Une affaire de faux actes notariés et de spoliation présumée secoue les Parcelles Assainies à Dakar. La famille de Nogaye Mbaye, expulsée de sa maison en février 2025, a adressé une lettre ouverte à la ministre de la Justice. Elle y dénonce une “injustice flagrante” et met en cause un notaire et un proche parent.
C’est une affaire qui dure depuis près de 20 ans et qui illustre les lenteurs, mais aussi les zones d’ombre de la justice sénégalaise en matière immobilière. La famille de Nogaye Mbaye, résidente aux Parcelles Assainies (Unité 14, n°071), affirme avoir été victime d’une spoliation orchestrée par leur beau-frère, A. Diouf, avec la complicité présumée de la notaire Me B.T..
Des signatures détournées
Les faits remontent à 2005. À l’époque, selon le témoignage de la famille, A. Diouf les conduit chez un notaire pour signer des documents “nécessaires à l’obtention d’un crédit bancaire”. Ils assurent avoir donné leur accord en toute confiance, convaincus qu’il s’agissait uniquement de formalités liées au prêt contracté par leur beau-frère.
Dix-sept ans plus tard, en 2022, ce dernier revient leur annoncer que la maison familiale lui appartiendrait, sur la base de documents notariés présentés comme un acte de vente. Une déclaration jugée “choquante et mensongère” par la famille, qui dépose alors plainte devant les juridictions pénale et civile.
Une expulsion malgré une procédure en cours
En 2025, alors que l’affaire est toujours pendante devant le juge d’instruction et que les mis en cause sont placés sous contrôle judiciaire, A. Diouf saisit en référé le tribunal pour obtenir l’expulsion des occupants. À la surprise de la famille, la requête est acceptée. Conseillés par leur avocat, ils quittent la maison, dénonçant toutefois une “violation manifeste” de leurs droits. “Nous n’avons jamais vendu notre maison, et aucun acte légal de vente n’a été consenti de notre part”, écrivent-ils dans leur lettre ouverte adressée à la ministre de la Justice.
Le rôle contesté d’un notaire
Au cœur du litige : le rôle de Me B. Thiam, notaire, citée par A. Diouf lui-même dans des vidéos publiques. Selon lui, c’est elle qui aurait procédé à la “vente” de la maison familiale. Or, celle-ci n’aurait jamais pu être légalement transférée, puisque le bien reste hypothéqué par la banque depuis 2005. Chaque mois, A. Diouf continue d’y rembourser une traite de 129.000 F Cfa.
“Cette situation démontre que la mutation n’a jamais pu être valablement réalisée”, soutient la famille, qui affirme détenir les preuves de paiements et les documents bancaires.
Un appel à l’État de droit
Face à ce qu’ils considèrent comme une injustice flagrante, les héritiers de Nogaye Mbaye interpellent directement la garde des Sceaux. Ils demandent que la procédure pénale aboutisse, que “la vérité sur les agissements de Maître B. Thiam et de (leur) beau-frère” soit établie, et que leur droit de propriété soit rétabli. “Nous en appelons à votre haute autorité, ainsi qu’à celle de Son Excellence le Président de la République, garant de l’État de droit, pour que justice soit rendue à notre famille”, conclut la lettre signée par Ahmed Ndiaye, fils de Nogaye Mbaye.
Samba THIAM