Même si le sabre d’El Hadj Oumar Tall a été restitué au Sénégal, il faudra patienter encore pour voir cette pièce entrer définitivement dans le patrimoine sénégalais. En effet, le dernier mot revient à l’Assemblée nationale française qui devra voter cette loi, comme l’a d’ailleurs fait remarquer le Président Macky Sall. En attendant, le Premier ministre français révèle que la place du sabre est au Sénégal, «au cœur de l’ancien empire toucouleur».
Le sabre d’El Hadj Oumar Foutiyou Tall a été restitué, hier, au Sénégal, lors d’une cérémonie au palais de la République, présidée par le Président Macky Sall, en présence du Khalife de la famille Omarienne Thierno Mountaga Bachir Tall, du Khalife général des Tidianes Serigne Babacar Sy Mansour, de la présence des petits-fils d’El Hadj Oumar Tall venus du Mali, de la Guinée, du Nigeria, ainsi que d’autres dignitaires religieux à travers le territoire national. Il a ainsi reçu le sabre des mains du Premier ministre français Édouard Philippe pour ensuite le remettre au ministre de la Culture, qui, à son tour, l’a présenté au Directeur du Musée des Civilisations noires où ce patrimoine devra être conservé. Cependant, en dépit de cette cérémonie de restitution, le sabre n’est pas encore un patrimoine du Sénégal. En effet, cette signature de convention entre la France et le Sénégal ne constitue qu’une étape de la procédure, en attendant la restitution définitive du sabre. «Nous sommes liés par l’histoire. Et ce lien prend un accent particulier aujourd’hui avec la décision qui a été prise par la France d’engager la procédure de restitution du sabre d’El Hadj Oumar Tall, dont nos ministres viennent de signer l’accord qui marque la première étape de ce processus», a fait remarquer le Premier ministre français Édouard Philippe. Un point de vue conforté par le Président sénégalais Macky Sall : «ce jour est historique ! Voici que les descendants d’anciens belligérants se retrouvent et sympathisent comme pour signer définitivement la paix des braves, avec cette cérémonie marquant la signature de la convention du dépôt du sabre d’El Hadj Oumar Tall prévue pour sa restitution définitive après l’adoption de la loi y afférente», renchérit le chef de l’Etat. En attendant cette procédure de restitution définitive, d’autres objets appartenant à El Hadj Oumar et au Sénégal sont toujours conservés dans différents musées français. Il s’agit, selon le représentant de la famille Omarienne, de 517 livres, 150 photos et divers objets.
Macky Sall : «les grands hommes, comme leurs sabres, ne meurent jamais»
Contrairement au «ressentiment» suscité par la réclamation du patrimoine africain, le chef de l’Etat dit inscrire cette restitution dans la «convivialité». A cet effet, le Président Sall n’a pas manqué de rendre hommage à son homologue français qui, dit-il, a été courageux pour s’élever au-dessus du tumulte et entreprendre l’exercice délicat du rapatriement des patrimoines africains. Poursuivant, il est revenu sur la symbolique du sabre qui a été conservé au Musée de l’armée française. «La symbolique est forte de sa charge émotionnelle parce qu’un sabre est plus qu’une arme. A travers les âges et encore de nos jours, le sabre est symbole de fierté et d’élégance, d’apparat et de noblesse. De grands hommes en ont fait leur compagnon et les grands hommes, comme leurs sabres, ne meurent jamais. Ils défient le temps à travers leurs œuvres. Ainsi en est-il d’El Hadj Oumar Tall, l’aigle de Halwar», magnifie le Président sénégalais qui considère que la France, en restituant le sabre du saint homme, célèbre en même temps «sa propre grandeur, l’honneur et la dignité d’un combattant dont le refus de la soumission symbolise notre attachement commun à une valeur partagée la liberté».
Édouard Philippe : «Sa place est bien ici au cœur de l’ancien empire toucouleur»
«Le sabre qui nous réunit est infiniment plus prestigieux que celui qui nous a servi. C’est celui d’un grand conquérant, celui d’un guide spirituel que l’histoire connait sous le nom de El Hadj Oumar Tall. C’est le sabre d’un fondateur d’empire, l’empire toucouleur qui comprenait la Guinée, le Mali, le Sénégal. C’est le sabre d’un érudit qui a beaucoup voyagé pour approfondir ses connaissances en particulier en théologie. Sa place est bien ici au cœur de l’ancien empire toucouleur», ajoute le Premier ministre français Edouard Philippe qui rappelle que le sabre symbolise un épisode important de l’histoire du Sénégal et de ses pays voisins.
Moussa CISS