Publication de la réponse du ministre de la justice: Des magistrats crachent leurs vérités à Me Malick Sall



 
La sortie du ministre de la Justice dans la presse à travers sa réponse au Groupe africain de l’Union internationale des magistrats (Gauim), n’a pas laissé indifférents certains magistrats. Ces derniers n’ont pas voulu passer sous silence cette affaire, car ils considèrent que le moment est inopportun. L’affaire Teliko étant encore pendante, le ministre se devait de se garder d’en parler jusqu’à ce que le Conseil rende son verdict.
 
 
 
Comment la presse a-t-elle eu connaissance de la lettre-réponse du ministre de la Justice, garde des Sceaux au Groupe africain de l’Union internationale des magistrats (Gauim) jusqu’à la publier. Est-ce que c’est le ministère qui a donné l’info ou c’est juste une information décrochée par le journaliste ? Peu importe, pour certains magistrats, la réponse de la chancellerie ne vient pas à son heure. Le ministre se devait de garder le silence jusqu’à ce que le Conseil de discipline rende son verdict. «J’ai été choqué de lire cette affaire aujourd’hui dans la presse. Comment une réponse du garde des Sceaux peut-elle tomber entre les mains des journalistes ? Pour moi, ce n’est rien d’autre qu’une manière pour le ministre de la Justice d’influencer le Conseil de discipline. Parce qu’il en a profité pour parler de ces faits mêmes qui sont reprochés au président de l’Union des magistrats sénégalais», peste un magistrat sous le sceau de l’anonymat.
 
 
Une manière pour le ministre de la Justice d’influencer le Conseil de discipline
 
 
Pour lui, ce n’est pas normal que le ministre de la Justice parle de cette affaire, alors que le Conseil ne s’est pas encore prononcé. Loin d’en finir, notre interlocuteur de poursuivre : «si on analyse bien la situation, il apparait clair qu’il fait ce qu’il reproche à notre collègue Souleymane Teliko, parce qu’il donne sa position sur cette affaire. Et qu’on ne nous dise pas que ce n’est pas lui qui a donné la lettre». 
 
 
«Il devait observer une certaine retenue»
 
 
Un autre magistrat d’emboucher la même trompette : «dès l’instant qu’il a saisi le Conseil supérieur de la magistrature, le garde des Sceaux devait s’abstenir de tout commentaire. Même s’il s’agit d’une réponse adressée au Groupe africain, c’est ce moment-là qu’il a choisi pour le faire ? Tout le monde sait que quand une affaire est pendante, personne ne doit en parler, encore moins une des parties, jusqu’à ce que la décision soit rendue au moins. C’est donc forcément pour lui une manière d’influencer», s’emporte cet autre interlocuteur. Selon ce dernier, Me Malick Sall n’en est pas à son premier coup. «Le ministre est dans une logique de communication et d’influence de l’opinion. Dernièrement, il y a eu un atelier de la société civile qui devait parler de je ne sais quoi, en tout cas, ça n’avait absolument rien à voir avec la justice et un de ses collaborateurs est venu distribuer des plaquettes aux participants sur le fonctionnement du Conseil de discipline du Conseil supérieur. Cela veut dire qu’il est en train de communiquer. Il empêche les gens de parler, aujourd’hui, c’est lui qui parle. Pour moi, il devait observer une certaine retenue. Puisqu’il a fait engager des poursuites, il devait au moins attendre. Il n’est pas obligé de répondre», fulmine encore ce magistrat.
 
 
Alassane DRAME  
LES ECHOS

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