PLAN SOCIAL AU GROUPE FUTURS MÉDIAS : Le Synpics-maison sonne la mobilisation générale contre cette ‘’ dérive patronale dangereuse’’




 
Au Groupe Futurs Médias (Gfm), la crise sociale prend une tournure explosive. Des réductions salariales unilatérales de 10 à 15% ont été imposées aux travailleurs, sans concertation préalable. Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) dénonce une violation flagrante du droit du travail et appelle à la mobilisation nationale pour «barrer la route» à ce qu’il qualifie de dérive patronale dangereuse.
 
Un vent de colère souffle dans les couloirs du Groupe Futurs Médias. À la «surprise générale», selon les termes des représentants syndicaux, plusieurs employés ont reçu des notifications annonçant une baisse de leur salaire, allant de 10 à 15%. Une décision tombée sans avertissement, sans discussion, et surtout sans accord, en violation directe du Code du travail sénégalais. «Le salaire ne peut faire l’objet d’aucune réduction sans consentement avec les partenaires sociaux», rappelle Modou Fall, secrétaire général du Synpics – section Gfm. Pour lui, la direction «a pris une décision unilatérale, constituant une violation du droit sénégalais et une modification substantielle des contrats de travail». Il parle de forcing, de mépris des procédures, et d’une volonté affichée de passer en force. «Nous appelons tous les travailleurs à la mobilisation pour barrer cette dérive», lance-t-il, invitant les organisations socioprofessionnelles à rejoindre le front social.
 
 
Des négociations ignorées, un dialogue social méprisé
 
 
Depuis plusieurs semaines, des démarches avaient été entreprises auprès de l’Inspection du travail. Le Synpics affirme avoir formulé des alternatives concrètes pour éviter toute mesure brutale. Le syndicat avait recommandé la création d’un comité ad hoc incluant la Direction générale, les ressources humaines, la Daf, les délégués du personnel et la représentation des actionnaires. Objectif, trouver un plan social concerté. La proposition est restée lettre morte. «La direction n’a jamais répondu, ni convoqué la moindre réunion. Elle a choisi le dilatoire. Elle ne veut pas de solutions négociées», souligne Modou Fall.
 
 
Une stratégie qui annonce des licenciements ?
 
 
Pour le Synpics, l’opacité de la démarche n’est pas anodine. La réduction salariale serait le prélude à des licenciements ciblés. «Quand la direction dit que cette baisse va obéir à des licenciements, cela signifie que des travailleurs vont bientôt perdre leur emploi. Mais selon quels critères ? Qui a été ciblé ? Tout est flou», dénonce Modou Fall.
Le syndicat exige des preuves réelles et vérifiables attestant des difficultés de l’entreprise. «Nous ne pouvons accepter que les travailleurs paient les frais d’une gestion qui n’est pas la leur.»
 
 
Synpics hausse le ton : “ces travailleurs méritent mieux”
 
Le soutien est également venu du Syndicat national des professionnels de la communication (Synpics). Son secrétaire général, Moustapha Cissé, parle d’injustice sociale. «Ces employés ne méritent pas ce sort. S’il y avait nécessité de réduire les salaires, cela devait être discuté d’abord avec eux. Se réveiller un matin et imposer cela relève de la forfaiture». Il accuse une mauvaise gestion et une incapacité d’adaptation des responsables de presse. Et prévient. «Nous en appelons au président de la République, au Premier ministre, au ministre de la Communication et à celui du Travail. Si cette décision n’est pas bloquée, nous irons plus loin.»
 
 
“Nous sommes prêts à la lutte”
 
Dans un contexte économique déjà difficile, les syndicats alertent, des dizaines de familles sont menacées. Le Synpics demande l’intervention urgente de l’État, des acteurs médiatiques et de toutes les forces sociales. L’objectif : empêcher que cette crise interne ne devienne un précédent dangereux dans toute la presse sénégalaise. «Ce que nous lançons aujourd’hui, c’est une alerte. Mais nous sommes prêts à aller au combat.»
 
Baye Modou SARR
 
 
 
 
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