Dans un communiqué au vitriol, Thierno Bocoum, président du mouvement Agir – Les Leaders, s’en prend à la Cour suprême qu’il accuse d’avoir validé « une radiation qui n’a jamais existé » contre le maire de Dakar, Barthélemy Dias. Pour l’opposant, cette décision « ouvre un dangereux précédent » et « fragilise l’État de droit au Sénégal ».
La décision de la Cour suprême confirmant la prétendue « radiation » de Barthélemy Dias de son mandat de maire de Dakar a provoqué une onde de choc dans la sphère politique sénégalaise. En première ligne de la contestation, Thierno Bocoum, président du mouvement Agir – Les Leaders, dénonce « un abus d’interprétation » et « une fiction juridique » qui, selon lui, « n’a aucune base légale ».
Dans un ton ferme, l’ancien parlementaire dénonce. « Il n’existe aucun acte administratif destituant Barthélemy Dias de son mandat de maire. La Cour suprême a confirmé une sanction inexistante. C’est d’une gravité institutionnelle sans précédent. »
Pour rappel, le préfet de Dakar s’était limité à déclarer par arrêté : « je vous déclare démissionnaire de votre mandat de conseiller municipal de la Ville de Dakar, à compter de la date de notification de la présente. » Aucune mention n’y figure sur la destitution du maire de Dakar.
« Le droit sénégalais est pourtant clair, insiste Thierno Bocoum. L’article 92 nouveau de la loi n°2021-38 dispose que le maire de ville est élu au suffrage universel direct. La perte du mandat de conseiller municipal n’entraîne pas automatiquement la perte du mandat de maire ». L’ancien député poursuit, « la réforme de 2021 a consacré l’indépendance totale entre ces deux mandats. Vouloir aujourd’hui lier l’un à l’autre, c’est revenir à l’ancien régime et piétiner la volonté du législateur. »
Pour lui, la Cour suprême a franchi une ligne rouge. « Cette décision ne consolide pas le droit. Elle avalise une sanction administrative inexistante et crée un précédent dangereux qui menace tous les élus locaux. ». Plus sévère encore, Bocoum parle d’« alchimie juridique » : « Par quelle magie peut-on confirmer une radiation qui n’a jamais été prononcée ? Nous sommes face à une dérive grave où la plus haute juridiction du pays substitue son interprétation à la lettre claire de la loi. »
Dans son communiqué, Agir – Les Leaders appelle l’opinion à « rester vigilante » : « c’est l’État de droit lui-même qui est en jeu. Si demain on peut destituer un maire élu au suffrage universel direct sans acte administratif, alors aucun mandat n’est plus garanti. »
Pour conclure, Thierno Bocoum lance un avertissement. « Les institutions sont faites pour protéger la légalité, pas pour fabriquer des sanctions inexistantes. Cette décision de la Cour suprême restera dans l’histoire comme un précédent funeste, et nous ne cesserons de la dénoncer. »
Baye Modou SARR