SUSPENSION DE SES ACTIVITÉS EN VUE DE DÉMISSIONNER : Abdoulaye Ndiaye dénonce le clanisme et le lobbyingau sein de l'Apr



 
Membre fondateur de l’Alliance pour la République, Abdoulaye Ndiaye est sur le point de quitter le parti du Président Macky Sall. L’ancien député a décidé de suspendre ses activités politiquespourprotester contre la façon dont il est traité au sein de l'Apr et Benno Bokk Yakaar. Celui qui se définit comme le précurseur de Apr Grand-Yoff revient dans cet entretien sur les raisons qui l’ont poussé à s’éloigner du parti présidentiel. A l’en croire, le clanisme et le lobbying font rage dans l’Apr et font des victimes.
 
Les Échos :  A ce qu’il paraît vous allez démissionner de l'Apr. Qu’est-ce qui a motivé une telle décision ?
 
Abdoulaye Ndiaye : je tiens à préciser que je n’ai pas encore démissionné.J’ai par contre décidé de geler toutes mes activités de l'Apr et de la coalition Benno Bokk Yakaar pour plusieurs raisons. Je fais partie des premiers membres de l'Apr. Je suis le précurseur de l'Apr Grand-Yoff. Nous avons gagné à la surprise générale Grand-Yoff lors de la présidentielle de 2012, devant des dinosaures politiques comme Khalifa Sall et Babacar Ndao qui était à l’époque ministre. Nous faisions du bon travail,malheureusement le désordre s’est installé et le clanisme est né avec la bénédiction de certains grands responsables du parti. Les choses ont empiré avec la venue de Aminata Touré àGrand-Yoff.
 
Qu’est-ce que Aminata Touré a à voir avec vos frustrations dans l’Apr ?
Elle est à la base de tous les problèmes. Aminata Touré m’a fait croire que le Président Macky Sall avait décidé qu’elle vienne nous renforcer, mais quelque mois plus tard, je me suis rendu compte que ce n’était pas exact.Je lui ai laissé ma place en 2014 et j’en ai fait les frais. Ça a été très dur pour moi, malgré tous les sacrifices consentismon travail n’a pas été reconnu à sa juste valeur. J’ai sacrifié mon établissement pour l’Apr parce que pendant 5ans il a servi de siège au parti et les parents d’élèves n’ont pas cessé de se lamenter. Nous avons perdu beaucoup d’élèves par la suite. En plus de ça, des responsables apéristes de Grand-Yoff nous tiraient continuellement dans les pieds.
 
Vous étiez député à cette époque, alors n’aviez-vous pas mieux à faire que de vous occuper des guéguerres politiques au niveau de Grand-Yoff ?
Effectivement, j’étais député et je faisais un excellent travail. J’ai plaidé la cause de Grand-Yoff. Le commissariat et le nouveau lycée sont les deux grandes preuves de mon investissement dans le développement de Grand-Yoff. Énormément d’actions,surtout du côté de la sécurité,ont été menées ici à Grand-Yoff grâce à moi. Malheureusement, j’ai été écarté de la liste des investis en 2017. C’est plus tard que j’ai su que certains responsables sont allés dire au Président Macky Sall que je roulais pour Khalifa Sall. Comment ont-ils pu propager une telle rumeur juste pour me détruire ? Khalifa Sall est certes un grand-frère mais si j’avais voulu travailler avec lui, je n’aurais pas fait partie de l’Apr. Il s’est approché de moi alors que j’étais encore dans le mouvement associatif, mais à chaque fois je déclinais poliment. La vie m’a donné raison aujourd’hui, ceux qui me combattaient ont mis le parti dans une situation très complexe.
 
Avec tout ce que vous avez listé comme injustices vécues dans l’Apr depuis 2017, pourquoi alors avoir attendu jusqu’à maintenant pour jeter l’éponge ?
Premièrement, je voulais d’abord être conséquent avec moi-même.  Si j’étais sorti aussitôt après les élections de 2017, les gens allaient dire que c’est parce que j’ai perdu mon poste de député. Deuxièmement,l’Apr Grand-Yoff, c’est mon bébé, je l’ai vu naître et grandir en le chérissant, alors ce n’est pas facile de quitter. Et le dernier point, c’est que j’ai beaucoup de respect, pour le Président, pour tout ce que nous avons partagé depuis Fatick, je ne voulais pas le lâcher sur un coup de tête.
 
Vous êtes resté mais vous n’étiez plus aussi engagé qu’avant ?
 On m’a certes écarté,mais je n’ai pas cessé de travailler pour l’union et l’avancement de l’Apr Grand-Yoff. Aussi bien les locales que les législatives, je me suis engagé pour battre campagne pour Benno Bokk Yakaar. Pour les locales j’ai apporté mon soutien à Cheikh Bakhoum qui est venu le solliciter. Concernant les législatives,quand on nous a fait savoir que c’est Me Ousmane Sèye quiétait choisi pour coordonner. Nous nous sommes organisés de notre côté avec Cheikh Bakhoum pour battre campagne de notre côté, sans pour autant dénigrer l’équipe de Me Sèye qui pourtant recevait les fonds de campagne. De toute façon c’était perdu d’avance,Benno n’avait pas de candidatsà Grand-Yoff contrairement à Yewwi qui avait investi un fils de la commune sur ses listes. On a eu le plus mauvais score depuis 2012, un écart de plus de 14 mille voix. J’ai pris le temps de réfléchir. Je pense qu’il est temps de tourner la page.
 
Et si le Président Macky Sall décidait de vous appeler, allez-vous surseoir à votre décision de quitter l’Apr ?
Si le Président comprend ma position qui est très légitime, on pourra aller sur de nouvelles bases. J’estime que dans un groupe, il faut que les gens se respectent et que la reconnaissance soit de mise. Autant je dois apprécier le travail du Président, autant il doit évaluer et apprécier mon travail. Si on croit que j’ai tord aussi, je n’ai aucun problème à ce qu’on me mette devant mes responsabilités. Mais on ne peut pas s’appuyer sur des rumeurs et décréter une attitude à avoir envers quelqu’un. Je ne suis pas leseul dans cette situation. De vaillants militants qui se sont sacrifiés sont mis aux oubliettes. Il faut que ces genres de situation cessent.
 
A vous entendre parler, c’est l’organisations du parti qui pose problème ?
L’Apr a un réel problème d’organisation,surtout méthodologiquement. Nous venons de sortir de deux élections avec des résultats pas du tout fameux. Alors la logique voudrait que l’on cherche des espaces d’échange en vue de cerner les véritables problèmes pour y apporter des solutions idoines. Et alors que les gens sont frustrés et démotivés et on veut leur vendre des cartes. Cela ne rime à rien du tout. Nous allons vers un échec total, à moins que les gros bonnets achètent les cartes et fassent croire au président que la base est toujours aussi forte. Il faut que le président soit plus attentif à ce qui se passe autour de lui. Ceux qui l’informent gèrent leurs intérêts. Il ya trop de clanisme et de lobbying dans son entourage. Quand on accepte de se faire parrainer, on a droit à des privilèges. Moi je suis un électron libre. Je ne suis d’aucun camp, le président Macky Sall était ma seule référence.
Ndèye Khady DIOUF
 
 
 
 
 
 
 
 
LES ECHOS

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