Le Sénégal attendra avant de ficeler un nouveau programme de financement avec le Fmi. En effet, lors de la réunion du Conseil d’administration hier, le Fmi n’a pas voté la dérogation qui permettrait au Sénégal d’accéder à nouveau aux décaissements du fonds. Le Fmi n’aurait toujours pas levé les zones d’ombre autour de cette dette cachée de 7 milliards de dollars ? Tout porte à le croire.
Alors que le Sénégal espérait obtenir le vote d’une dérogation pour fausse déclaration de dette à l’occasion de la réunion du Conseil d’administration du Fmi, hier à Washington, les nouvelles autorités devront encore prendre leur mal en patience avant de signer un nouveau programme de décaissement. En effet, cette dérogation permettrait à notre pays de retrouver l’accès à des financements dans le cadre du programme de prêts suspendu depuis plusieurs mois. Malheureusement, le blocage persiste pour la bonne et simple raison que les autorités tardent à remplir certains critères techniques, empêchant du coup un vote formel du Conseil d’administration en faveur d’une dérogation. Avec cette décision du Fmi, c’est le Premier ministre Ousmane Sonko qui va encore s’arracher les cheveux. Lui qui avait chargé le Fmi lors du lancement du Plan de redressement économique estimant que « rien » ne pouvait justifier le retard accusé par l’institution de Breton Woods pour décaisser des financements. « J’ai l’impression qu’il y a un objectif d’asphyxier l’économie sénégalaise », avait martelé le chef du gouvernement qui n'avait pas manqué de minimiser l’importance financière du programme du Fmi.
La dérogation renvoyée en fin d’année
Toutefois, il ressort de cette rencontre que les négociations autour de ce dossier sont bien avancées, comme en témoignent les sources interrogées par Reuters qui estiment que la dérogation devrait être validée d’ici la fin de l’année. Une incertitude qui se prolonge d’autant plus qu’aucune date précise n’a été avancée pour la tenue de la prochaine réunion du Conseil d’administration du Fmi. Pourtant, le Directeur du département Afrique du Fmi, Abébé Sélassié, en visite au Sénégal le 8 avril dernier, avait déclaré : « nous devons avoir plus de clarté, notamment sur le misreporting. Avant d’embarquer dans la discussion sur un programme financier, nous devons résoudre ce problème et comprendre ce que le gouvernement souhaite faire et ce qu’il souhaite réussir avec un nouveau programme », avait affirmé l’émissaire du Fmi. Apparemment, avec cette nouvelle déconvenue, le Conseil d’administration du Fmi ne semble pas encore avoir de « clarté » sur le misreporting allégué.
Rappel des faits
Pour rappel, la suspension du programme de financement du Fmi d’un montant de 1,8 milliard de dollars fait suite aux révélations du Premier ministre en septembre 2024 sur les chiffres erronées des finances publiques ; confirmées par un rapport de la Cour des comptes qui évalue la dette cachée à 7 milliards de dollars. Cependant, les nouvelles autorités avaient engagé des échanges techniques avec les services du Fmi pour clarifier l’ampleur de ces engagements et restaurer la crédibilité des statistiques publiques. Ce qui tarde à être fait alors que le pays fait face à des contraintes budgétaires. Pourtant, à la veille de la réunion, la Directrice de la communication du Fmi, Julie Kozack, était optimiste quant aux chances du Sénégal de rétablir un partenariat durable après le vote de la dérogation.
M. CISS