TENSION SOCIALE À LA SEN’EAU : Le secrétaire général du Sates entame une grève de la faim illimitée




 
 
Le syndicat dénonce une «persécution systématique» et appelle autorités, société civile et opinion publique à intervenir d’urgence.
 
 
Le climat social déjà tendu à Sen’Eau vient de franchir un seuil critique. Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’eau et de l’assainissement du Sénégal (Sates), Oumar Ba, a entamé ce vendredi 28 novembre une grève de la faim totale et illimitée. Le Bureau national du syndicat dénonce une situation «devenue insoutenable» et appelle «l’ensemble des forces vives du pays» à intervenir pour faire cesser ce qu’il qualifie de persécution inacceptable.
 
Un acte extrême face à une “machine de harcèlement”
 
Dans un communiqué ferme, le Bureau du Sates décrit une succession d’«attaques ciblées» subies par son secrétaire général depuis plusieurs années et qui, selon le syndicat, viseraient à le museler et liquider le Sates, pourtant syndicat majoritaire à Sen’Eau. Le relevé des faits indigne. «Neuf demandes d’explications, quatre convocations en conseil de discipline, une tentative de licenciement, deux plaintes judiciaires, une affectation sans fiche de poste, le blocage de ses avancements, la suppression de son carburant, de sa prime automobile et du renouvellement de son véhicule, la divulgation de données personnelles et une longue liste d’autres mesures jugées arbitraires, vexatoires et illégales», lit-on dans le communiqué rendu public.
Pour le Sates, il ne fait aucun doute, «Oumar Ba est devenu la cible d’une stratégie de mise au frigo destinée à affaiblir la résistance syndicale au sein de l’entreprise».
 
Le syndicat dénonce une “entreprise de neutralisation du Sates”
 
Le Bureau souligne que les pressions ne se limitent pas au secrétaire général. «Les militants eux-mêmes seraient visés. Suppression des prises en charge des assemblées du Sates, blocage des tournées syndicales, exclusion des réunions entre Direction et organisations syndicales, refus récurrent d’organiser des élections transparentes des délégués, affectations punitives, carrières bloquées, réduction ou suppression de primes pour les militants engagés», s’offusquent-ils.
Pour le syndicat, il s’agit d’une offensive systématique contre la liberté syndicale et d’un «état de siège social» instauré par la Direction générale de Sen’Eau.
 
Un cri d’alarme : “la situation a atteint son paroxysme”
 
Par cet acte radical, Oumar Ba entend alerter le pays et la communauté internationale sur les tentatives répétées d'étouffement du Sates, les sanctions visant les militants, les violations continues des droits des travailleurs, le blocage de la représentation du personnel au Conseil d’administration et la rétention de plus d’un milliard de francs Cfa du fonds commun de placement. Selon le Sates, les conditions de travail et la situation sociale se sont gravement détériorées à Sen’Eau, au point de rendre la stabilité de l’entreprise «sérieusement compromise».
 
 
Appel solennel de toutes parts pour éviter l’irréparable
 
Face à cette escalade, le Bureau national du Sates lance un appel pressant. «Nous demandons l’implication immédiate des autorités de la République, des centrales syndicales, des organisations de la société civile et des institutions internationales pour raisonner la Direction générale de Sen’Eau et mettre fin à une situation qui menace la paix sociale.» Le syndicat prévient : «la santé du secrétaire général, désormais engagée dans une grève de la faim illimitée, est en jeu direct. Et avec elle, l’avenir du dialogue social dans l’une des entreprises les plus stratégiques du pays».
 
Baye Modou SARR
 
 
LES ECHOS

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