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Réquisitoire du parquet financier de Paris sur l'affaire de corruption: Lamine Diack en procès pour corruption active et passive



Réquisitoire du parquet financier de Paris sur l'affaire de corruption: Lamine Diack en procès pour corruption active et passive
 
 
 
Le Parquet financier de Paris, après quatre ans d’enquête, a fait sa réquisition dans l’affaire de corruption à l’Iaaf. Ainsi, il réclame le renvoi en procès de Lamine Diack pour «corruption active et passive» et «blanchiment en bande organisée». Quasiment, les mêmes chefs d’inculpation sont retenus contre son fils Massata Diack, considéré avec lui comme les cerveaux de cette affaire. Deux autres collaborateurs de l’ancien patron de l’Iaaf, Habib Cissé et Gabriel Dollé sont poursuivis pour «corruption passive», tandis que les Russes Valentin Balakhnichev  et Alexeï Melnikov devraient être jugés, le premier pour «corruption passive et active» et «blanchiment aggravé», le second pour «corruption passive». 
 
Nouveau développement dans l’affaire de corruption à l’Iaaf. Et ce n’est pas pour faire l’affaire de Lamine Diack. Selon l’Agence France presse, le dirigeant sénégalais file droit vers un procès. En effet, le Parquet national financier (Pnf) de Paris réclame ni plus ni moins que le renvoi au tribunal de l'ex-patron de l'athlétisme mondial (1999 à 2015). Ce dernier et son fils Massata Diack sont considérés par la justice française comme les principaux acteurs de cette affaire de corruption, qui consisterait à couvrir des cas de dopage d’athlètes russes, contre de fortes sommes d’argent. Au bout de quatre ans d’investigations, le Pnf, selon le réquisitoire de 48 pages fait le 16 mai dernier, veut faire juger Lamine Diack (85 ans) pour «corruption active et passive» et «blanchiment en bande organisée». 
 
 
Pape Massata Diack poursuivi pour «blanchiment en bande organisée», «corruption active» et «complicité de corruption passive»
 
Désormais, la balle est dans le camp du juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke. S’il suit ces réquisitions, ce qui sera très probablement le cas, vu son implication personnelle dans le dossier, cinq autres personnes en plus de Lamine Diack se retrouveront sur le banc des accusés. Le premier de ses quatre est Massata Diack, son fils et son «homme de confiance», qu’il avait recruté comme conseiller marketing à l'Iaaf. Le Pnf soupçonne le patron de Pamodzi de «s'être rapproché des autorités sportives russes (...) pour négocier contre paiement la protection» d'athlètes ciblés pour dopage. Incapable de mettre la main sur Diack fils, objet d’un mandat d’arrêt international et qui, depuis lors, s’est réfugié à Dakar, qui refuse de le livrer à la justice française ; le Parquet national financier réclame son jugement pour «blanchiment en bande organisée», «corruption active» et «complicité de corruption passive». Sur un autre volet du dossier, Lamine Diack est soupçonné d’«abus de confiance», pour avoir permis, «du fait de ses fonctions», à son fils Massata Diack  «de s’approprier des recettes de l'Iaaf provenant de sponsors».
 
 
 
Habib Cissé et Gabriel Dollé poursuivis pour «corruption passive»
 
Deux autres proches collaborateurs de l’ancien président de l’Iaaf sont aussi visés par les réquisitions du Pnf qui demande leur jugement, pour «corruption passive». Il s’agit de son conseiller juridique Habib Cissé et de Gabriel Dollé, ancien chef antidopage de l'Iaaf. Les Russes Valentin Balakhnichev  (ancien président de la Fédération russe d’athlétisme - Araf) et Alexeï Melnikov (ex-entraîneur en chef des courses de fond à l'Araf), sont également envoyés devant le juge par le Pnf. Le premier est poursuivi pour «corruption passive et active», et «blanchiment aggravé», alors que le second est poursuivi pour «corruption passive». 
 
«Sous la direction de son président, l'Iaaf a réussi à concilier corruption et encouragement du dopage»
 
L’enquête qui a abouti au réquisitoire envoyant Lamine Diack et Cie devant le juge a duré plusieurs années, avec des ramifications internationales (Russie, Japon, Brésil, Qatar…). Une enquête qui, selon le Pnf, a «démontré la réalité» au sein de l’Iaaf d’une sorte de pacte de corruption sur fond de dopage institutionnel en Russie. A en croire la justice française, «sous la direction de son président (Lamine Diack) et forte de plusieurs années de malversations, l'Iaaf a réussi à concilier corruption et encouragement du dopage».
 
«Avec Valentin Balakhnichev, nous avons conclu un compromis (...) il fallait différer la suspension des athlètes pour obtenir le contrat» 
 
Le Pnf souligne par exemple que la marathonienne Lilya Shobukhova, dont un rapport d'expert soulignait «l’usage massif» d'EPO, avait reconnu avoir dû payer 450.000 euros pour éviter des sanctions. Finalement suspendue en 2014, elle avait demandé à être remboursée et 300.000 euros lui étaient revenus, virés depuis le compte d'une société, Black Tidings, qualifiée de «coquille vide», nichée à Singapour et liée à Papa Massata Diack. De même, en 2011, de futurs médaillés aux Jo de Londres figuraient sur une liste de 23 athlètes suspects, comme Sergey Kirdyapkin (50 km marche) et Olga Kaniskina (20 km marche), dont les titres olympiques leur seront retirés pour dopage. Le pacte avec les Russes aurait aussi facilité des négociations avec des sponsors et diffuseurs russes, avant les Mondiaux d'athlétisme à Moscou en 2013. «Avec Valentin Balakhnichev (ancien patron de l'athlétisme russe), nous avons conclu un compromis (...) il fallait différer la suspension des athlètes pour obtenir le contrat» de sponsoring avec la banque russe VTB, avait expliqué Lamine Diack lors de son audition par le juge Van Ruymbeke. 
Au final, selon le procureur, «en raison de l'inaction conjuguée de l'Araf et de l'Iaaf», 6 athlètes soupçonnés de dopage, dont Lilya Shobukhova, avaient pu participer aux Jo-2012 de Londres. Très soupçonneux à l’égard de notre compatriote Lamine Diack, le Parquet national financier de Paris souligne qu’au moment où la cellule antidopage de l'Iaaf se montrait particulièrement indulgente envers des athlètes russes, Lamine Diack avait déclaré avoir obtenu des financements russes pour des campagnes politiques au Sénégal contre le Président alors en place, Abdoulaye Wade (2000-2012). Une coïncidence qui trouble les enquêteurs. 
Pourquoi la justice française est compétente dans cette affaire 
Si la justice française est compétente dans cette affaire, c’est parce que des fondsont pu être blanchis sur son territoire. Et elle a été saisie par l'Agence mondiale antidopage (Ama) en 2015. Ce qui avait conduit à l’arrestation et au placement sous contrôle judiciaire de Lamine Diack, retenu depuis lors en France. Son fils Massata Diack rentré au pays est sous le coup d’un mandat d’arrêt international de la France et a figuré pendant un bon moment sur la liste des personnes recherchées par Interpol. Malgré les commissions rogatoires et l’entraide judiciaire entre les deux pays, la justice française n’a jamais pu l’entendre. Les Russes Valentin Balakhnichev et Alexeï Melnikov sont aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt international de la France. Habib Cissé qui a été également arrêté et emprisonné a bénéficié depuis lors d’une liberté conditionnelle. 
 
Mbaye THIANDOUM


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