THIERNO BOCOUM SUR LA PERFORMANCE DE LA MOBILISATION DES RECETTES DANS LE RTEB T1 2025 : «Le Sénégal n’est pas un centre de collecte, c'est une nation»




 
 
Si le gouvernement se réjouit de la bonne tenue des recettes au premier trimestre 2025, le président du mouvement Agir rappelle que le Sénégal n’est pas un centre de collecte, mais une nation. A l'en croire, il ne peut y avoir de projet national sans investissement, sans vision, sans redistribution.
 
 
 
La hausse des recettes fiscales au premier trimestre 2025 est présentée par le gouvernement, selon le président du Mouvement Agir, comme une grande victoire. Et cette euphorie jubilatoire n’est pas du goût de l’ancien député. En effet, même s’il estime que «c’est un score flatteur, nourri par l’élargissement de l’assiette, l’efficacité du recouvrement et une conjoncture favorable sur les importations», il n’a pas manqué de s’interroger sur l’existence d’un véritable projet de transformation nationale ; si ce n’est, dit-il, un prolongement de carrière des Inspecteurs des impôts à la tête du pays. «À quoi bon prélever plus si l’on n’investit pas mieux ? Il ne s’agit pas ici de remettre en cause une profession. Il s’agit de dénoncer la tentation dangereuse de faire d’une spécialité technique une méthode de gouvernement. Le Sénégal n’est pas un centre de collecte. C’est une nation. Et il ne peut y avoir de projet national sans investissement, sans vision, sans redistribution», fait remarquer Thierno Bocoum.
 
L’État encaisse mais ne réinjecte rien dans l’économie réelle
 
A l'en croire, pendant que le gouvernement se félicite des performances fiscales, les investissements publics s’effondrent. «Les dépenses d’investissement exécutées directement par l’État s’élèvent à 2,64 milliards F Cfa au premier trimestre 2025. Même en élargissant à toutes les sources de financement, les dépenses en capital ne dépassent pas 103,3 milliards, c’est-à-dire à peine 11% de l’exécution annuelle précédente. Autrement dit, l’État encaisse davantage mais ne réinjecte rien dans l’économie réelle», regrette le patron de Agir qui explique que ce paradoxe s’inscrit dans une culture de gestion qui confond l’administration de l’existant avec l’exercice du pouvoir. Plutôt que d’activer des leviers de transformation, dit-il, le pouvoir semble s’enfermer dans une logique de maintenance.
 
L’État agit comme un inspecteur promu chef de nation
 
Dans la foulée, il fait remarquer que la masse salariale a atteint 357 milliards, le service de la dette ayant atteint 225 milliards soit près d’un quart des dépenses. Deux postes lourds qui, de l’avis de Thierno Bocoum, absorbent l’essentiel du budget, sans retour visible pour les populations. Ce qui lui fait dire que l’Etat prélève mais ne relance pas, encadre mais n’investit plus. «Pendant que les chantiers publics sont suspendus, que le BTP agonise et que les ménages étouffent, l’État continue de faire tourner la machine sans impulsion. Même l’entrée dans l’ère pétrolière n’aura été accompagnée d’aucun signal fort, d’aucune politique visible, d’aucune vision mobilisatrice. La vérité est brutale. Le pays qu’on avait déclaré en faillite est mis à l’arrêt. Gouverner ne consiste pas à maximiser les recettes fiscales ni à équilibrer des bilans. Gouverner, c’est bâtir, c’est distribuer, c’est inspirer. Or, dans ce modèle en place, ni les ménages, ni les entreprises, ni les jeunes ne perçoivent la moindre redistribution», renchérit Thierno Bocoum qui indique que l’État agit comme un inspecteur promu chef de nation, mais qui continue de voir dans le peuple un contribuable plutôt qu’un acteur de développement. Il encaisse, entretient ses charges fixes, et regarde ailleurs. Pendant ce temps, les familles s’appauvrissent, l’économie ralentit, les espoirs s’évaporent», tranche l’ancien parlementaire.
 
M. CISS
 
 
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