SURPOPULATION CARCERALE AU SENEGAL: 10.375 détenus dont 306 femmes et 219 mineurs ; Rebeuss abrite plus du double de sa capacité



 
 
La surpopulation carcérale est une réalité au Sénégal. Le ministre de la Justice l’a lui-même reconnu, lors d’un atelier de sensibilisation d’acteurs de la société civile et des médias sur la situation carcérale. Toutefois, Ismaïla Madior Fall a fait savoir que des solutions sont en train d’être trouvées, avec la construction de nouvelles prisons, l’augmentation des capacités de celles existantes et le réaménagement des peines.
 
 
 
Ce n’est plus un secret pour personne. Les prisons sénégalaises sont surpeuplées, avec pas moins de 10.681 hommes et femmes détenues dans les établissements carcéraux à la date du 3 décembre 2018. Un surpeuplement reconnu par le ministre de la Justice, qui donne l’exemple de la prison de Rebeuss qui a dépassé de plus du double sa capacité d’accueil. «La surpopulation carcérale est une réalité au Sénégal. Si on prend l’exemple de la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss, on se rend compte que les pensionnaires dépassent actuellement 2000 sur une capacité d’accueil de 800 détenus», affirme-t-il. Et d’ajouter que cette population carcérale débordante est constituée essentiellement d’hommes. «Au Sénégal, la population carcérale est à majorité masculine. Il y a 10.375 hommes et 306 femmes à la date du 3 décembre 2018. Il s’y ajoute 219 mineurs en conflit avec la loi», indique le garde des Sceaux. Qui révèle également que parmi les 10.375 prisonniers, les 9600 sont de nationalité sénégalaise, contre 10% de détenus de nationalité étrangère. 
S’agissant des longues détentions préventives, souvent indiquées comme étant la cause du surpeuplement dans nos prisons, Ismaïla Madior Fall relativise. Selon lui, les statistiques sont en porte-à-faux avec l’émotion et la passion avec lesquelles les gens parlent de cette question. «Les gens en parlent avec beaucoup d’émotion (…). Les détenus qui ont fait plus de trois ans sans être jugés sont au nombre de 289, soit 2,71% de la population carcérale», soutient-il. Non sans préciser qu’aujourd’hui, dans les prisons sénégalaises, «les actes de torture sont systématiquement sanctionnés». 
Pour régler ou du moins juguler la question de la surpopulation carcérale, le Sénégal, selon le ministre de la Justice, est en train de mettre en place un certain nombres de mesures. La première consiste à construire de nouvelles prisons, notamment à Sébikotane et à Koutal, ainsi que l’augmentation des capacités d’accueil de plusieurs maisons d’arrêt et de correction (Mbour, Diourbel, Foundiougne et Fatick). Les autres mesures concernent «l’aménagement de peines» pour les détenus définitivement condamnés et remplissant certaines conditions, qui pourront bénéficier de «libération conditionnelle», de «réduction et de commutation de peines» et de «l’application des peines alternatives à l’incarcération».
 
Mbaye THIANDOUM
 

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