REPORT DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE : Naissance de la plateforme "Aar Sunu Election" qui annonce un chapelet d’actions et invite Macky Sall à revenir sur sa décision




 
 
Les choses bougent au Sénégal après le report de l’élection présidentielle. Hier, un collectif regroupant une quarantaine d’organisations citoyennes, religieuses et professionnelles a été porté sur les fonts baptismaux. La nouvelle plateforme dénommée «Aar Sunu Election (Protégeons notre élection)» a prétexté l’urgence de la situation pour appeler à la mobilisation pour, dit-elle, empêcher la «confiscation du pouvoir».
 
 
 
Au Sénégal, c’est désormais le temps de la mise en place de plateformes de lutte pour faire face au régime du Président Macky Sall qui a décidé de reporter l’élection présidentielle au mois de décembre prochain. Alors qu’il a fini de s’attirer bien des critiques dans la sous-région et au-delà, le président de la République devra désormais faire face à une vague de manifestations à l’intérieur de son pays. Après les candidats de l’opposition qui ont décidé de mettre en place une plateforme de lutte, c’est au tour de la société civile de lui emboiter le pas.
Hier jeudi 8 février 2024, soit cinq jours après l’annonce de la décision du président de la République de reporter le scrutin présidentiel, un collectif regroupant plusieurs organisations de la société civile a appelé les Sénégalais à se «mobiliser massivement» contre le report de la présidentielle. Cette plateforme baptisée «Aar Sunu Election (Protégeons notre élection)» évoque ainsi une série d'actions à venir comme une manifestation et une grève sur fond de grave crise politique. «Nous invitons tous les citoyens concernés par la préservation des acquis démocratiques à se mobiliser massivement partout dans le pays et dans la diaspora pour empêcher cette confiscation du pouvoir», informe la nouvelle plateforme.
 
Débrayage aujourd’hui, une grève générale prévue
 
 
Les syndicats de l’éducation ont évoqué un appel à une grève générale à une date non-précisée, et un débrayage dès vendredi dans le secteur de l'éducation. «Nous sommes là pour dire non à la forfaiture qui n’aura comme conséquence que de déstabiliser le pays. Nous lançons un appel à toutes les forces vives de la Nation afin que le président de la République puisse revenir à la raison. En ce qui nous concerne nous syndicats de l’enseignement, dès demain (aujourd’hui, ndlr) à partir de 10 h, nous allons commencer par faire un débrayage dans toutes les écoles, et nous appelons tous les enseignants à respecter et à suivre ce mot d’ordre», a dit devant la presse à Dakar El Hadji Malick Youm, secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss) qui a porté la parole d’un groupe de syndicats de l’enseignement.
 
Les fidèles invités à s’habiller en blanc pour Jumaa
La plateforme appelle les fidèles à se rendre à la grande prière musulmane du vendredi vêtus de blanc et arborant les couleurs nationales. Aussi, la plateforme appelle le Conseil constitutionnel et la Cour suprême à prendre leurs responsabilités et rétablir l’ordre légal et constitutionnel. Selon le Professeur Babacar Guèye cette conférence de presse n’est que le premier volet de leur plan d'action. «Il y a des actions sectorielles qui vont suivre. L’action est une réponse citoyenne et leurs droits ont été spoliés et agressés», a-t-il déclaré Guye.
 
Des actions sectorielles et des grèves générales prévues
 
 
Mardi prochain, 13 février, une manifestation d'envergure est prévue, symbole de la réponse citoyenne de la plateforme contre la prolongation du mandat présidentiel. Des actions sectorielles et des grèves générales, annoncées par Babacar Guèye, sont également au programme, dans le but de montrer l'ampleur du mécontentement. La plateforme a également annoncé une action judiciaire avec des recours introduits pour contester le décret présidentiel. Ils ont affirmé que cette fois-ci, le Conseil constitutionnel ne pourra pas se défiler et devra déclarer la décision présidentielle inconstitutionnelle.
Les religieux qui participent à la lutte, par la voix du secrétaire de la Ligue des imams, Ismaïla Ndiaye, ont appelé tous les Sénégalais à exprimer leur rejet de cette décision. «C’est une lutte pour faire entendre raison au Président Macky Sall. Nous emprunterons toutes les voies pour manifester notre rejet de la prolongation de son mandat. On appelle tous les imams à se battre car cela peut engendrer des problèmes.»
Les protagonistes de la plateforme dénoncent unanimement le recul massif de la liberté et de la démocratie au Sénégal sous le Président Macky Sall. «Le processus électoral est déjà entaché, et aujourd’hui on va vers le report de l’élection, ce sera le comble. Nous appelons à un sursaut national. Nous n’allons pas seulement nous indigner, nous irons plus loin», a déclaré à son tour le président de l’Ong 3D Moundiaye Cissé.
En ce qui le concerne, le Directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'éducation publique (Cosydep), Cheikh Mbow, a exhorté le Président Macky Sall à revenir sur sa décision. «Nous nous sommes levés ensemble pour nous battre contre ce qui se passe dans ce pays. L’élection est pour le peuple, nous nous sommes beaucoup investis et développés dans des activités et des programmes. Aujourd’hui, sur 10 jeunes, 8 sont en colère, ils ont besoin qu’on recrée l’espoir. Notre seule demande est que Macky Sall revienne sur sa décision d'arrêter les élections du 25 février. Cette crise que nous sommes en train de vivre a été déclenchée par la décision de Macky Sall», a invité Cheikh Mbow.
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
 
LES ECHOS

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