SORTIE DU PROCUREUR SUR L’AFFAIRE FALLOU SENE: Me Amadou Diallo, conseil de la Coordination des étudiants de Saint-Louis, fustige l’attitude du Procureur



 
Les étudiants et parents de l’étudiant Fallou Sène peuvent garder espoir, le procureur de la République, qui est resté muet tout ce temps, a fait savoir que l’affaire est en cours et qu’il va poser les premiers actes de l’enquête puisqu’il a reçu l’ordre de poursuite. Cependant, pour Me Amadou Diallo, avocat de la Coordination des étudiants de Saint-Louis, Serigne Bassirou Guèye a pris trop de temps et qu’en vérité, cette affaire ne l’intéresse pas trop ; elle n’est pas le motif de sa rencontre avec la presse. L’avocat a fustigé le comportement du chef du Parquet dans cette affaire et demande que l’enquête aille vite.
 
Plus d’un an que les étudiants et avocats s’agitent pour faire évoluer le dossier Fallou Sène, c’est hier seulement, lors de sa rencontre avec la presse, que le procureur de la République, jusque-là silencieux, est sorti de son cocon pour parler de cette affaire. Selon Serigne Bassirou Guèye, après une demande d’ordre de poursuite, c’est tout récemment que le Haut commandant de la gendarmerie a réagi pour donner son accord. Le chef du Parquet a fait savoir que dès aujourd’hui, il va saisir le patron de la Brigade prévôtale et poser le premier acte de l’enquête. Seulement, cette volonté du Procureur d’éclairer cette affaire ne convainc pas Me Amadou Diallo, nouveau secrétaire d’Amnesty international Sénégal et avocat de la Coordination des étudiants de Saint-Louis. «Nous estimons que cette conférence de presse pour parler de l’affaire Fallou Sène est venue très tardivement. Tout laisse croire que cette affaire du pétrole, Aliou Sall, est le principal motif de cette conférence de presse. Maintenant, en tout état de cause, en tant que conseil de la Coordination des étudiants de Saint-Louis, j’estime qu’on a plus besoin des actes que des paroles du Procureur. Parce qu’il ne peut pas nous faire croire qu’il a passé plus d’un an à examiner le dossier avant de solliciter l’ordre de poursuite», a martelé Me Diallo. L’avocat de poursuivre : «Il n’a pas indiqué la date à laquelle il a formulé la demande d’obtention de l’ordre de poursuite et quand est-ce qu’il l’a obtenue ; pour dire tout simplement qu’il n’a pas suffisamment fait preuve de diligence». Sur les attentes, l’avocat se veut clair : «ce qu’on attend de lui, c’est que ça aille vite. On a suffisamment trainé comme ça». 
S’offusquant toujours du comportement du procureur de la République, le défenseur des droits humains ajoute : «il me semble que Me Assane Dioma Ndiaye lui a fait un courrier, parce que Assane Dioma Ndiaye avait adressé un courrier au Procureur Ibrahima Ndoye qui a eu la courtoisie de lui répondre ; ce qui n’a manifestement pas été le cas, en ce qui concerne le Procureur Serigne Bassirou Guèye, sous réserve de tout autre explication. En fait, le procureur de la République ne s’intéresse pas aux victimes directes d’une infraction commise». 
 
«Le Procureur ne donne pas une direction. Il ne rassure pas»
 
L’avocat est, par ailleurs, très sceptique sur cette affaire du pétrole, «d’abord si l’on compare le temps qui a été mis pour s’occuper de l’affaire Fallou Sène à celui qui a été mis pour l’affaire Aliou Sall, on voit bien qu’il n’y a pas photo», souligne-t-il, avant de poursuivre, acerbe : «le Procureur navigue à vue. Il ne m’a pas donné l’impression de quelqu’un qui veut mener une enquête objective et sérieuse. Je ne peux pas comprendre qu’il dise que nous allons saisir les enquêteurs et que toute personne qui a des informations doit pouvoir se présenter. Je ne crois que pas que cela doit se passer comme ça. Il doit avoir des informations et donner une direction et, apparemment, il n’a pas saisi la direction à prendre. C’est à lui d’indiquer aux enquêteurs la direction,  rechercher si les faits sont avérés, voir quelles sont les infractions etc. Mais quand on dit je donne le dossier aux enquêteurs, je demande à tout Sénégalais qui a des informations de venir témoigner, la loi n’oblige personne à venir témoigner, cela veut dire qu’on va tout droit vers le mur. Ce n’est pas rassurant».
Alassane DRAME

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