POUR AVOIR TUÉ SON ONCLE, LE BOUTIQUIER RISQUE 10 ANS DE TRAVAUX FORCÉS: Mamadou Benté Diallo poignarde mortellement au cœur son oncle Moussa Diallo, qui l’a attaqué avec une pelle



 
         
Pour avoir tué en 2016 à Yeumbeul son oncle Moussa Diallo à coup de couteau au cœur, le boutiquier Mamadou Benté Diallo encourt 10 ans de travaux forcés, devant la Chambre criminelle de Dakar où il a comparu, hier, pour meurtre. Il sera fixé sur son sort le 3 mars prochain. 
 
 
Le boutiquier de 27 ans Mamadou Benté Diallo encourt 10 ans de travaux forcés pour le meurtre de son oncle, Moussa Diallo. Ce dernier a été mortellement poignardé au cœur par son neveu. En effet, selon l'enquête, le défunt Moussa Diallo est décrit comme une brebis galeuse, un ivrogne qui s'attaquait aux gens. Aussi, ses relations avec son neveu n'étaient pas au beau fixe et ils se regardaient en chiens de faïence, se disputant constamment. Ainsi, le défunt Moussa Diallo avait un jour demandé de l’argent à l'accusé. Mais, celui-ci lui a confié qu'il n'en avait point puisqu'il ne travaillait plus depuis des jours. Avant que la victime ne l'abreuve d'injures. C'est ainsi que quelques jours après, Moussa Diallo est revenu dans son commerce et lui a demandé une bouteille de boisson à crédit, ce que l'accusé a refusé avant qu'ils n’en viennent aux mains. Toutefois, vu que l’oncle avait intimé l'ordre au neveu de ne plus remettre les pieds dans sa maison, ce dernier est par ailleurs venu dans la chambre de son frère. Hélas, ayant entendu la voix de l'accusé, la victime l'a sommé de quitter les lieux après un échange de propos aigres-doux. Mais, avant de vider le plancher, l'accusé lui a rétorqué qu’il n'a qu'à sortir pour venir régler cette affaire d'homme à homme. 
Se sentant insulté, l'oncle Moussa Diallo s'est emparé d'une pelle pour le frapper avec elle. Au même moment, Mamadou Bente Diallo a saisi un couteau, lui en assénant un coup au cœur, dans cette soirée du 14 juin 2016. Pendant que Moussa Diallo était affalé au sol, l'accusé a pris la fuite après s'être débarrassé de l'arme du crime, avant que les éléments de Yeumbeul ne soient informés. 
Par la suite, l'autopsie effectuée par l'homme de l'art a révélé que Moussa Diallo a succombé à ses blessures causées par une arme blanche pointue qui a provoqué une plaie transversale de 4 cm qui a sectionné les vaisseaux sanguins. 
 
 
 
L’accusé : «c’est sous l'emprise de la peur que j'ai saisi le couteau posé sur mon comptoir avant de le poignarder»
 
 
Interpellé, l'accusé a reconnu les faits en expliquant que la victime ne cessait de le provoquer. Inculpé pour assassinat, le boutiquier Mamadou Bente Diallo a été renvoyé hier devant la Chambre criminelle de Dakar pour meurtre, après disqualification des faits. Il a reconnu être l’auteur de meurtre de son oncle. «Il s’est emparé d'une pelle qu'il a voulu m’asséner. Et en le voyant venir, j'ai pris la fuite en me réfugiant dans ma boutique. N'ayant pas d'échappatoire, c’est sous l'emprise de la peur que j'ai saisi le couteau qui était posé sur mon comptoir avant de le poignarder. Je l'ai tué avec un coup de couteau, mais je n'avais pas l'intention. Car, je voulais juste me défendre», a raconté l’accusé. 
Grand-frère de l'accusé, Ibrahima Diallo a déclaré avoir convaincu son frangin de se rendre à la police quand il est venu le voir après la bagarre à laquelle il n'a pas assisté. «J'ai dit à mon frère que je vais aller de mon propre chef à la police centrale pour expliquer les faits et c'est là qu'il a accepté de venir avec moi», a-t-il révélé. Le procureur Saliou Ngom, quant à lui, a requis 10 ans de travaux forcés contre l'accusé. 
 
 
 
Les avocats réfutent la thèse du meurtre
 
 
Avocat de la défense, Me Ndiack Ba a confié au tribunal que son client n'avait pas l'intention de lui ôter la vie, si on voit le nombre de coups que la victime a reçu. Sur ce, dit-il, le meurtre n'est pas établi. C'est au regard de ces observations que la robe noire a demandé à la Chambre de disqualifier les faits en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et de lui faire une application bienveillante de la loi. Lui emboîtant le pas, Me Moulaye Kane, qui a émis le même souhait, a aussi plaidé auprès du tribunal de retenir l'excuse de provocation. «On peut forcément soulever l'excuse de provocation, parce que tous les témoins ont unanimement dit sur Pv que c'est la victime qui est sortie de chez elle avec une pelle pour lui porter des coups. Si vous estimez qu'il y a des circonstances atténuantes, vous pouvez lui infliger une peine de 2 ans qui couvrira largement les 3 ans qu'il a purgés», a plaidé Me Kane. Refus du représentant du parquet qui a demandé d’écarter l'excuse de provocation. Délibéré le 3 mars prochain. 
 
Fatou D. DIONE
 

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