Les deux rapports trimestriels d’exécution budgétaire font toujours du bruit. Pape Malick Ndour, après lecture des deux documents, a noté beaucoup d’incohérences dans les chiffres. Pire encore, il croit que ce budget que les nouveaux gouvernants sont en train d’exécuter «est un budget de confort, non de rupture».
Les données partagées par les services de Cheikh Diba dans les rapports d’exécution budgétaire du premier trimestre 2025 et du quatrième trimestre 2024 ne convainquent pas Pape Malick Ndour.
Dans son analyse des deux rapports, l’ancien ministre de la Jeunesse soulève un manquement de 40 milliards dans le rapport d’exécution du premier trimestre 2025. «Le gouvernement nous doit des explications, en comparant l'objectif et les réalisations au premier trimestre, près de 40 milliards de francs Cfa de recettes manquent à l’appel au cours des trois premiers mois de l’année. Et pourtant, il nous avait assuré que le budget était sincère et que les prévisions collaient à la réalité économique», a-t-il affirmé.
Pour lui, ce décalage soulève une question simple : «les prévisions budgétaires étaient-elles fiables ? Si oui, où sont passés nos 40 milliards ?», se demande t-il.
«L’Etat s’entretient, mais n’investit plus»
Le deuxième point de son analyse est basé sur le rapport entre l’investissement de l’Etat et son entretien. L’économiste estime que l’Etat s’entretient, mais n’investit plus. «Alors que les investissements exécutés par l’État plafonnent à 2,64 milliards au premier trimestre 2025 et que les transferts en capital chutent de 42,2 milliards en glissement annuel, les dépenses de fonctionnement explosent : 84,65 milliards pour l’achat de biens et services et 463,93 milliards pour les transferts courants.» A l’en croire, «le prétexte des lenteurs dans les passations de marchés, brandi à la page 15 du rapport de 2025 pour justifier la faiblesse des investissements exécutés par l’État, ne tient pas». Car «lorsqu’il s’agit de payer, acheter ou entretenir l’appareil bureaucratique, les procédures ne semblent pas bloquées. Mais dès qu’il s’agit d'investir pour le bien-être des populations, il faut l’approbation préalable de la Primature, comme annoncé en Conseil des ministres».
Pape Malick Ndour affirme que le budget exécuté est plus pour le confort que pour la rupture tant chantée. «Ce budget est un budget de confort, pas de rupture. On entretient le quotidien des nouveaux élus en oubliant de s'occuper de la précarité et des urgences des populations», déplore-t-il. En d'autres termes, déclare M. Ndour, le regime actuel nourrit le système et oublie la nation. «Pas de transformation systèmique, le train de vie de l'Etat explose au détriment des investissements structurants qui sont censés tirer la croissance. Un exemple frappant : les véhicules achetés par l'Assemblée nationale pour les 165 députés à environ 8 milliards sont près de 4 fois supérieurs à l'ensemble des investissements exécuté par l'Etat au premier trimestre 2025», prévient-il avant de faire noter : «une croissance asphyxiée, une jeunesse oubliée, et un pays qui tourne à vide».
«Ce budget est un budget de confort, pas de rupture»
Dans le dernier point de son analyse, Pape Malick Ndour révèle : «la Loi de finances rectificative, votée le 24 décembre 2024, prévoyait 65,2 milliards de dons. Une semaine plus tard, c'est-à-dire au 31 decembre fin de l'exercice, on découvre que 155,3 milliards ont été reçus. C’est un écart de 90 milliards en quelques jours».
A cet effet, l’économiste dresse trois scénarios pour expliquer la situation : soit «l’État était informé de ce versement, mais a choisi de ne pas l’inclure dans la Lfr. Ce serait grave en matière de transparence» ; Ou bien «il s’agit d’un versement exceptionnel de dernière minute, qu’il faut alors justifier clairement». Ou enfin, s’agit-il de dons cachés par l'ancien régime et non revelés par la Cour des comptes ?», s’interroge-t-il.
Nd. Kh. D. F