ROGER NORD DIRECTEUR ADJOINT AFRIQUE-FMI: «Dans la zone Uemoa, le niveau de dette avoisine en moyenne 50%. Au Sénégal, elle frôle les 60%»



 
 
Le Fmi a publié hier son rapport sur les perspectives économiques régionales de l’Afrique subsaharienne, sur le thème : «Ajustement budgétaire et la diversification économique». Une occasion, pour le Directeur adjoint du département Afrique du Fonds, de se féliciter de la croissance dans la sous-région et au Sénégal, mais aussi de s’inquiéter du niveau de la dette qui, pour lui, doit être stabilisée pour ne pas compromettre les politiques économiques en cours. Le Fmi se félicite de l’auto-croissance du Sénégal, avec 6,8% en 2017, grâce aux investissements qui donnent des effets positifs. «Ce qui a été très important pour nous au Sénégal, ce sont les dépenses d’investissement, notamment dans les infrastructures et ces investissements publics ont des répercussions positives sur la croissance», a déclaré Roger Nord. Mais, pour lui, cela ne suffit pas et il faudrait que le privé entre dans la danse, pour plus d’emplois et de richesses. «Maintenant, le prochain pas, c’est de s’assurer que le secteur privé prenne le relais parce que c’est le secteur privé finalement qui crée les emplois et qui crée une croissance soutenue et bien repartie», soutient-il. En outre, le responsable du Fmi a mis l’accent sur l’importance de l’énergie et surtout la nécessité de mettre en place des infrastructures énergétiques qui vont porter des fruits. De même, il a insisté sur l’accès aux crédits pour les petites et moyennes entreprises, souvent confrontées aux taux d’intérêts très élevé
«Maintenir la dette à un niveau gérable»
Même si le Fmi a des motifs de satisfaction concernant la croissance, l’institution financière internationale s’inquiète du niveau de la dette en Afrique d’une manière générale et au Sénégal. «La dette qui était assez modeste, il y a 4 ou 5 ans, commence à monter. Dans la zone Uemoa, on a un niveau de dette qui avoisine en moyenne 50%. Au Sénégal, elle est même un plus élevée que cela, elle frôle les 60%. (…). Ce sont quand même des niveaux qui commencent à inquiéter. Si on les maintenait à long terme, cela pourrait être plus difficile pour la politique économique», a déclaré Roger Nord. Poursuivant, il affirme : «Cette augmentation (de la dette) a servi aux investissements publics et c’est une bonne chose. Mais aussi elle commence à frôler des niveaux qui sont moins prudents et notre conseil, c’est de s’assurer que les dettes restent à un niveau gérable. Au Sénégal, vous avez une notation de risque de prise de dette bas (Il y a trois niveaux de notation : bas, modéré et élevé), mais notre conseil, c’est de limiter les déficits budgétaires».
Présenté hier, ce 2ème et dernier rapport de l’année (le rapport est présenté en avril et octobre) s’articule autour des impacts de l’assainissement budgétaire et de la diversification économique sur la croissance en Afrique subsaharienne. Aussi, il met en exergue trois questions importantes : la préservation de la stabilité macroéconomique, surtout avec une dette soutenable, la question de la mobilisation des ressources, de rationalisation des dépenses publiques pour un assainissement budgétaire et la diversification de nos économies.
Mbaye THIANDOUM

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