Alors que s’accentue la contestation du report de l’élection présidentielle décidé le 3 février dernier par le président de la République Macky Sall, quatorze candidats à la présidentielle ont déposé un recours à la Cour suprême pour faire annuler le décret n°2024-106 du 3 février 2024 sur lequel s’est appuyé le Président Macky Sall pour abroger le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral. Leur avocat Me Mame Adama Guèye annonce un autre recours dès lundi pour obtenir la suspension des effets du décret, en attendant que la Cour suprême statue sur leur recours. D’un autre côté, la Coalition «MLD Tekki 2024» du candidat Mamadou Lamine Diallo a également déposé un recours auprès de la Chambre administrative de la Cour suprême.
À côté de sa lutte sur le terrain politique, notamment à travers des appels à la manifestation, l’opposition sénégalaise investit également le domaine judiciaire pour espérer avoir gain de cause dans le bras de fer qu’elle a engagé avec le président Macky Sall. Après la saisine du Conseil constitutionnel par les députés, c’est au tour d’un groupe de quatorze candidats de lui emboîter le pas. Le Professeur Daouda Ndiaye, Mame Boye Diao, Docteur Cheikh Tidiane Dièye, Anta Babacar Ngom et les autres ont saisi la Cour suprême. Ils l’ont fait hier avec l’aide de leur avocat, l’ancien bâtonnier Me Mame Adama Guèye. S’exprimant au sortir de la juridiction, l’avocat a indiqué que «ce recours est important, parce que c’est ce décret d’abrogation qui est à l’origine de tout ce qui se passe au Sénégal. Et la Cour suprême a ainsi l’opportunité de dire le droit. Nous devons tous être conscients que ce qui se joue, c’est des considérations d’ordre politique, social et économique. Et nous espérons que la Cour saura dire le droit, jouer son rôle et permettre à notre pays de sortir de ces difficultés», a-t-il fait remarquer.
Poursuivant, Me Guèye d’ajouter : «la Cour suprême doit annuler ce décret parce que le Président Macky Sall a manifestement dépassé ses pouvoirs», remarquant que «les conséquences de ce décret sont extrêmement importants parce que c’est à la suite de ce décret qui annule le décret convoquant le corps électoral que le processus a été arrêté».
Mais également, dit-il, c’est à la suite de ce décret que l’Assemblée nationale a voté une loi aussi scélérate qui prolonge le mandat du président de la République en violation flagrante de la Constitution du Sénégal. «C’est pour cela qu’il est absolument essentiel que nous obtenions l’annulation de ce décret, ce qui redonnerait vigueur au décret qui a convoqué le corps électoral et relancerait le processus électoral », a-t-il encore déclaré». Et d’ajouter : «maintenant, après cela et pour tenir compte des urgences, nous allons déposer lundi un recours pour obtenir la suspension des effets du décret en attendant que la Cour suprême statue sur notre recours».
Ce collectif de quatorze candidats n’est pas le seul à saisir la Cour suprême. Un recours a également été déposé à ladite juridiction contre le décret de Macky Sall par la coalition «MLD Tekki 2024» du candidat Mamadou Lamine Diallo.
«La Coalition MLD Tekki 2024 a engagé une action juridique contre un décret présidentiel, en déposant un recours auprès de la Chambre administrative de la Cour suprême. Ce recours concerne spécifiquement le décret 2024-106, qui a été abrogé par le président de la République. L’abrogation de ce décret avait pour conséquence directe l’annulation de la convocation du corps électoral, entraînant l’annulation des élections présidentielles initialement prévues pour le 25 février 2024», affirme la coalition dans une note. Qui poursuit que Mamadou Lamine Diallo a soutenu le recours déposé par les députés de l’opposition devant le Conseil constitutionnel.
Sidy Djimby NDAO