Dans une déclaration musclée rendue publique à l’issue de sa réunion du 31 juillet 2025, le Secrétariat exécutif national de l’Alliance pour la République (Apr) a vertement critiqué le pouvoir en place, dénonçant une gouvernance «sans cap» et des persécutions politiques ciblées. L’ancienne majorité sonne la mobilisation, défend ses responsables poursuivis et tente d’imposer sa voix dans le débat national et international. Sur le Plan de redressement économique et social qui sera présente aujourd’hui, le Sen appelle les travailleurs, les partenaires sociaux, le secteur privé et l’ensemble des populations à la vigilance.
Réuni dans un contexte de tension politique persistante, le Secrétariat exécutif national (Sen) de l’Alliance pour la République (Apr) a rendu publique ce 31 juillet 2025 une déclaration d’une rare virulence. À travers ce texte, le parti d’opposition dresse un réquisitoire contre le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye, pointe une dérive autoritaire et annonce une série d’initiatives pour la libération de ses cadres poursuivis ou emprisonnés.
Une opposition qui prend la rue
Première salve : la mobilisation citoyenne. Le Sen salue avec emphase les rassemblements «exceptionnels» organisés à Ourossogui, Saint-Louis et Agnam, au cours desquels des «centaines de milliers de personnes» ont, selon l’Apr, exigé la libération de Farba Ngom. Le parti annonce par ailleurs une Assemblée générale de sa section féminine à Dakar le 2 août, ciblant la même revendication : la libération des figures du régime précédent – Mansour Faye, Lat Diop, Moustapha Diop, Abdoulaye Ndiaye – ainsi que la levée des mesures de contrôle judiciaire ou de surveillance électronique contre d’autres anciens ministres comme Ismaïla Madior Fall, Aïssatou Sophie Gladima ou encore Salimata Diop Dieng. Des actions qui s’inscrivent dans une stratégie de mobilisation publique visant à transformer la dénonciation judiciaire en combat politique.
Un régime «sans cap», selon l’Apr
Dans la même déclaration, l’Apr attaque frontalement la gouvernance du Président Diomaye Faye, décrite comme «immobile», «stérile» et «sans vision». Le Sen dénonce une succession de plans et programmes – Projet, Vision 2050, Plan de redressement, Déclaration de politique générale – qui, à ses yeux, traduisent une errance stratégique : «une absence de cap et un déficit grave de vision du développement».
Le parti accuse l’exécutif d’improviser et de multiplier les effets d’annonce sans réelle cohérence. Dans un ton alarmiste, l’Apr appelle les travailleurs, les partenaires sociaux et le secteur privé à «la vigilance», brandissant le spectre d’un échec économique programmé. «On note un manque de cohérence et une difficulté à articuler un horizon clair et cohérent. Avec ce Plan de redressement, le Sen appelle les travailleurs, les partenaires sociaux, le secteur privé et l’ensemble des populations à la vigilance», note le communiqué.
Retour sur les événements 2021-2024 : l’amnistie en procès
Autre point: les suites judiciaires données aux violences politiques des années 2021 à 2024. Le garde des Sceaux, sous l’impulsion du Président Diomaye, a récemment annoncé des poursuites visant les responsables présumés d’actes de répression, malgré l’existence d’une loi d’amnistie votée sous Macky Sall en mars 2024. L’Apr rappelle au pouvoir son engagement initial d’abroger cette loi et avertit contre toute «justice des vainqueurs».
Le parti prévient : toute tentative de cibler uniquement les responsables de l’ancien régime relèverait d’un règlement de comptes. En creux, l’Apr cherche ici à retourner l’accusation d’impunité contre un gouvernement qui promettait la « reddition des comptes » mais pourrait être tenté de faire abstraction des violences commises par ses propres soutiens lors de la longue séquence de contestation de 2021 à 2023.
Sidy Djimby NDAO