PROCES DU MAIRE DE MERMOZ SACRE-CŒUR: De l’impartialité des juges



 
Il l’a demandé, il l’a obtenu. Le maire de Mermoz Sacré-Cœur, qui avait souhaité rejoindre Khalifa Sall en prison, y a été envoyé, hier, par le juge correctionnel du Tribunal des flagrants délits. Six mois de prison ferme, c’est la peine qui lui a été infligée. Sur la sanction administrée au lieutenant du maire de Dakar, les avis sont partagés. Si certains pensent que Barthélemy Dias est une personne qui manque d’éducation, excessif dans sa façon de s’opposer et qui a dépassé les bornes en s’attaquant aux magistrats et à la première institution du pays, d’autres sont convaincus qu’il n’a fait que donner son point de vue, qu’il y a la liberté d’expression consacrée par la constitution et que c’est une question de français. Mais le problème se trouve ailleurs. Comment comprendre que Barthélemy Dias, qui a attaqué les magistrats, soit jugé par les magistrats ? Il y a un problème d’impartialité qui se pose. Il est vrai que dans le système judiciaire sénégalais, c’est aux seuls magistrats que la loi a conféré le pouvoir de juger. Et que donc le maire de Mermoz Sacré-Cœur ne peut être jugé que par les magistrats. Mais, convenons que dans ce cas de figure, le doute est légitime qu’il puisse être jugé sans aucune once de volonté de représailles. Je ne critique pas les magistrats qui ont siégé à l’audience, encore moins la décision qui a été rendue, mais je pense que ce doute, ne serait-ce que du simple fait qu’il traverse l’esprit, n’est pas acceptable pour une justice qui doit être rendue au nom du peuple, sans parti pris. Il se pourrait même que les magistrats qui ont jugé Barthélemy Dias aient fait moult efforts pour qu’on ne les accuse pas d’être juge et partie et donc de faire des représailles. Mais, telle l’héliocentrisme de Galilée, ce doute continuera toujours de persister (et le doute profite à l’accusé).
On ne réfute jamais que ce que l’on remplace, disait Hegel, alors j’estime qu’il faudrait, peut-être, apporter une réforme et que dans les cas où un magistrat est concerné, que l’on mette en place des jurés, qui devront se prononcer au nom du peuple. Si aujourd’hui des jurés avaient condamné le maire de Mermoz Sacré-Cœur à 2 ans de prison ferme, il n’y aurait sûrement aucun doute quant à des représailles ; ça n’aurait pas de sens.
Mais soyons clair, je ne parle pas des faits. Je ne dis pas que je cautionne les propos de Barthélemy Dias. Je parle de ceux qui devraient le juger. Que ce soit le maire de Mermoz Sacré-Cœur ou un autre, si un magistrat est concerné dans une procédure judiciaire, la présence de jurés écarterait tout doute quant à une volonté de représailles. Et ce ne sera que justice. A mon avis.
 
Alassane DRAME

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