SOUPÇONNÉ D’ÊTRE EN RELATION AVEC LES AUTEURS DE L’ATTAQUE DE GRAND BASSAM: Boubacar Niangadou blanchi du chef d’apologie du terrorisme, mais renvoyé pour blanchiment de capitaux



 
Inculpé en 2017 pour des faits de terrorisme, Boubacar Niangadou n’est pas totalement sorti de l’auberge, mais il a tout de même reçu une bouffée d’oxygène, suite à l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction. Il devra certes comparaître devant la Chambre criminelle en même temps que son coinculpé, mais le magistrat instructeur l’a blanchi du chef d’apologie du terrorisme, pour ne retenir que le blanchiment de capitaux.
 
 
Accusé de faire partie d’un réseau de terroristes et d’être en relation avec les auteurs de l’attentat de Grand Bassam en Côte d’Ivoire, le Malien d’origine Boubacar Niangadou a été lourdement chargé par le réquisitoire du procureur, qui a visé les chefs d’association de malfaiteurs, apologie du terrorisme et blanchiment de capitaux. Il a été inculpé et placé sous mandat de dépôt, en 2017, par le Doyen des juges d’instruction. Suffisant pour inquiéter l’accusé lui-même et ses proches, qui prédisaient un avenir sombre, même si Boubacar Niangadou a toujours crié son innocence. Le terrorisme étant un acte sévèrement réprimé, le Malien avait un mince espoir de sortir du trou. En prison, il n’a bénéficié d’aucun privilège. Au contraire, il est de ceux qui sont dans les conditions les plus difficiles, pour ne pas dire inhumaines. Les demandes de mise en liberté provisoire introduites par ses avocats sont systématiquement rejetées. 
 
 
Non-lieu sur tous les chefs d’inculpation concernant le terrorisme
 
 
 
Pourtant, au bout du compte, l’enquête menée par le magistrat instructeur n’a rien révélé d’un acte qu’il aurait commis ayant trait au terrorisme. Après deux ans d’instruction, le Doyen des juges d’instruction a conclu à un non-lieu sur tous les chefs d’inculpation concernant le terrorisme. Le magistrat instructeur n’a finalement retenu que les faits de blanchiment de capitaux. La montagne a presque accouché d’une souris pour ainsi dire, si l’on sait que Boubacar Niangadou a été décrit comme un des auteurs du drame de Grand Bassam, en Côte d’Ivoire, qui avait enregistré 15 morts. S’il est poursuivi pour blanchiment de capitaux, c’est parce qu’il a été «épinglé» par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) qui a découvert que plus de 3 milliards de nos francs ont transité sur son compte bancaire logé à la Bicis. Pour son argumentaire, Boubacar Niangadou jure sur tous les saints que c’est de l’argent que lui transfèrent des proches qui sont au Mali ou ailleurs et qu’il remet à leurs parents ici au Sénégal. Des arguments qui n’ont pas convaincu le magistrat instructeur, qui a trouvé des charges suffisantes à l’encontre du Malien qui est renvoyé en Chambre criminelle, en même temps qu’un autre inculpé qui, lui, doit répondre du chef de terrorisme. 
Alassane DRAME

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