Un membre du Sénat américain n'a pas du tout apprécié ce qui s'est passé avant-hier à l'hémicycle. Alors qu'a été votée au forceps la loi actant le report de l'élection présidentielle, il est sorti de sa réserve pour exprimer son inquiétude quant au respect du calendrier électoral. C'est le sénateur américain Ben Cardin, celui qui avait d'ailleurs déposé une résolution pour une élection libre, inclusive et pacifique au Sénégal, qui a réagi vigoureusement contre le mépris de Macky Sall.
Le chef de l'État avec la bénédiction de l'Assemblée nationale a posé un acte consistant au report de l'élection présidentielle au mois de décembre 2024 qui risque de lui coûter très cher au plan national et international. En plus d'enregistrer des démissions de ses proches collaborateurs, Macky Sall doit faire face aux réactions de la communauté internationale et la dernière en date risque de bourdonner longtemps à l'oreille du président de la République. En effet, le sénateur Ben Cardin (démocrate), président de la commission sénatoriale des relations étrangères, a déploré être situation. "Le report de l'élection présidentielle au Sénégal place le pays sur une voie dangereuse vers la dictature et ne doit pas être autorisé à se maintenir", dit-il. Et d'ajouter : "le mépris flagrant du Président Macky Sall pour la Constitution sénégalaise et son manque de respect flagrant pour le soutien du peuple sénégalais à la démocratie sapent des décennies de progrès depuis l'indépendance, dans ce qui était autrefois considéré comme l'une des démocraties les plus fiables et les plus dynamiques d'Afrique".
Le sénateur d'enfoncer le clou pour finir : "le Président Sall doit revenir sur cette décision irresponsable et garantir la tenue d’élections avant la fin de son mandat constitutionnel".
Pour comprendre la colère du Sénat américain, il faut remonter au mois de décembre 2023, quand les sénateurs Ben Cardin (démocrate du Maryland) et Jim Risch (républicain de l'Idaho), ont présenté une résolution bipartite en faveur d'élections pacifiques, libres et équitables au Sénégal.
Dans le document, ces derniers louaient la démocratie qui a toujours prévalu lors des élections en 2000 et en 2012, mais prévenaient le régime actuel pour une transition pacifique en 2024. D'abord ils rappelaient que le Sénégal est un leader régional et un défenseur de la démocratie en Afrique de l'Ouest, ayant apporté d'importantes contributions à une transition démocratique en Gambie et faire pression sur les juntes militaires en Guinée, au Mali, au Burkina Faso et au Niger pour restaurer la démocratie et céder le pouvoir aux autorités civiles élues.
Ce que le Sénégal risque de perdre
Ensuite, ils ont rappelé aussi que les États-Unis ont déployé 144.000.000 $ d'aide bilatérale au Sénégal au cours de l'exercice 2022, axé principalement sur la santé, l'agriculture, l'éducation de base... Sans oublier de noter aussi que le Sénégal a réalisé un projet américain de 540.000.000 $, le Compact du Millennium Challenge Corporation (MCC). L'année 2015 a été axée sur l'augmentation de la productivité agricole et met actuellement en œuvre un deuxième plan quinquennal de 550.000.000 $. En guise de bonus, le pacte du MCC vise à accroître l'accès à l'électricité et une promesse de 50.000.000 $ de ses propres ressources pour ce projet. Vu la tournure des choses, le Sénégal ne verra pas ces 50 millions de dollars.
Pour finir, ils ont menacé ceux qui commentent ou incitent à la violence ou sapent autrement le processus démocratique et les élections de 2024 au Sénégal en indiquant qu’ils seront confrontées à des difficultés y compris les restrictions de visa...
Samba THIAM