelle de Dakar pour acte de pédophilie, viol et détournement de mineures de moins de 16 ans. Ce polygame demeurant à Tivaouane Peulh est accusé par trois de ses élèves mineures. Les faits remontent courant 2021. Cette histoire de viol présumé a éclaté lorsque Ndack Sall, grande-sœur de l'une des victimes, Mame Diarra Sall, a rapporté ces accusations à sa mère, Marième Sall. Elle disait à sa génitrice avoir surpris sa petite-sœur Mame D. Sylla qui se confiait à Mame D. Diatta (elle aussi élève dans la même école coranique) à propos d'un viol dont elle serait victime. Ndack précisait que les filles lui ont aussi dit que F. Sall faisait partie des victimes de ce maître-coranique. Choquée, la mère informe son mari, Alioune Sylla. Mame D. Sylla et K. Ndiaye dont ils ont la garde à la maison. F. Sall a été elle aussi emmenée auprès du médecin. Ainsi, l'homme de l'art leur a délivré à toutes des certificats médicaux dans lesquels il précise certes que leur hymen est intact mais qu'elles ont subi des actes d'attouchement.
A la barre hier, Mame D. Sylla, F. Sall et K. Ndiaye ont toutes déclaré avoir été abusées sexuellement par ce maître-coranique. Elles ont à l'unanimité soutenu que Malick Ba, pour les appâter, leur demandait d'aller lui ranger sa chambre ou bien qu'elles les rejoignent là-bas pour l'aider à mettre les accents sur les versets du Coran qu'il écrivait.
Les récits glaçants des jeunes filles
Mame D. Sylla, la première entendue à la barre, a déclaré : "il m'a violée à maintes reprises en l'absence de son épouse. Il se déshabillait dans la chambre de son épouse. Il me jetait sur le lit en brandissant un couteau pour me menacer. Il lui arrivait d'enlever son pantalon et me demandait de caresser son sexe avant qu'il ne me pénètre. Une fois, pour pouvoir me violer, il avait prétexté que je devais réciter les versets qu'il avait écrits pour moi, mais il m'a entraîné en brousse avant de me violer".
F. Sall d'indiquer pour sa part : "il me demandait d'aller lui faire sa chambre et une fois dedans, il me jetait sur le lit et me doigtait après avoir enlevé mon pantalon. Il posait juste son sexe sur le mien. Après, il me remettait 100 F mais je la jetais à chaque fois. Il profitait du moment où sa femme partait au marché pour nous violer".
K. Ndiaye, pour sa part, a affirmé que son maître-coranique avait l'habitude de la conduire dans sa chambre pour la violer en l'absence de son épouse. Pour l'appâter, précise-t-elle, il lui demandait elle aussi de venir lui mettre les accents sur les versets qu'il écrivait.
Le maître-coranique Malick Bâ, interrogé, a tout contesté. "Tout ceci est un complot ourdi contre moi. La mère de Mame D. a seulement voulu prendre les enfants et les inscrire à l'école française, alors que leur père voulait qu'elles étudient dans mon daara. C'est elle qui est derrière tout ça et c'est elle qui a influencé les autres parents", a-t-il avancé.
Alioune Sylla, civilement responsable de Mame D. Sylla et K. Ndiaye, n'a pas réclamé de dommages et intérêts ; de même que le parent de Fatou Sall. Le procureur, après avoir requis l'acquittement de l'accusé pour détournement de mineure, a sollicité qu'il soit déclaré coupable de pédophilie. Ainsi, pour la répression, le parquet a requis 10 ans de réclusion criminelle contre lui. Avocat de la défense, Me Abdoulaye Tall a plaidé l'acquittement de son client en se basant sur les rapports médicaux des trois filles qui attestent que leur hymen sont intacts. Délibéré au 7 janvier 2025.
Fatou D. DIONE