PROCÈS DES 20 MANIFESTANTS PRO-SONKO : 1 an de prison ferme requis contre un membre de sa garde rapprochée et pour deux autres personnes




 
 
Ousseynou Ndiaye, membre de la garde rapprochée de Ousmane Sonko, et deux autres prévenus parmi les 20 qui ont été interpellés à la suite des manifestations du 16 mars dernier, risquent 1 an de prison ferme. C’est la peine demandée hier apr le maitre des poursuites. Pour les autres, le parquet s'en est rapporté à la sagesse du tribunal. Ils sont tous poursuivis devant le tribunal correctionnel de Dakar pour actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves.
 
 
 
Le procès des 20 manifestants pro Sonko interpellés le jour du procès en diffamation qui opposait Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang, le 16 mars 2023, s'est finalement tenu hier, mercredi 22 novembre, devant le juge correctionnel de Dakar. Excepté deux parmi eux qui sont en liberté provisoire, Yarga Sy et ses autres acolytes, qui ont bouclé 8 mois de détention provisoire, ont fait face au juge. Les débats d'audience ont révélé que la plupart d'entre eux ont été appréhendés à la cité Keur Gorgui, au rond point Mermoz, entre autres endroits de Dakar. Et dans le lot, il y avait un étudiant, un lutteur, un garde du corps de Ousmane Sonko et l'agent de l'’Aibd Yarga Sy. Ils sont tous poursuivis pour actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves ou à enfreindre les lois.
Membre de la garde rapprochée du leader de l'ex-Pastef, Ousseynou Ndiaye réfute : «Ousmane Sonko se trouvait dans son véhicule. Comme je faisais partie de sa garde rapprochée, j'étais à côté de sa voiture et c'est là que les éléments du Gign m'ont arrêté. On était en groupe, mais j'étais le seul à être arrêté», confie-t-il. Le procureur lui a rétorqué que les agents ont trouvé une bouteille de vinaigre par-devers lui le jour de son interpellation. Ce qu’il a démenti.
Pour sa part, El Hadji Pathé Mbaye, qui a reconnu avoir été arrêté à hauteur du rond point Mermoz, conteste avoir commis un acte tendant à compromettre la sécurité publique. Ibrahima Lo, lui, a soutenu avoir été arrêté par deux éléments en civil vers la boulangerie jaune. Il nie avoir participé à une manifestation le 15 mars 2023 date à laquelle il a été appréhendé. Mais le juge lui a rappelé que lui, Ousseynou Ndiaye et El Hadji Pathé Mbaye avaient, à l'enquête, reconnu avoir participé à ces manifestations. Se référant toujours au procès-verbal d’enquête, le magistrat a confié que ces derniers détenaient des armes au moment de leur arrestation. Ce qu'ils ont nié à l'unanimité.
L'étudiant de l'Esebad, Ameth Diop, a indiqué avoir été arrêté vers la Caisse des dépôts et de consignation alors qu'il vaquait à ses occupations. Quant au lutteur de l'écurie Keur Massar, Mouhamed Diop, il a souligné avoir été pris vers Atepa Technologie alors qu'il était là-bas pour s'entraîner. «C'est là-bas qu'on s'entraîne tous les jours. Je ne fais pas partie du cortège de Ousmane Sonko», a-t-il dit.
Interrogé pour sa part, le membre de l'ex-Pastef, Yarga Sy, a confirmé avoir été arrêté le 16 mars 2023 au niveau du rond point Mermoz vers 9h, jour où Ousmane Sonko se rendait à son procès. «Il n'y avait pas de manifestations là-bas. Une fois dans le cortège, les gendarmes lui ont intimé l'ordre de changer d'itinéraire, mais Sonko leur a dit que ceci n'était qu'un procès en diffamation et qu'ils n'avaient pas à lui dicter le trajet à prendre, sinon il allait rentrer chez lui. Les gendarmes ont lancé une grenade lacrymogène dans cette foule où il y avait des journalistes. Et pour atténuer l'effet du gaz lacrymogène, j'ai remis à Ousmane Sonko une écharpe de couleur verte, jaune et rouge imbibée de vinaigre. C'est quand j'ai vu que mon leader en avait besoin que je la lui ai tendue. Il y avait des gens dans la foule qui disposaient de bouteille de vinaigre. On nous a arrêté puis conduit à la Section de recherches où on a procédé à notre fouille corporelle. Les agents ont trouvé sur moi mes deux portables et mon chapelet. C'était un procès public auquel allait mon propre frère (Sonko). Je peux l'appeler ainsi puisque c'est un frère pour moi. Il n'y avait pas de manifestation non autorisée», dit-il.
 
Le procureur enfonce Ousseynou Ndiaye, El Hadji Pathé Mbaye et Ibrahima Lo
 
 
Faisant ses réquisitions, le procureur s'est rapporté à la sagesse du tribunal pour ce qui est de 17 prévenus, parmi lesquels Yarga Sy. Le maître des poursuites a relevé que les gendarmes n'ont pas précisé sur procès-verbal avec quels objets ils ont été trouvés. Pour ce qui est des trois autres mis en cause, en l'occurrence le garde du corps de Sonko Ousseynou Ndiaye, El Hadji Pathé Mbaye et Ibrahima Lo, il a requis 1 an de prison ferme contre eux. «Ousseynou Ndiaye, le garde du corps d'Ousmane Sonko, d'après l'enquête, a été interpellé avec un bâton télescopique et une bouteille de vinaigre. Ibrahima Lo a été trouvé avec une lance-pierre et des billes en fer. El Hadji Pathé Mbaye, quant à lui, s'est opposé aux agents, ce qui a conduit à son interpellation. Le comportement de ces derniers tel que décrit dans le Pv épouse l'article 80. Il faut les déclarer coupables et les condamner».
Les avocats de la défense, Mes Mame Coumba Kane, Abdoulaye Sène, Amadou Aly Kane, Sidy Kanouté, Famara Faty, Moussa Sarr et autres ont plaidé la relaxe des prévenus. Ce dernier a expliqué que dans ces manifestations, c’est comme si le parquet est au-dessus des lois. «Le parquet n’a rapporté aucune preuve devant vous. Le parquet n’a articulé aucun fait contre eux. Ce sont les forces de l’ordre qui sont à l’origine des troubles à l’ordre public ce jour-là. C’est un dossier vide», ont plaidé les conseils qui ont sollicité qu'ils soient tous renvoyés des fins des poursuites. Délibéré au 13 décembre prochain.
 
Fatou D. DIONE
 
LES ECHOS

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