Le guide des Moustarchidines a célébré le Laytatul Qadr à Yoff un jour avant Tivaouane, parce qu’il a commencé à jeûner le mardi au lieu du mercredi. Toujours égal à lui-même, Serigne Moustapha Sy a tenu en haleine son auditoire pendant de longues heures. Une occasion pour le fils de Serigne Cheikh Tidiane Sy de réaffirmer sa légitimité dans la ville sainte de Tivaouane.
C’est devenu une habitude chez lui, à chacune de ses sorties, le guide des Moustarchidines alimente les commentaires en traitant soit de la politique soit de ses relations heurtées avec certains membres de sa famille. La cérémonie de Laylatul Qadr de cette année n’a pas dérogé à la règle. A l’en croire, la plupart des attaques qu’il subit sur les réseaux sociaux sont motivées par l’argent. «Beaucoup de gens m’attaquent sur YouTube parce qu’ils ont été payés. Il n’y a qu’à les regarder pour savoir qu’ils ne sont pas valables», clame Serigne Moustapha Sy qui poursuit : «certains se permettent de dire qu’ils ne m’appelleront pas ‘’Serigne Moustapha’’, comme si moi j’avais besoin qu’on me donne le titre de ‘’Serigne’’. Je suis plus qu’un ‘’Serigne’’». Non sans ajouter : «et d’autres disent que je n’ai pas de ‘’kilifeu’’, eh bien sachez qu’actuellement, personne ne m’est spirituellement supérieur. Je n’avais qu’un seul ‘’kilifeu’’, c’était Serigne Cheikh et il n’est plus de ce monde. Je ne parle même pas du domaine spirituel, mais aucun d’eux n’a un comportement digne d’être mon ‘’kilifeu’’. Je les connais bien», précise le guide des Moustarchidines.
«Al Amine m’a dit : ‘’ne sous-estime pas la place que tu as dans la famille…tu dois maintenant prendre tes responsabilités’’»
Malgré son désaccord légendaire avec Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine, Serigne Moustapha est revenu sur l’une de leurs discussions après la disparition de Serigne Cheikh Al Makhtoum. «Deux jours après le décès de Serigne Cheikh, j’ai eu avec Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine une longue et profonde discussion et il m’a dit : ‘’nous sommes devenus vieux maintenant. Ne sous-estime pas la place que tu as dans la famille. Tu dois maintenant prendre tes responsabilités’’ ; et je garde toutes ses paroles au plus profond de moi», confie-t-il. Pour lui, certaines personnes ne réfléchissent pas et peuvent penser qu’il se démarque de Tivaouane alors que tel n’est pas le cas. «Tivaouane constitue notre cœur. J’y ai des pères, mères, tantes et oncles, alors mon appartenance à cette ville sainte n’est plus à prouver. S’ils savaient l’estime que je leur porte. Si je ne leur accordais pas assez d’importance, j’aurais fait ce que je dois faire depuis longtemps, sans rendre compte à quiconque», a-t-il précisé.
D’après le guide des Moustarchidines, c’est en connaissance de cause que des ainés avaient entrepris des démarches pour qu’il soit plus impliqué dans la marche de Tivaouane. Il invite ainsi ses talibés à œuvrer dans ce sens et à savoir que «chaque chose en son temps et que le moment venu cela se réalisera.»
«Je ne connaissais pas très bien Thione Seck, mais je me dois de présenter mes condoléances suite à sa disparition»
Il a profité de sa cérémonie de Laytatul Qadr pour présenter ses condoléances aux proches de Thione Seck, en racontant ce qui les lient tous les deux. «Je ne le connaissais pas très bien, mais nous achetions dans la même boutique, sise à Paris, nos costumes. Un jour, alors que je passais tranquillement prendre un costume, comme d’habitude, le gérant qui est un Marocain me dit : ‘’donc vous nous avez berné pendant tout ce temps. Vous fréquentez cette boutique pendant de nombreuses années, mais je n’ai jamais su qui vous étiez réellement’’. Je lui ai donc demandé comment il a découvert mon identité et il me dira alors que c’est Thione Seck, chanteur sénégalais, qui lui a révélé ma vraie identité», déclare Serigne Moustapha. Poursuivant, le marabout affirme que le défunt chanteur a demandé au gérant de solliciter des prières auprès de lui pour que la boutique soit plus florissante. «Cette honnêteté de sa part m’a marqué et donc s’il quitte ce monde, je me dois de présenter mes condoléances», dit-il.
Ndèye Khady DIOUF