QUESTIONS D’ACTUALITÉ AU PREMIER MINISTRE ET SON GOUVERNEMENT : Takku-Wallu et certains non inscrits boycottent Sonko




 
Demain vendredi, 28 novembre, le Premier ministre doit se présenter devant le parlement sénégalais pour répondre aux questions des députés. Si la majorite se mobilise pour une bonne réussite de la séance, l’opposition a, elle, décidé de déserter l’hémicycle. Les raisons avancées sont multiples, mais la plus percutante, c’est que les membres du groupe parlementaire Takku-Wallu et certains non-inscrits ne veulent surtout pas offrir une tribune au Premier ministre pour régler des problèmes internes à son camp politique.
 
 
 
Les députés non-inscrits, dans leur majorité, ainsi que l’ensemble des membres du groupe parlementaire Takku-Wallu Sénégal, ont decidé de ne pas prendre part à la séance plénière prévue demain à 9 heures, pour permettre au Premier ministre de répondre aux questions des députés. Dans un communiqué signé conjointement par les deux entités, on apprend que «cette décision s’inscrit dans la continuité d’une position déjà exprimée et toujours pas prise en compte par l’Assemblée nationale. Elle répond à un impératif de cohérence et de responsabilité : protéger la dignité de l’institution, préserver le cadre républicain du débat parlementaire et refuser la banalisation de pratiques qui la dévalorisent».
 
 
«Les Questions d’actualité ont été détournées de leur finalité»
 
 
Poursuivant, Aïssata Tall Sall et Anta Babacar Ngom, qui représentent les non-inscrits font remarquer qu’au lieu d’être un moment de contrôle républicain, les Questions d’actualité ont été détournées de leur finalité. «Le Premier ministre intervient selon une logique d’opportunité politique, sans considération pour le calendrier du Parlement, ni pour la solennité de l’exercice. Ses prises de parole, marquées par des attaques et des insinuations, transforment l’hémicycle en scène de confrontation partisane plutôt qu’en un espace de réponses utiles aux préoccupations des Sénégalaises et des Sénégalais. L’opposition parlementaire refuse de cautionner cette dérive», disent-elles avant d’assurer que le Parlement ne saurait devenir un théâtre de mise en scène politique, encore moins le lieu où le chef du Gouvernement vient régler des difficultés internes à son propre camp. À l’heure où le pays attend clarté, sérieux et stabilité, l’institution parlementaire doit être préservée de toute instrumentalisation.»
L’opposition parlementaire estime qu’à quelques heures de l’ouverture de la session budgétaire, aucune actualité n’est plus cruciale que le vote du budget de l’État, moment déterminant pour aborder des questions aussi essentielles que l’éducation, la santé, la sécurité, l’emploi et le pouvoir d’achat. Le Parlement doit donc concentrer ses efforts sur cet enjeu majeur, et non sur une séance détournée de son objet pour servir des calculs politiques.
A les en croire, les députés de l’opposition disent rejetter fermement le dispositif prévu dans le «code de conduite» imposé : «une limitation arbitraire à seulement 13 questions pour plus de 25 ministères ; une répartition manifestement déséquilibrée du temps de parole entre les groupes ; un mécanisme permettant au groupe Pastef d’enchaîner trois questions et de recevoir les réponses du Premier ministre avant toute intervention des députés de l’opposition, introduisant un déséquilibre qui rapproche dangereusement l’exercice d’un format orienté vers sa communication plutôt que d’un véritable débat parlementaire».
Ces derniers pensent qu’un «cadre aussi restrictif fige le débat, réduit la portée du contrôle parlementaire et prive les députés de l’opposition de leurs prérogatives essentielles. Aucune règle de cette nature ne peut être imposée sans le consentement unanime des représentants du peuple», écrivent-ils.
 
«Il est inadmissible, (…) que l’Assemblée nationale soit à la remorque du Premier ministre»
 
L’opposition parlementaire de préciser ensuite que la non-participation à cette séance est également motivée par trois raisons fondamentales : «la première est qu’il apparaît clairement que c’est le Premier ministre qui a décidé, selon son bon vouloir et son propre agenda politique, de faire convoquer les députés. Or, il est inadmissible, dans une démocratie comme la nôtre, que l’Assemblée nationale soit à la remorque du Premier ministre. Bien au contraire, c’est à elle de convoquer le Premier ministre et le Gouvernement, et non l’inverse», fulmine-t-elle.
La deuxième raison, souligne-t-elle, «tient à la volonté manifeste du Premier ministre de transformer l’hémicycle en tribune de meeting politique, vidant ainsi de tout sérieux et de toute crédibilité un exercice de haute portée républicaine».
Et la troisième raison est que l’unique urgence, en ce moment, est de répondre aux difficultés et aux souffrances que vivent les populations du Sénégal.
 
 
Nd. Kh. D. F
 
 
LES ECHOS

Dans la même rubrique :