SITUATION HUMANITAIRE A GAZA : Les Etats-Unis bloquent un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’Onu et s’expliquent




 
La question du conflit entre Palestine et Israël est au cœur des débats au Conseil de sécurité des Nations-Unies. Hier, les membres de l’instance ont statué sur un projet de résolution qui prévoyait, entre autres, l’établissement d’un couloir humanitaire vers la bande de Gaza. Le projet introduit par le Brésil, au lendemain du bombardement de l’hôpital Al Ahli de Gaza, a été bloqué par les Etats-Unis qui ont imposé leur droit de veto avant de s’expliquer
 
Le Conseil de sécurité des Nations-Unies s’est réuni hier pour statuer sur un projet de résolution sur la situation à Gaza. Introduit par le Brésil, président en exercice du Conseil en ce mois d’octobre, le projet est finalement bloqué par veto introduit par les Usa. Au final, la France, les 3 pays africains (Gabon, Mozambique et Ghana) ont exprimé leur approbation, la Russie et la Grande-Bretagne se sont abstenues tandis que les Etats-Unis ont appliqué leur droit de veto. Par conséquent, le projet n’a pas été adopté.
 
11 points d’espoir pour faciliter l’action humanitaire à Gaza
 
Pourtant, étalé sur 11 points, le document dénonce l’attaque du Hamas perpétré la semaine dernière en territoire israélien et déplore les pertes en vies humaines tant du côté de l’Etat Hébreu que de celui des Palestiniens. Sur 8 des 11 points, le projet appelait à un cessez-le-feu immédiat et l’installation d’un couloir humanitaire pour l’acheminement des médicaments et denrées de première nécessité aux civils victimes des bombardements sanglants particulièrement à Gaza.
 
Les Usa expliquent leur veto 
 
Bien que les Américains n’aient jamais caché leur alliance avec Israël depuis le début de ce conflit, ils ont aussi souvent plaidé pour l’implantation d’actions humanitaires dans la plupart des zones en guerre actuellement dans le monde. Washington n’a pas opté pour un amendement du projet S/2023/773 d’hier et a décidé de bloquer la résolution. Prenant la parole, Linda Thomas Greenfield, ambassadrice des États-Unis aux Nations-Unies a d’emblée mis en avant les démarches diplomatiques de proximité que son pays a entamées dans les lieux du conflit et dans la région. A l’en croire, «au moment où l’on se réunit (ndlr : hier mercredi) le Président Biden est dans la région…»,  avant d’ajouter qu’il faudrait avoir foi en cette initiative et laisser cette procédure continuer. Une déclaration qui insinue que le moment n’est pas opportun, qu’en d’autres termes l’adoption du projet de résolution d’hier aurait pu, aux yeux des Américains, compromettre les négociations en cours sur le terrain. Puisqu’il condamne aussi la réplique sanglante de l’armée israélienne dont la dernière en date et le bombardement de l’hôpital Al-Ahli qui a fait des centaines de morts. La mission américaine aux Nations-Unies a expliqué aussi que le document a omis d’inclure l’aspect légitime défense de L’Etat Hébreu. Une remarque que cette dernière aurait pu inclure en amendement si elle tenait à ce que le projet passe.
 
La Russie parle d’hypocrisie, la France et le Brésil se désolent 
 
Le veto des Usa hier au Conseil de sécurité n’est pas passé sans commentaire. La Fédération de Russie, première à prendre la parole après la motion des Américains a qualifié d’hypocrisie l’attitude de ces derniers. En effet, selon Moscou, Washington n’a pas tout dit sur son refus de laisser passer cette résolution. Car, selon l’ambassadeur de la Russie à l’Onu, il y a eu 2 poids 2 mesures de la part des Usa qui, dit-il, se sont initialement dit prêts à adopter une résolution humanitaire, mais qu’en réalité, il n’en était rien. Indexant un conflit d’intérêt des Américains liés à des ventes d’armements à Israël.
Le Brésil, auteur du projet de résolution, s’est désolé de la non adoption de cette dernière. Selon lui, le Conseil s’est une fois de plus s’abstenu d'adopter une résolution sur le conflit israélo-palestinien. Indiquant que de nouveau «le silence et la passivité l’ont emporté sur l'intérêt général des personnes». Brasilia a aussi regretté profondément qu'il soit impossible d'agir collectivement au Conseil de sécurité et dit espérer que les efforts d'autres acteurs déboucheront sur des résultats positifs. Dans la même lancée, la France, contrairement aux membres permanents qui se sont abstenus, a exprimé toute son adhésion au projet en votant pour. Paris s’est aussi désolée de sa non validation. Mettant l’accent sur les atouts humanitaires que la résolution aurait pu plaider pour la cause.
Ahmadou KANE
(Correspondant permanent à New York)
 
 
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