TENSION POLITIQUE ET SOCIALE AU SÉNÉGAL : Le Forum civil peint un tableau sombre de la gestion des libertés, l’absence d’enquête au sujet des victimes de manifestations…




 
 
 
Le Bureau exécutif du Forum civil, la section sénégalaise de Transparency international, après plusieurs mois d’observations, a fait une déclaration sur la situation du Sénégal.
 
 
 
Après diagnostic, Birahim Seck, coordonnateur et ses collaborateurs se sont hautement préoccupés de l’état des droits et des libertés publiques, la situation sociale et la gestion du processus électoral au Sénégal. Le document remis à la presse a constaté 13 irrégularités dans la gestion des affaires publiques par l’Etat du Sénégal. Et en ce qui concerne les droits publics des citoyens et des médias, le Forum civil note avec stupéfaction «le recul inquiétant dans l’exercice des libertés publiques collectives, notamment de réunion et de manifestation ; le recul récurrent dans l’exercice des libertés publiques individuelles, relativement à l’accès à l’information et à l’expression des opinions ; la perte avec regret de vies humaines dans le recours à la police administrative du maintien et du rétablissement de l’ordre public ; l’absence ou les lenteurs des enquêtes portant sur les infractions attentatoires à la vie humaine  enregistrées à l’occasion de manifestations ; le recours quasi systématique pour l’emprisonnement notamment d’acteurs politiques, de leaders d’opinion, de citoyens et surtout des  journalistes ; la violation par certains professionnels des médias des règles régissant leur profession», lit-on.
Birahim Seck a aussi déploré le maintien en fonction de membres de la Commission électorale nationale autonome (Cena) à l’expiration de la durée de leur mandat. Mais aussi la suspension temporaire, répétitive et fort préjudiciable des données mobiles, de certaines plateformes numériques et d’organes de presse. Dans son diagnostic, le Forum civil n’a pas omis la question de l’émigration irrégulière : «le grand désarroi de la jeunesse et sa perméabilité à des pratiques préjudiciables à sa sécurité et à son avenir, notamment aux jeux de hasard électroniques». L’autre point majeur évoqué, c’est la question du monde rural frappé par dans certaines zones par la pauvreté extrême. «L’augmentation continue des prix de première consommation et des dépenses scolaires ; la difficile gestion des attentes des communautés par rapport aux retombées du secteur extractif ; la forte précarité dans le monde rural (zones frontalières comme celles de l’intérieur du pays) victime du mode de gestion du ministère chargé de l’Agriculture».
Le Forum Civil note aussi avec regret la mal gouvernance en matière de lutte contre la corruption, de redevabilité dans le recouvrement des impôts, de gestion des contrats publics (marchés publics, contrat de partenariat), de gestion de la dette (absence de publication de conventions de financement).
Pour une sortie de crise et résoudre définitivement les tensions sociales et politiques, le Forum civil propose une panoplie de résolutions entres autres : respecter et se conformer à l’état de droit en garantissant l’exercice des libertés publiques collectives et individuelles, notamment celles de réunion et de manifestation ; garantir la transparence et l’intégrité du processus électoral, notamment en confiant l’organisation de l’élection présidentielle du 25 février 2024 à une autorité non partisane ; mener toutes les enquêtes et prendre les sanctions à l’encontre des personnes responsables de tout bord ; garantir à la police nationale, à l’image de la gendarmerie et de l’armée nationales, une autonomie budgétaire et de gestion ; inclure dans les réformes urgentes la mise en place de juges des libertés ; prendre la juste mesure de la grande désespérance de la jeunesse de voir ses rêves d’avenir fleurir au Sénégal ; veiller de très près sur les pratiques et les messages des sociétés de jeux, notamment électroniques, à l’endroit des jeunes ; accentuer ses actions de lutte contre l’émigration irrégulière par des politiques structurelles ; rendre immédiatement opérationnels tous les fonds et mécanismes prévus dans le secteur extractif destinés à satisfaire les attentes des communautés», conclut le texte.
 
Baye Modou SARR
 
 
LES ECHOS

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