Le tera meeting tenu à Dakar par le Premier ministre continue de provoquer des secousses politiques. Si ses partisans y ont vu une démonstration de force populaire, ses adversaires, eux, dénoncent une dérive narcissique, une personnalisation du pouvoir et une incapacité à répondre aux urgences sociales du moment. De Thierno Bocoum à Talla Sylla, en passant par Seydou Guèye, Moustapha Diakhaté et Babacar Gaye, les critiques fusent et convergent : le Premier ministre préfère l’arène politique à la gestion de l’État.
Une parole qui inquiète
Pour Thierno Bocoum, leader du mouvement AGIR-les Leaders, le discours prononcé par le Premier ministre n’a pas seulement été un acte politique. Il a été, selon lui, une mise à nu. «Chaque mot qu’il prononce dévoile un peu plus l’arrogance du pouvoir et l’inconscience de ceux qui confondent popularité et compétence», attaque-t-il. Pour lui, un Premier ministre qui se met au centre de tout est un danger. «Un Premier ministre qui parle en ne tenant compte que de sa personne, c’est un risque permanent pour la stabilité de l’État.»
Bocoum estime que le rôle d’un chef de gouvernement n’est ni de régler des comptes ni d’exhiber sa force de mobilisation, mais de construire des réponses politiques mesurables. Et c’est justement là que, selon lui, le tera meeting a échoué.
L’Apr dénonce un spectacle creux
Du côté de l’Apr, le ton n’est pas moins sévère. Son porte-parole, Seydou Guèye, parle d’un discours «bruyant, long, mais sans contenu». «Il a parlé haut, fort et longtemps, mais rien de nouveau sous le soleil», dit-il sur Rfm.
Selon lui, «les Sénégalais attendaient une thérapie pour le pays, pas une série d’accusations». Pour Seydou Guèye, le président du Pastef ne veut rien d’autre que salir l’œuvre du président Macky Sall et effacer son nom du cœur des Sénégalais. «Mais c’est peine perdue. Les Sénégalais ne veulent pas qu’on leur désigne une cible à détester, ils veulent un avenir à construire», assure-t-il.
«Un discours déconnecté» selon Moustapha Diakhaté
Moustapha Diakhaté, y voit quant à lui «un discours creux, rempli de menaces et d’invectives». «Il est venu pour raconter des balivernes. C’est une honte pour le Sénégal», martèle-t-il.
Diakhaté insiste sur ce qu’il considère comme une faute grave : l’absence totale de réponses aux problèmes quotidiens. «La pauvreté, la cherté de la vie, le chômage, la santé, l’école : voilà ce qu’attendaient les Sénégalais. Mais il n’a parlé que de personnes, de règlements de comptes et de mensonges». Pour lui, le Premier ministre manque de compétences et se trompe d’exercice. «Gouverner, ce n’est pas menacer. Gouverner, c’est résoudre», enseigne-t-il.
Babacar Gaye : un meeting comme théâtre politique
Babacar Gaye, lui, voit dans l’événement une scène de théâtre politique. Pour lui, Sonko a transformé ses adversaires en personnages dramatiques destinés à nourrir un récit personnel, «Panurge et son troupeau», dit-il. Avant d’embrayer : «il congédie des alliés devenus gênants. Il règle des comptes personnels sans proposer une seule solution pour l’économie, la dette, les inondations ou le chômage». Le meeting fut, selon lui, «un long monologue sans projet, juste un déversoir d’amertumes».
BMS