Suppression de poste de Pm, nouveau gouvernement, situation du pays: Le silence assourdissant et inquiétant de l’opposition



 
C’est à croire que l’opposition n’a que faire du pays et des Sénégalais. Sinon, comment comprendre le silence d’Idrissa Seck et Cie sur la situation actuelle, marquée par la formation d’un nouveau gouvernement, mais aussi et surtout l’annonce de réformes constitutionnelles, visant la suppression du poste de Premier ministre qui aura un impact certain sur la vie démocratique et institutionnelle du pays. 
 
 
 
 
Où est passée l’opposition sénégalaise ? Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Madické Niang, Issa Sall, Malick Gakou, Pape Diop, Mamadou Lamine Diallo, Mamadou Diop Decroix… Cette opposition, qui, il y a juste deux mois, faisait le tour du pays et des populations, pour solliciter leurs suffrages et qui, aujourd’hui, s’emmure dans un silence quasi-total (seuls quelques rares voix comme celle de Thierno Bocoum et Abdoul Mbaye se font entendre). Même Wade qui avait chauffé le pays à la veille de la présidentielle est désormais aphone. Un silence d’autant plus inquiétant que c’est comme s’ils n’avaient plus rien à faire du pays, de leurs concitoyens et de leur avenir, alors que se profilent, à l’horizon du second mandat du Président Macky Sall, des réformes qui vont impacter directement la vie de la nation, en particulier l’architecture politique. En effet, il est annoncé la suppression du poste de Premier ministre. Une réforme majeure, avec des conséquences directes sur le système politique et le mode de gestion de l’Etat. On va vers un régime présidentiel renforcé, alors que les opposants n’ont jamais cessé de dénoncer les pouvoirs déjà exorbitants du chef de l’Etat. Ils avaient plaidé pour le renforcement des pouvoirs de l’Assemblée nationale, pour qu’elle puisse jouer pleinement son rôle de contrôle de l’action gouvernementale et de contre-pouvoir vis-à-vis de l’exécutif. 
Or, la réforme en vue va remettre en cause tout cela. L’Assemblée nationale n’aura plus un chef de gouvernement responsable devant elle. Elle ne pourra plus censurer le gouvernement ou le contrôler, encore moins contrôler l’action du chef de l’Etat, qui devient de facto, après la disparition du Premier ministre, le patron direct de l’équipe gouvernementale. 
Ce silence sur la suppression d’une institution comme la primature devrait-il être leur posture, en tant que leaders et aspirants à la magistrature suprême ? L’attitude de l’opposition est si incompréhensible qu’elle va vivre directement les conséquences politiques de cette réforme. En effet, si cette réforme passe, il ne servira à rien de se battre pour avoir la majorité à l’Assemblée nationale aux prochaines législatives. Parce que la cohabitation perdra tout son sens et ne posera aucun souci à l’exécutif, qui se sera affranchi du pouvoir de censure du gouvernement et de contrôle de son action. Et pendant qu’on prête au chef de l’Etat l’intention de tuer dans l’œuf les difficultés que pourrait lui causer une éventuelle cohabitation, eux se terrent dans leur coin, comme si l’avenir du pays ne les intéressait pas. 
Refuser la main tendue du président de la République et le dialogue auquel il les appelle ne devrait nullement être un prétexte, pour justifier leur silence sur ces questions fondamentales pour l’avenir du pays, aujourd’hui agitées par le pouvoir. 
Pourquoi ce silence sur l’actualité socio-économique du pays, qu’ils s’étaient donné un point d’honneur de critiquer, de peindre sous les plus sombres couleurs, il y a juste 2 mois ? Et pourtant, les 42% de Sénégalais qui ont voté pour eux sont toujours là, plus que jamais dans leur conviction. Mais hélas, Idy et Cie, loin des questions de l’heure du pays, semblent avoir leur logique et leur agenda qu’ils sont les seuls à maîtriser. 
Quoi qu’il en soit, avec ce silence tout le temps et sur tout, qui est leur devise depuis la fin de la présidentielle, silence qui frise l’indifférence, cette opposition donne raison à ceux qui pensent qu’elle n’est intéressée que par le pouvoir. Et du moment qu’elle ne l’a pas eu, elle est retournée dans sa tour d’ivoire, attendant les prochaines joutes électorales, pour subitement se poser en messie ou sauveur devant les populations, qu’elle aura, entre-temps, abandonnées à leur sort.
 
Mbaye THIANDOUM
 
 

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