QUESTIONS D’ACTUALITES AU GOUVERNEMENT : Thierno Alassane Sall accule Ousmane Sonko qui se défoule sur lui




 
Si la plupart des interventions ressemblaient à des dictées préparées, deux d’entre elles ont marqué l’exercice du Premier ministre et son gouvernement. Il s’agit de celle de Thierno Alassane Sall qui a acculé Ousmane Sonko en remettant en cause la sincérité avec laquelle il assure gérer les problèmes financiers auxquels le pays est confronté. Mais, fidèle à sa posture de «bagarreur», Ousmane Sonko ne s’est pas laissé faire.
 
Hier, l’opinion aura retenu les cinglantes interventions des opposants Thierno Alassane Sall et Abdou Karim Sall. C’est le leader de Rv qui s’est frotté en premier à Sonko. Le député non-inscrit lâche d’emblée : «le 27 décembre dernier devant cette même Assemblée vous promettiez aux Sénégalais à travers votre Déclaration de politique générale des lendemains qui chantent. Le jour suivant, le 28 décembre, vous avez imposé sans débat le vote du budget 2025», a-t-il rappelé avant d’enchaîner : «moins de deux mois, avec le rapport de la Cour des compte, vous voilà sur le point de jeter à la corbeille pour appliquer un plan d’austérité drastique. L’agenda 2050 semble mort-né. Place au plan d’ajustement structurel que vous appelez pudiquement pacte national de stabilité. On se demande alors si vous ignoriez l’état de sinistre économique et financier du pays au moment de confectionner le budget ou alors avez-vous choisi sciemment de présenter des projections sans rapport avec la réalité».
 
TAS : «vous ignoriez l’état de sinistre économique et financier du pays au moment de confectionner le budget»
 
Poursuivant, le député demande encore : «pourquoi avoir perdu 11 mois sans prendre de mesures significatives de redressement des comptes publics, sachant que dès votre arrivée au pouvoir, vous aviez formulé des réserves fortes sur l’état de la nation». Pour le leader de Rv, une volonté réelle d’assainissement des comptes se serait manifestée par loi de finance rectificative dès le premier semestre 2024. ‘’Je vous accorde que la situation dont vous avez hérité est compromise mais vous avez contribué à aggraver la situation. Vous avez trouvé un déficit initial dans la Lfi 2024 de seulement 840 milliards vous y avez ajouté 1552 milliards, ce qui l’a porté à 2362 milliards’’.
Thierno Sall de s’attaquer les fonds politiques que Sonko n’a cessé de décrier du temps de l’opposition : «vous agissez avec ces fonds politiques maintenant que vous êtes au pouvoir comme celui qui avoue boire de l’alcool tout en affirmant que cela se transforme en lait une fois ingéré. Vous avez annoncé la suppression d’agences pourquoi vous n’y avez pas songé depuis votre arrivée au pouvoir, au lieu d’enchaîner les nominations chaque mercredi. Dans beaucoup d’universités, ce sont des vacataires qui assurent les cours, vous recrutez des chargés de mission à la place de médecins».
 
Sonko : «je n’ai jamais dit qu’un tel fonds est haram (…)»
 
Répondant à Thierno Sall, Ousmane Sonko dit relever beaucoup d’amalgames dans ses interpellations. «Je n’ose pas mettre ça dans le compte de la mauvaise foi, mais à un certain niveau, il faut prendre le temps d’aller écouter ce que les gens ont dit et éviter de se laisser emballer par les commentaires et les commérages», déclare le Premier ministre d’emblée avant de préciser : «je n’ai jamais dit que tel fonds est haram. J’ai dit que dans un pays avoir des fonds qui sont laissés exclusivement à la discrétion d’un homme, fusse-t-il président de la République, qu’il peut utiliser à sa guise, donner à qui il veut (…) c’est inadmissible, parce que c’est l’impôt des Sénégalais. Par contre, dans tous les pays du monde, même ceux qu’on appelle les plus grandes démocraties, il y a ce qu’on appelle les fonds secrets qui permettent de régler les situations qu’on ne veut pas afficher publiquement et qui font l’objet d’un encadrement. Cet encadrement sera matérialisé dans la gestion de ses fonds secrets, parce que nous respectons nos engagement», affirme Sonko, qui lance une pique à Thierno Alassane Sall : «contrairement à nous, vous n’avez jamais pris aucun engagement par rapport à ses fonds politiques ; cela veut dire que vous auriez largement joui de ces fonds comme vous avez joui du régime de Macky Sall sans l’avoir jamais dénoncé».
 
Sonko : «nous ne sommes pas dans l’austérité, mais dans le réaménagement»
 
Concernant le budget 2025, le Premier ministre assure que c’est un budget a minima. «C’est pourquoi nous sommes en train de travailler à la loi de finances rectificative qui sera réellement conforme à notre programmation», renseigne Sonko, qui souligne qu’ils ne sont pas dans l’austérité. «Nous ne sommes donc pas dans l’austérité mais dans le réaménagement», dit-il.
 
Sonko : «il faut savoir applaudir, il ne faut pas vous inscrire dans la critique gratuite»
 
Pour ce qui est de la rationalisation des agences, Sonko soutient qu’il leur a fallu d’abord faire des études pour être sûrs de faire les bons choix et durant le temps de ces études, il fallait continuer à faire tourner l’Etat : «il n’était pas question que l’on laisse les gens qui ne partagent pas notre vision à la tête des agences. Ce qu’il faut saluer, c’est que nous avons opté de ne pas subir la pression du militant en entamant les réformes qu’il faut, quitte à dire à un Directeur général sur trois que nous sommes désolés mais le pays n’a pas besoin de cette responsabilité», explique Sonko qui raille Thierno Alassane Sall : «quelques fois il faut savoir applaudir, il ne faut pas vous inscrire dans la critique gratuite».
 
Ndèye Khady D. FALL
 
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