PREMIER DISCOURS A LA NATION : Bassirou Diomaye Faye promet une gouvernance vertueuse, fondée sur l’éthique de responsabilité et l’obligation de rendre compte




 
 
Le nouveau chef de l’Etat a livré avant-hier mercredi 3 avril sa première adresse officielle à la nation sénégalaise. Après avoir réaffirmé sa détermination à préserver notre vivre ensemble, le Président Bassirou Diomaye Faye a fait le tour des défis urgents, en promettant d’accorder à chacun d’entre eux l’attention qu’il mérite afin de conforter la paix, la sécurité et la stabilité indispensables au développement économique et social de notre cher pays.
 
 
 
Pour sa première fête de l’indépendance en tant que président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye a sacrifié au traditionnel discours à la nation du 3 avril, qui lui a permis de partager sa politique de gouvernance. Le jeune président a tenu d’emblée à rendre un vibrant hommage à ses prédécesseurs, qui, dit-il, ont apporté leurs pierres à l’œuvre de construction nationale. Bassirou Diomaye Faye promet ainsi de poursuivre avec le peuple sénégalais, sur la base de ce legs, la quête collective du Sénégal de nos rêves. «En tant que Chef suprême des armées et garant de l’unité nationale, je suis déterminé à préserver notre vivre ensemble hérité de nos ancêtres ; parce que nous n’avons qu’une seule patrie : le Sénégal, notre abri commun, que nous aimons tous, qui ne commence pas par nous, et ne finit pas avec nous», s’est-il engagé.
 
 
«Je compte rassembler, rassurer, apaiser et réconcilier, afin de conforter la paix»
 
Pour lui, son rôle qu’il «compte assumer pleinement, est de tendre la main à toutes et à tous, pour la sécurité et la stabilité indispensables au développement économique et social de notre cher pays», affirme le Président Faye.
Pour la jeunesse qu’il décrit comme le «cœur battant de la nation», le chef de l’État promet qu’elle restera au centre de ses préoccupations.  «Chers jeunes du Sénégal, je fais miens vos rêves, vos aspirations et vos ambitions légitimes de réussir pour être utiles à vous-mêmes, à vos familles, vos communautés et votre pays».
 
 
«Je vais m’appuyer sur le secteur privé fort pour encourager la création d’emplois»
 
Ainsi donc, souligne-t-il, l’éducation, la formation aux métiers, l’emploi, l’entreprenariat des jeunes et des femmes restent des défis majeurs à relever. C’est pourquoi, il en fera une priorité élevée des politiques publiques, en concertation avec le secteur privé. «Nous devons, à cet effet, revisiter les mécanismes existants, les améliorer et les rationaliser afin qu’ils répondent mieux aux besoins d’emplois et autres activités génératrices de revenus pour les jeunes». Le Président Bassirou Diomaye Faye veut s’appuyer sur un secteur privé fort parce que soutenu par l’Etat, pour encourager la création d’emplois. «Sur la base de nos besoins prioritaires, nous travaillerons ensemble pour endogénéiser notre économie. Bien entendu, le secteur privé international aura son plein rôle à tenir», déclare le chef de l’Etat.
 
 
«Dans les jours à venir, des mesures fortes seront prises contre le coût de la vie»
 
 
En ce qui concerne la vie chère, le président Faye dit être à pied d’œuvre pour y remédier. Dans cette perspective, il compte convoquer de larges concertations avec les acteurs concernés très prochainement pour trouver des solutions. A l’en croire, les Sénégalais sont braves, mais ils sont fatigués et attendent de leurs nouveaux dirigeants, des solutions contre la vie chère. «La question du coût de la vie me préoccupe particulièrement et retient toute mon attention. Dans les jours à venir, des mesures fortes seront prises dans ce sens, après les concertations que j’entreprendrai avec les acteurs concernés», promet-il.
 
 
«Je convoquerai de larges concertations pour la réforme du système électoral»
 
 
Pour ce qui est de notre système politico institutionnel, Bassirou Diomaye Faye va entreprendre de larges concertations avec la classe politique et la société civile pour sa réorganisation. D’après ce dernier, le moment est venu pour «tirer les leçons de nos réussites et de nos échecs pour une gouvernance publique plus moderne, plus républicaine et plus respectueuse des droits humains».
C’est pourquoi, précise-t-il, après avoir démissionné de son poste de secrétaire général de Pastef-Les Patriotes, pour se mettre au-dessus de la mêlée, il veut  convoquer  larges concertations avec la classe politique et la société civile sur : «la réforme du système électoral notamment ; le remplacement de la Cena par une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avec un renforcement de ses moyens de fonctionnement et de ses prérogatives ;  la rationalisation du nombre de partis politiques, ainsi que leur financement ;  l’inscription sur le fichier électoral concomitamment à la délivrance de la pièce nationale d’identité», s’engage-t-il.
 
 
«Des assises pour redorer le blason de la justice»
 
 
Le secteur judiciaire n’a pas été en reste. Ainsi donc, «pour redorer le blason de la justice, lui redonner le prix qu’elle mérite et la réconcilier avec le peuple au nom duquel elle est rendue, j’entends organiser des assises regroupant les professions du métier, les professeurs d’université et les citoyens pour identifier des pistes de solution aux problèmes de la justice».
 
 
«La lutte sans répit contre la corruption (…) La protection des lanceurs d’alerte»
 
 
Pour sa politique contre la corruption sur laquelle il insiste depuis la campagne, le Président nouvellement élu promet des mesures fortes. «Dans la quête d’un Sénégal meilleur au bénéfice de tous, j’entends instaurer une gouvernance vertueuse, fondée sur l’éthique de responsabilité et l’obligation de rendre compte», affirme-t-il.
En outre, souligne le Président Faye, il engagera sans tarder une politique hardie de bonne gouvernance économique et financière par : «la lutte sans répit contre la corruption ; la répression pénale de la fraude fiscale et des flux financiers illicites ; la protection des lanceurs d’alerte ; la lutte contre le détournement de deniers publics et le blanchiment d’argent ; l’amnistie des prête-noms et leur intéressement sous condition d’auto dénonciation ; la publication des rapports de l’Ige, de la Cour des comptes et de l’Ofnac».
Son gouvernement va se pencher aussi, avec beaucoup de sérieux, sur la question de l’exploitation de nos ressources naturelles. Le président de la République, en plus de la mise en ligne déjà effective des contrats miniers, pétroliers et gaziers, fera «procéder à la divulgation de la propriété effective des entreprises extractives, conformément à la Norme Itie, à l’audit du secteur minier, gazier et pétrolier et à une protection plus soutenue du contenu local au bénéfice du secteur privé national».
Aux partenaires privés, le chef de l’État réaffirme son engagement à poursuivre le travail avec eux. «Conformément aux lois et règlements en vigueur, les droits de l’investisseur seront toujours protégés, de même que les intérêts de l’Etat et des populations. Nous veillerons, sans cesse, à maintenir et raffermir les relations de bon voisinage et de solidarité agissante au sein de nos organisations communautaires, notamment la Cedeao et l’Uemoa», déclare le Président Faye qui dit être engagé fermement dans la construction de l’intégration africaine et la réalisation des objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine.
 
 
«Rompre les chaines de la dépendance économique par le culte permanent du travail et du résultat»
 
 
De même que les partenaires étrangers de tous horizons, Bassirou Diomaye Faye soutient qu’ils sont d’égale dignité pour nous. «A tous, nous devons respect et considération. Et de tous nous demandons respect et considération. Nous resterons engagés pour une gouvernance mondiale plus juste et plus inclusive, dans le respect de l’égale dignité des valeurs de cultures et de civilisations», dit-il.
Poursuivant, le jeune chef de l’Etat assure : «nous avons la responsabilité historique de conforter notre souveraineté en rompant les chaines de la dépendance économique par le culte permanent du travail et du résultat». Donc, l’Administration doit agir à tous les niveaux de façon plus accueillante et plus efficace pour les usagers du service public. « Nous devons bannir de nos pratiques les procédures et formalités indues qui altèrent l’efficacité de l’Etat. Nous entendons investir massivement dans la digitalisation des services et des procédures administratives », fait-il savoir avant de s’attaquer à la question de la souveraineté alimentaire pour laquelle il faudra investir «plus et mieux dans l’agriculture, la pêche et l’élevage, les trois mamelles nourricières de notre pays. Je tiens particulièrement à ce que les subventions substantielles dépensées chaque année dans la campagne agricole bénéficient aux véritables producteurs et non à des acteurs intermédiaires».
 
Ndeye Khady D. FALL
 
 
 
 
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