POLEMIQUES ET INVECTOVES A LA BARRE: Vive passe d’armes entre le Procureur de la République et Khalifa Sall



 
 
 
Le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye a eu une passe d’armes avec le maire de Dakar, à la suite d’une observation qu’il a faite. En effet, le Procureur, à qui il revenait de poser des questions aux prévenus, a demandé à Khalifa Sall pourquoi il dit que Yatma Diao a failli le faire pleurer. «J’ai dit que Yatma Diao a failli me faire pleurer, vu les conditions de détention dans lesquelles il se trouve. Et je n’ai pas donné cette assertion gratuitement. Car, depuis 2002, il signe et on le lui reproche aujourd’hui», a rétorqué le maire de Dakar. Serigne Bassirou Guèye de dire alors à Khalifa Sall : «c’est juste que je ne voudrais pas me lever pour dire, dans mes réquisitions, des choses dont je ne veux pas me mettre à repenser dans ma tête et qui m’empêcheront de dormir». Et Khalifa Sall de rétorquer : «Cela, je ne vous le fais pas dire, c’est vous qui le dites, si vous avez des problèmes de sommeil…». Une réponse qui a eu l’effet d’irriter le procureur de la République. Qui s’emporte: «Celui qui a détourné, ce n’est pas moi. Monsieur le Président, c’est lui qui, depuis le début de cette affaire, me dit que j’ai quelque chose à me reprocher». Les avocats de la défense, exaspérés par cette remarque du Procureur, sautent de leurs sièges pour rappeler au Procureur qu’il y a la présomption d’innocence qui bénéficie à leur client. Serigne Bassirou Guèye revient alors sur ses propos pour dire qu’il n’a jamais accusé personne, mais qu’il a juste dit que c’est Khalifa Sall qu’on juge pour des faits de détournement et qu’il n’a rien dit d’autre.
 
 
 
 
L’avocat malien de Khalifa Sall et Serigne Bassirou Guèye manque de s’étriper
 
 
Mais, ce n’était pas tout, pendant que Khalifa Sall répondait aux questions du bâtonnier, Me Yérim Sow, Me Traoré, un avocat malien de la défense, ne cessait de faire des va-et-vient devant la barre. Des déplacements qui indisposaient le juge Malick Lamotte qui lui demande de rejoindre sa place. «Me Traoré, vous perturbez l’audience. Quand les prévenus s’expriment, tous les avocats sont tenus de rester immobiles. C’est un moment solennel», lui a rappelé le juge. Ce que ce dernier n’a pas apprécié et il lui a rétorqué : «Je suis conforme à la loi. Je ne permettrai pas à un Procureur et une partie civile d’enrôler mon client». Sur ce, le Procureur a voulu l’interrompre. «Ne me coupez pas la parole», lui crie alors l’avocat. Piqué au vif, Serigne Bassirou Guèye de l’apostropher : «je vous coupe». Le juge intervient pour calmer les esprits, faisant remarquer à tout le monde que c’est le Tribunal qui a la police de l’audience. «Le prévenu doit sentir la présence de son avocat à ses côtés», fait observer à sa suite Me François Sarr, confortant son confrère Me Traoré. L’orage passe et l’interrogatoire s’est poursuivi.
 
 
Fatou D. DIONE (Stagiaire)

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