PRESERVATION DU PATRIMOINE ROUTIER ET OCCUPATION ANARCHIQUE La mise en œuvre partielle du R14 de l'Uemoa réduit la dégradation des routes au Sénégal




 
 
Le retard noté dans la mise en œuvre de l’application du R14 de l'Uemoa et l’acte additionnel de la Cedeao est à l’origine des surcharges à l’essieu qui persistent et qui dégradent nos routes en plus de coûter cher aux États entre 34 et 45 milliards par an, dont 60 milliards pour le Sénégal en 2013. Cependant son application partielle au Sénégal a permis entre autres de réduire le taux de surcharges de 80 à 52%.
 
 
 
Pour consolider les acquis de la mise en œuvre du Règlement 14 de l’Uemoa et préserver le patrimoine routier, l’Ageroute, en relation avec la Direction générale des Infrastructures routières et du Désenclavement, a initié un atelier de formation et de sensibilisation des journalistes sur la préservation du patrimoine routier et l’occupation anarchique des emprises routières. L'ingénieur en génie civil à la retraite, Malang Faty est revenu à cet effet sur le règlement 14 de l’Uemoa (2005) et l’acte additionnel de la Cedeao (2012) dont la mise en œuvre intégrale tarde à être définitive dans l’espace de la Cedeao. Selon l’expert, les Etats mettent beaucoup de moyens dans la construction des routes qui malheureusement se dégradent vite à cause du fléau des surcharges notamment des camions au niveau interne et entre les Etats de l’espace Uemoa et Cedeao. A l’en croire, l’exploitation de la route pose problème avec le conflit d’intérêt qui existe entre les acteurs transporteurs, commerçants, entre autres, à l’origine des surcharges qui ne font pas gagner de l’argent à ces derniers, mais ont un impact néfaste sur les infrastructures routières, les camions mais aussi sur la santé du conducteur. Cependant, il est d’avis que des pays ont fait des efforts pour mettre en œuvre. C’est le cas du Togo mais aussi du Sénégal qui appliquent partiellement le R14. En effet, lorsqu’il y a surcharge à la pesée, le camion doit être délester du surplus en plus de payer une amende. Seulement, son application reste proportionnée. Or, l'expert note un coût exorbitant des dégâts dû à la surcharge, évalués à 34 et 45 milliards/an. Pour le Sénégal en 2013, le surcoût financier en sécurité routière évaluée à 60 milliards sur 3500 km. Il rappelle en outre que la norme de conception routière est de 13 tonnes à l’essieu et la charge admise de 11,5 tonnes à l’essieu.
 
Le taux de surcharge est passé de 80 à 52% au Sénégal
 
S’agissant de la mise en œuvre partielle du R14, il dira qu’il a permis au Sénégal d’avoir des avancées, notamment, sur la baisse du taux de surcharge de 80% à 52%, la baisse d’accidents dus à la surcharge, l’amélioration du niveau de service (routes) de bon 62% (2012) à très bon 83% (2021). Cependant, l’expert explique que les tolérances appliquées contribuent à la destruction de la chaussée. Avec une tolérance de 15%, la durée de vie de nos routes passe de 20 à 6 ans. Il en veut pour preuve l’état des lieux des données de pesage au premier trimestre 2023. En effet, sur 175.946 camions pesés, le nombre de surcharge avec tolérance est de 7743, soit 4%. Le nombre de surcharge sans tolérance est de 70.758 soit un pourcentage de 40%. Aussi, l’expert a-t-il plaidé pour l’application rigoureuse du R14, en dépit de l’application non concomitante dans les autres Etats de l’Uemoa et de la pression de syndicalistes afin de préserver le réseau routier et d’améliorer la sécurité routière.
 
Le Sénégal invité à appliquer les amendes à 100%
 
Il est d’avis également que le Sénégal doit appliquer à 100% le règlement 14 de l’Uemoa. Contrairement à l’amende fixée dans l’espace communautaire qui est de 20.000 francs par tonne au niveau interne et 60.000 francs par tonne au niveau international, le Sénégal, regrette Malang Faty, n’applique que la moitié de ces montants en cas de surcharge, soit dix mille et 30.000 francs. En outre, il révèle que le Sénégal s’est doté de matériels de pesage. Sur les 27 plateformes de plus de 200.000 tonnes de fret par an recensées, 18 disposent de pèses essieux opérationnalisés, seuls 6 disposent de détecteur de gabarit. Il ajoute que la tolérance globale de 15% est respectée par la majorité des plateformes. Des progrès majeurs réalisés également de 2010 à 2021 avec la neutralisation de la surcharge extrême avec un taux passé de 10% à moins de 1% ; et la réduction à moins de 50% du nombre moyen de camions en surcharge.
 
21.098 victimes de la voirie publique
 
En ce qui concerne l’occupation anarchique, Dakar concentre selon l'expert du transport routier, Ibrahima Ndongo, 15% de voirie contre 35 à 40% selon les normes standard au monde, alors que c’est 0,28% du territoire national et concentre plus de 40% du parc automobile. Il estime les déplacements (véhicules, piétons, tricycle, etc.), à 7,2 millions par jour. Ce qui entraine une perte de 35 h de travail par an, par habitant ; en plus d’une recrudescence des maladies pulmonaires. Mais aussi et surtout des accidents avec 21.098 victimes sur la voirie publique en 2022 dont 519 tués.
 
M. CISS
 
 
 
 
LES ECHOS

Dans la même rubrique :