PREVENUS D’AVOIR AIDE 4 PRISONNIERES DE LA MAC DE RUFISQUE A S’EVADER EN 2012: Les gardes pénitentiaires Angélique Bassène et Aliou Faye risquent 2 ans de prison ferme

Un mandat de dépôt et 2 ans de prison ferme pour les gardes pénitentiaires Angélique Bassène et Aliou Faye. C’est ce qu’a requis hier le procureur de la République à l’encontre de ces deux matons poursuivis pour… négligence. Normal que le représentant de la société se fâche et fasse une réquisition aussi sévère. Angélique Bassène et Aliou Faye sont en effet prévenus d’avoir aidé, en février 2012, quatre (4) détenues de nationalités différentes à s’évader de la maison d’arrêt pour femme de Rufisque. L’ancien commissaire de police bissau-guinéen Ibrahima Goumbassa, inculpé pour association de malfaiteurs et complicité d’évasion, encourt quant à lui, 3 ans d’emprisonnement ferme avec mandat de dépôt. Délibéré le 18 janvier prochain.




Le procureur du tribunal correctionnel de Dakar a sollicité hier de décerner un mandat de dépôt et 2 ans d'emprisonnement ferme pour les gardes pénitentiaires Angélique Bassène et Aliou Faye, poursuivis pour négligence. Aussi, il a requis la requalification de cette infraction en complicité. Pour l'ancien commissaire de police bissau-guinéen Ibrahima Goumbassa, le représentant de la société a requis 3 ans ferme et un mandat de dépôt pour les délits d'association de malfaiteurs et complicité d'évasion. Ces prévenus, qui ont tous comparu libres, auraient aidé 4 prisonnières de nationalités différentes, dont Madeline Boiroké, Marie Béatrice, à s'évader de la maison d'arrêt pour femme de Rufisque, en février 2012, vers les coups de 4 heures du matin. Les deux étaient condamnées par la Cour d'assises de Kaolack et les 2 autres par celle de Dakar pour trafic de cocaïne. 



Angélique Bassène «avait oublié de refermer la porte», Aliou Faye qui était de garde, «était à ce moment chez lui»

L'enquête subséquente ouverte a permis d'entendre Aliou Faye, qui était de garde ce jour. Il a soutenu avoir reçu la visite d’Ibrahima Goumbassa, oncle de la prisonnière Madeleine Boiroké à qui il a rendu visite avant qu’elle ne s’évade. 
Stratégie ou pas, en tout cas, pour sa part, la garde pénitentiaire Angélique Bassène a ouvert la porte d’entrée à l'une d'elles pour qu’elle fasse ses besoins, vu que les toilettes intérieures n’étaient pas fonctionnelles. Après cela, elle n’a pas refermé la porte. 
De son côté, Aliou Faye, complice ou pas, s’était rendu chez lui, en s’absentant de son poste de surveillance. Cueilli et interrogé, Ibrahima Goumbassa a reconnu avoir rendu visite à sa nièce, mais conteste son implication dans ces faits. Mais ses dénégations n’ont pas résisté aux faits parce que les réquisitions de la Sonatel ont montré qu'il était en perpétuelle communication avec l'un des frères de la fugitive Madeleine. Et ce frangin lui a même envoyé 120.000 F. Aussi, aussi curieux que cela puisse paraître, Ibrahima Goumbassa a convoyé tous les bagages des détenus en Guinée-Bissau, sur demande de l'une d'elles. Ce, après les faits. 
Quoi qu’il en soit, les enquêtes ont démontré que rien n'a été fracassé et qu’elles sont sorties par la porte.
Lors de son interrogatoire préliminaire, Angélique Bassène a dit avoir… oublié de refermer la porte. N’empêche, ils ont été placés sous mandat de dépôt pour association de malfaiteurs, complicité d’évasion et négligence et purgé 6 mois de détention, avant de bénéficier d’une liberté provisoire. 


Angélique Bassène, Aliou Faye et Ibrahima Goumbassa continuent à nier


Devant la Chambre criminelle de Dakar, où ils ont été traduits hier, les prévenus ont contesté les faits. Angélique Bassène : «les détenues étaient toutes dans la chambre 3 et cette nuit-là, j'étais de garde. Quand l’une d’entre elles a fait ses besoins, j'ai oublié de refermer la porte que je lui avais ouverte. Mais je ne sais pas comment elles se sont enfuies. C'est le chef de poste Dieynaba Camara, à qui il revenait de voir si toutes les portes étaient fermées, qui m'a informée de l’évasion. Vers 22h, on a procédé à la vérification des lieux, avant d'éteindre la lumière. J'avoue qu’aucune d’entre elles ne peut s’enfuir de la prison en posant une chaise», a-t-elle narré. 
Ce sont les mêmes dénégations qu’a servies Aliou Faye. «Ce jour-là, vers 23 heures, je suis allé à mon corps de garde et j'ai tout refermé, avant de m'en aller. Je suis chargé de faire la ronde la nuit. En réalité, ce jour-là je n’étais pas à mon poste, car j'étais à la maison», a-t-il indiqué. 
Ibrahima Goumbassa, ancien commissaire de police en Guinée-Bissau et homme de main de John Obi, trafiquant notoire de drogue nigérian, a embouché la même trompette que ses acolytes. «Je reconnais que le jour de leur évasion, je me suis rendu à cette prison. Aussi, j’ai voyagé en Guinée avec mes bagages et ceux de Madeleine qui s'est évadée. Je confirme que son frère m'a appelé et m'a envoyé 120.000 F pour la prévenue Madeleine. Ils ne m'ont pas appelé ni laissé de messages. C’est à la prison qu’on m’a notifié qu’elle s’était enfuie», a-t-il argué. 


Le Procureur : «C'est une action concertée afin qu'elles s'évadent»


Mais de l’avis du procureur, les inculpés ont facilité cette évasion. «Personne ne peut penser que cette évasion était le fruit du hasard, car les circonstances ne militent pas en leur faveur. Car, toute la hiérarchie a soutenu qu'il était quasi impossible de s'évader de cet endroit, de la manière dont les prévenus le décrivent. Et même la configuration des lieux ne peut pas permettre d'arpenter la hauteur des murs, sans oublier la forte corpulence des fugitives. Aussi, Marie Béatrice, l’une d’entre elles, peine à marcher correctement. La vérité c’est que les détenues sont passées par la porte et le couloir pour s'enfuir. Et les prévenus se sont bien organisés pour se trouver dans des endroits différents. C'est une action concertée afin qu'elles s'évadent», a-t-il affirmé. 
Avocat de Angélique Bassène, Me Abdou Dialy Kane a demandé la relaxe au bénéfice du doute ou une application bienveillante de la loi pour sa cliente dont «la culpabilité n'est pas établie». Me Domingo Dieng a plaidé la relaxe au bénéfice du doute pour Ibrahima Goumbassa. Pour se défendre, vu qu’il ne dispose pas de conseil, Aliou Faye a encore clamé son innocence. 
Délibéré le18 janvier 2018.

Fatou D.DIONE (Stagiaire)
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