TENSIONS POLITIQUES ET BATAILLE MÉDIATIQUE : Accusations croisées, révélations et questions sans réponses, la journée électrique entre Pastef et Madiambal Diagne et Cheikh Yerim Seck




 
 
Alors que les spéculations s’intensifient autour de la brouille désormais publique entre le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, la journée d’hier a été marquée par une série de révélations, de piques et de contre-attaques entre deux journalistes farouchement critiques du régime et des figures de Pastef. Entre les publications de Madiambal Diagne, les insinuations de Cheikh Yerim Seck et les réponses d’Amadou Ba, un nouvel épisode s’ajoute à une crise politique déjà brûlante.
 
 
 
La tension était déjà vive au sommet de l’État. Les voix se faisaient discrètes mais les murmures insistants : la cohabitation, tant vantée, entre Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko traverse une zone de fortes turbulences. Avant-hier, le climat s’est encore alourdi, notamment sous l’impulsion de deux journalistes connus pour leurs positions critiques envers le pouvoir : Madiambal Diagne et Cheikh Yerim Seck. Le premier a lancé une nouvelle charge qui a fait l’effet d’un pavé dans la mare. Le second a laissé entendre que ce n’est pas Pastef qui a payé caution du candidat Bassirou Diomaye Faye, ravivant par la même occasion une vieille querelle sur «le véritable candidat de Ousmane Sonko lors de la dernière présidentielle».
 
 
La salve de Madiambal Diagne
 
 
 
D’abord Madiambal Diagne. Sur X (anciennement Twitter), le fondateur du groupe Avenir Communication a affirmé que le Premier ministre Ousmane Sonko a quitté Dakar à bord d’un jet privé Dassault Falcon 8X, immatriculé H9, direction Abu Dhabi. «Est-ce une fuite ?», s’interroge-t-il, insinuant que Sonko se soustrairait à des responsabilités ou à une confrontation interne en pleine crise politique. Comme pour nourrir davantage le soupçon, il ajoute que Sonko aurait «déménagé des affaires du Petit Palais, sa résidence de fonction, pour regagner sa maison personnelle à Keur Gorgui». Il y a quelques jours, le même journaliste évoquait des notes de renseignements qui mouilleraient le chef du gouvernement.
 
 
L’estocade de Cheikh Yerim Seck
 
 
Ensuite Cheikh Yerim Seck. Invité à l’émission «L’invité de MNF», l’ancien journaliste de Jeune Afrique a, lui aussi, ravivé un débat sensible : celui de la caution de Bassirou Diomaye Faye lors de la présidentielle de 2024. Yerim Seck a laissé entendre que Pastef n’aurait pas financé la caution du candidat, insinuant l’existence de bailleurs extérieurs, voire occultes et ravivant par la même occasion une vieille querelle sur «le véritable candidat de Ousmane Sonko lors de la dernière présidentielle».
Une déclaration qui, sans être totalement nouvelle, intervient à un moment où Pastef fait face à de nombreuses tentatives de remise en cause de sa légitimité interne et de sa cohésion.
 
 
Amadou Bâ – Madiambal – la caution de Diomaye
 
 
La réponse n’a pas tardé à venir, cette fois d’un acteur clé du parti : Amadou Ba, ministre de la Culture et figure influente de Pastef. Dans un post ferme, il a livré une version qui se veut irréfutable. «Le jour où j’ai déposé la caution du candidat Diomaye à la Caisse des dépôts et consignations avec Matar Sène, le trésorier de Pastef, et le grand patriote Khabane Mbaye, je sortais de ma chambre d’hôpital amaigri et très malade. Pastef a été au début et à la fin de toute la candidature. Trop de mensonges et de manipulation», a-t-il posté sur Facebook, image à l’appui.
Une mise au point lourde de sous-entendus : Yerim Seck serait dans la manipulation, et Pastef veut réaffirmer que la candidature de Bassirou Diomaye Faye n’a jamais été financée en dehors de ses structures militantes. Et que donc Bassirou Diomaye Faye a toujours été le candidat de Ousmane Sonko.
Mais Madiambal Diagne, encore lui, a rebondi aussitôt, dans ce qui ressemble désormais à un duel numérique à ciel ouvert. Il pose une question à Amadou Ba, lourde d’allusions : «À 20.000 parrainages pour la candidature de Diomaye, qui étaient membres avec lui de la délégation de 3 personnes pour voir Aly Ngouille Ndiaye afin de compléter les parrainages ?»
Le nom d’Aly Ngouille Ndiaye, ancien ministre du régime de Macky Sall, et fréquemment accusé par Pastef d’avoir participé à la gestion controversée des ressources pétrolières, ajoute un parfum de scandale. Si les accusations sont infondées, la simple suggestion d’une rencontre avec lui pour compléter des parrainages suffit à alimenter les suspicions et à tendre davantage un climat déjà explosif.
Ce nouvel épisode confirme une réalité : la bataille médiatique autour de Pastef s’intensifie. Et elle intervient dans un moment de fragilité interne, où chaque mot compte, chaque attaque résonne, chaque rumeur trouve un terrain fertile.
 
 
La présidence et la primature : bouche cousue
 
 
Le pouvoir, lui, reste silencieux. Ni la présidence ni la primature n’ont réagi aux allégations de fuite de Sonko. Ce silence, pour certains, est stratégique ; pour d’autres, il laisse place à toutes les interprétations.
Pour l’heure, deux seules certitudes : la crise entre les deux hommes forts du régime s’accentue de plus en plus et la fracture entre les deux journalistes et Pastef ne cesse de s’élargir. Et leurs interventions successives, loin d’apporter des éclaircissements, ajoutent une nouvelle couche de confusion et de tension à un climat déjà chargé.
 
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
LES ECHOS

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