Bassirou Diomaye Faye sera l’hôte du Président Trump ce mercredi. Une première visite du président de la République du Sénégal dans la capitale américaine, avec son lot d’enjeux que le Sénégal compte prendre pleinement à son avantage.
Sur invitation du Président Trump, Le président de la République participera du 9 au 11 juillet courant au sommet entre les Etats-Unis et 5 Etats africains à Washington DC. Une première visite du Président Bassirou Diomaye Faye dans la capitale américaine, pour relancer les relations bilatérales entre Dakar et Washington, sur lesquelles beaucoup de zones d’ombre avaient commencé à s’installer. Le refus de visas à des membres de l’équipe nationale féminine de basketball ainsi que les menaces d’une mise prochaine du Sénégal dans la liste des pays dont l’accès aux Usa est limité sont les plus récents. La visite du chef du Gouvernement Ousmane Sonko en Chine, qu’il a lui-même corrélée à cette situation de crise, est aussi une couche de plus sur les relations tendues entre les deux pays. C’est dire donc que ce sommet, bien qu’aux allures multilatérales, vient à son heure.
Washington propose un format mini-sommet pour plus d’efficacité
Le Président Trump et son administration ne sont pas adeptes des rencontres multilatérales grand format. C’est sous ce rapport d’ailleurs que les Etats-Unis ont proposé un mini-sommet qu’ils souhaitent axer sur des accords pratiques, renseigne la Maison blanche. Durant ces 3 jours, il devra être question d’entretiens bilatéraux et multilatéraux sur le commerce, les énergies, les infrastructures, l’agriculture, mais surtout les minéraux critiques que la partie américaine considère comme une question de sécurité nationale. Les Usa veulent profiter de ce sommet pour participer au renforcement de la sécurité dans la sous-région. Il est annoncé des discussions sur la stabilité régionale, la sécurité maritime et dans le golfe de Guinée, ainsi que la lutte contre les trafics. Les organisateurs de ce sommet visent aussi un engagement fort des acteurs du secteur privé, avec de nouveaux accords commerciaux et des projets d'investissement dans des domaines variés.
Les points absents d’un agenda
Dans la forme, ce mini-sommet qui est à l’initiative des Etats-Unis relève beaucoup plus des priorités de Washington que celles du Sénégal et des autres pays africains invités, qui ont surement des priorités différentes. Pour le cas du Sénégal, sa délégation perdrait beaucoup à participer à un tel sommet sans aborder la situation précaire des migrants sénégalais qui vivent aux Usa. De même, la restriction probable des entrées sénégalaises sur le sol américain ou “travel ban” et son lot de propositions en contrepartie doit être mise sur la table par la partie sénégalaise. Sur le plan des finances, les Etats-Unis, qui ont récemment suspendu des programmes d’aide au développement au Sénégal, sous la bannière de l’Usaid et du MCC, devront durant ce sommet mettre sur la table d’autres alternatives de financement du développement que la Banque américaine de financement du développement international (DFC) assure désormais au premier plan. Dans le rapport 2024 de la DFC, 13.1 milliards de dollars ont été investis dans 58 projets en Afrique subsaharienne. Le document ne dénombre aucun financement de la banque au Sénégal ou dans les quatre autres pays invités à ce sommet. Un point qui pourrait expliquer le choix de ces pays jusque-là absents des portfolios de la banque. Une manière d’élargir le financement dans des pays de la sous-région qui ne manque pas d’opportunités de développement. Par exemple, l’invitation du Sénégal associé à la Guinée-Bissau ou à la Mauritanie nous dit plus sur les ressources communes non encore exploitées.
ENCADRE
La Banque américaine de financement du développement international (DFC) annonce 2 projets majeurs en Afrique subsaharienne
En amont de ce mini-sommet, la DFC informe avoir approuvé deux transactions stratégiques en Afrique subsaharienne. Sans pour autant dévoiler la nature de ces financements pour des raisons de “sensibilité du marché”, la banque rassure que cela va favoriser le développement économique et la prospérité de ces pays de la sous-région. La DFC que l’on va devoir beaucoup entendre parler, car étant la nouvelle interface américaine en termes de financement de projets de développement international, ajoute que ces 2 projets majeurs vont renforcer les chaînes d'approvisionnement en minéraux critiques pour les États-Unis. Ce qui aura un impact considérable de croissance économique. Les secteurs visés sont surtout la sécurité, l'énergie, la défense, l’innovation et les technologies avancées.
Ahmadou Ben Cheikh KANE
Correspondant permanent à New York