Abdou Nguer et son acolyte Pape Amadou Ndiaye Diaw encourent des peines de prison ferme allant de 1 an à 6 mois. Ils ont comparu hier, mercredi 8 octobre 2025, devant le tribunal correctionnel de Dakar, pour diffusion de fausses nouvelles, offense au chef de l’État et apologie d’un crime ou d’un délit. Ils seront édifiés sur leur sort le 12 novembre prochain.
L'affaire opposant le chroniqueur Abdou Nguer, l'agent commercial à la Lonase, Pape Amadou Ndiaye Diaw, au ministère public a été débattue hier, mercredi 8 octobre 2025, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Les premiers nommés, prévenus dans la présente cause, sont poursuivis pour diffusion de fausses nouvelles, offense au chef de l’État et apologie d’un crime ou d’un délit. En effet, c'est à la suite de la publication d'une vidéo par Pape Amadou Ndiaye Diaw sur son compte TikTok dénommé "Abdou Nguer seul" et sur laquelle il avait écrit que "le peuple sénégalais réclamait une autopsie concernant la mort de l'ancien ministre des Finances, Moustapha Ba", qu'ils ont été arrêtés. L'accusation avait aussi imputé à Abdou Nguer d'avoir fait l'apologie du crime en parlant de la période des manifestations. Il s'y ajoute aussi les propos qu'il avait tenus concernant le rapport de la Cour des comptes concernant le budget de l'Etat.
Face au tribunal, Abdou Nguer s'est défendu en reconnaissant avoir tenu tous les propos contenus dans les audios qui ont été écoutés à l'audience. "Vous avez la preuve de ce que vous avancez ?", lui lance le juge. Il réplique :"ce sont des faits que j’ai commentés. Ils ont aussi interprété la loi d’amnistie comme ils le voulaient". Pour ce qui est de ses déclarations sur les finances de l'Etat par suite de la publication du rapport de la Cour des comptes, il déclare : "j'ai trouvé ledit rapport sur internet. Je me suis arrêté sur la page 26 qui m'intéressait. La Cour, dans ce rapport, parle de 278 milliards, alors que le gouvernement parle de 173 milliards laissés par Macky Sall. J’ai simplement constaté un écart et je me suis arrêté sur ça. Ce n'est pas moi qui l'ai dit, mais des magistrats". Sur les attaques perpétrées à la caserne Samba Diéry Diallo de Colobane, à l'époque des manifestations en 2024, dans un extrait audio diffusé, on l’entend dire : "si c’était moi qui étais à la caserne, j’aurais fusillé ceux qui l’ont attaquée". En guise de réponse, il dit :"si c’est cela qui doit me conduire en prison, je n’y peux rien". Concernant la mort du magistrat Mamadou Badio Camara, Abdou Nguer affirme qu’il n’a rien à voir avec le texte publié sur TikTok : "le compte ne m’appartient pas. Les enquêteurs s’en sont pourtant servi pour m’arrêter. À la fin, ils se sont rendu compte qu'il n'y avait rien, mais cela n'a pas empêché le procureur de me maintenir en prison".
Son coprévenu, Pape Amadou Ndiaye Diaw, 32 ans, a reconnu avoir diffusé la vidéo incriminée, mais précise avoir collé un commentaire qu'il a copié ailleurs. Sur les raisons, il explique : "je voulais juste des vues".
Pour le procureur, les faits sont clairs : Abdou Nguer est bien l’auteur des propos diffusés. En abordant des morts d’autorités et en évoquant un écart budgétaire qu’il qualifie «d’illégal», il a semé le doute et jeté l’opprobre sur les institutions. Le magistrat du parquet requiert 2 ans de prison, dont 1 an ferme, assortis d’une amende de 500.000 F Cfa contre le chroniqueur, et 6 mois ferme et une amende de 100.000 F Cfa pour son acolyte.
La défense a de son côté crié "à l’atteinte à la liberté d’expression". Me Alpha Diallo a demandé la relaxe pure et simple des prévenus. "Je ne vois nulle part une vidéo où le président est offensé", plaide-t-il.
Son confrère, Me Alioune Badara Fall, d'ajouter : «ce procès, c’est celui de la liberté d’opinion. Abdou Nguer parle au bas peuple. On l’a fait taire parce qu’il dérange". Les deux avocats ont par ailleurs dénoncé son arrestation qu'ils qualifient "d'arbitraire". Le délibéré sera rendu le 12 novembre prochain.
Fatou D. DIONE