RUPTURE DE BRUT ET ARRET DE LA PRODUCTION : Le collège des délégués de la Sar crie sa déception et dénonce le gestion de l’approvisionnement



C’est la mort dans l’âme que les travailleurs de la Société africaine de raffinage (Sar) ont assisté hier à l’arrêt de la production, faute de brut. Ce qui a fait sortir de leurs gonds les délégués qui, à travers un communiqué, dénoncent les promesses non tenues des autorités de la Sar et les «évènements usuriers» qui plombent l’approvisionnement en brut. Aussi, pour sortir la société de la précarité et des impairs dans le ravitaillement, le collège des délégués exige une gestion rigoureuse et professionnelle.

C’est la colère et la déception au niveau du collège des délégués de la Société africaine de raffinage (Sar). Et pour cause, l’activité de la société est à l’arrêt. «En ce jeudi 26 mars 2020, c’est avec une désolation immense, voire indescriptible que nous avons constaté, encore une fois, l’arrêt de nos installations par rupture de brut», a affirmé la structure. Et les délégués du personnel sont d’autant plus amers que cette situation d’arrêt est aux antipodes des assurances qu’on leur avait données. «Quelle déception ! Tant les autorités de la Sar nous avaient donné la certitude, l’assurance, la garantie et de manière indéniable qu’un tel évènement ne se reproduirait plus. Hélas, les évènements se succèdent et se ressemblent», martèlent-ils. Comme cause de cette situation regrettable, ils mentionnent «les rotations désordonnées de tankers de brut (qui) persistent en défaveur de la raffinerie de Mbao et au profit de gens au goût du gain démesuré».
En effet, les délégués expliquent que quand les tankers arrivent, avant de pouvoir décharger leur cargaison, ils sont obligés de plancher au large en attente d’un creux pendant des jours, des semaines et parfois plus d’un mois. «Le creux obtenu pour décharger intervient alors l’ouverture hypothétique de la lettre de crédit. Ce, après une attente cauchemardesque due au seul fait que les finances de la Sar laissent à désirer», souligne le collège des délégués. Non sans préciser que cette situation financière qui retarde les déchargements «ne se justifie pas d’ailleurs, car toute la production de la raffinerie est commercialisée, jusqu’au dernier mètre cube pompable». Et quand bien même la lettre de crédit est obtenue, «on décharge (le brut), la gorge serrée, parce qu’on devra payer des surestaries qui engloutissent avant traitement toute notre marge de raffinage d’une structure des prix inadaptée». Pour les délégués, ce système va conduire tout droit la société dans le mur. «Cette série d’évènements usuriers nous mène droit vers les abysses ténébreux sans espoir d’émerger. Le cycle est vicieux et doit être cassé avant le moment fatal», assènent-ils. Dès lors, ils proposent «une bonne gestion des rotations des tankers» conduite avec toute la rigueur nécessaire. Cela, en se basant sur «un contrat gagnant-gagnant de fourniture de brut, une programmation adaptée à notre réalité et un approvisionnement régulier du compte dédié à l’achat de brut après recouvrement de nos créances, au lieu d’un déficit de plus de 50 milliards de F Cfa constaté». Pour les délégués, «la Sar peut très bien ranger aux oubliettes les arrêts par rupture de brut si une gestion rigoureuse, avec professionnalisme est en vigueur» et respectée au quotidien.

Mbaye THIANDOUM
LES ECHOS

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